jeudi, 15 novembre 2012
Papy et grand-mères d'alors...
Hier, comme prévu, Merveille est allée au Jardin des Plantes.
Hier, comme pas prévu du tout, pas de Grande Galerie de l’Evolution. Je dois avouer à ma grande honte que si Heure-Bleue et Manou n’avaient pas été là, j’aurais attendu que personne ne regarde et j’aurais giflé Merveille.
A ceux qui l’auraient vue en larmes, j’aurais expliqué d’un air désolé qu’elle était tombée dans l’allée.
C’est un peu ma faute aussi, quelle idée de passer par l’allée Cuvier. J’aurais dû me rappeler qu’elle menait aussi à la ménagerie…
Et que les ménageries sont des aimants à gosses, un peu comme certaines notes d’Heure-Bleue sont des aimants à couillon.
Et pourquoi, en cette période de l’année, la Grande Galerie de l’Evolution a la préférence du Goût ? Parce que le-Goût, lectrices chéries, est frileux comme un chat et que cette galerie est non seulement chauffée mais qu’on y est à l’abri du vent.
J’ai réussi néanmoins à échapper à la bise quelques minutes. Mais seulement parce que Merveille a été par moment sensible au vent glacial sur son petit cou qu’elle maintient malgré tout découvert.
Bon, je la comprend, elle a un très joli cou et tient absolument à ce que les gamins qu’elle croise le voient…
Elle m’a demandé, des renseignements devant chaque cage car Heure-Bleue et Manou ne lui semblaient pas à la hauteur en matière d’explications zoologiques.
Si petite et déjà machiste, on se demande après pourquoi les hommes restent si nunuches et persuadés de leur supériorité…
Merveille est incapable de me laisser tranquille, même quand elle m’a demandé, devant l’enclos de l’émeu
- elle est bizarre l’autruche, papy, pourquoi elle est comme ça ?
- Parce que ce n’est pas une autruche, c’est un émeu.
- Et pourquoi ça s’appelle un émeu ?
- Parce que c’est émouvant…
- Je pourrai le dire à la maîtresse demain ?
- Euh… Non…Vaut mieux pas…
- Tu me dis encore des bêtises, pfff, tu es quand même un drôle de papy, ça va être un problème, nous deux…
Et elle rit. J’adore quand elle rit, j’en profite pendant que la petite souris n’a pas encore besoin de passer.
D’abord parce qu’un sourire « brèche-dent » est moins séduisant et puis parce que, d’expérience, cette affaire de souris est encore un truc qui coûte un œil.
Merveille est quand même une enfant très au fait des problèmes de maintien de la diversité biologique et des façons de la respecter – j’avais pu la voir à l’entraînement dans un carrosse au manège du Jardin d’Acclimatation la semaine dernière-.
Au Jardin des Plantes, par exemple, elle s’est bien gardée de faire le rapprochement entre certains manteaux et le « léopard noir ou « la panthère blanche de la Chine du Nord »…
Puis, comme souvent lorsque le temps passe, Merveille s’est découvert, selon ses propres termes, « une petite faim ».
Nous pensions naïvement que Merveille voudrait un pain au chocolat quelconque mais non…
Nous avons fini dans un McDo, gelés comme les relations USA-Corée du Nord.
Elle devant un « cheese burger », Heure-Bleue et Manou devant un « p’tit wrap » tandis que votre serviteur se contentait, d’un « sundae ».
Enfin, j’étais heureux d’être à l’abri du froid.
Mais pas de Merveille, on ne peut tout avoir…
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14:55 | Commentaires (17)
mardi, 13 novembre 2012
Romantisme automnal, quand tu nous tiens…
L’amour, contrairement à une idée répandue par des ignares qui ne lisent que des romans-photo, est un tourment.
Un véritable tourment.
Non, il n’y a pas que cette question de Baudelaire se demandant avec le talent qu’on lui connaît « est-ce la respiration de l’âme ou quatre jambons suspendus à un même clou ? »
James Joyce n’avait pas plus raison qui disait « l’amour, qu’est-ce ? Un bouchon, une bouteille, le reste n’est que littérature !»
Théophile Gautier n’a pas non plus écrit que « Bonheur parfait », on lui doit heureusement cette merveille qu’est « La chanson du pêcheur » sinon on ne citerait Gautier que devant les comptoirs après quelques « p’tites Côtes » de trop.
Cela dit, ces célèbres poètes ont aussi commis quelques aphorismes qui montrent que Pierre Dac avait raison qui disait « La cravate est un accessoire permettant d'indiquer la direction du cerveau de l’homme. »
Ces cadors de la poésie française, pour expérimentés qu’ils fussent n’avaient pas tout vu de ses pièges.
Pour être honnête, je pense surtout qu’ils avaient le feu au c… et qu’ils utilisaient un talent de baratineur éprouvé pour amener chez eux toutes celles qui voudraient bien s’y laisser prendre –« s’y laisser prendre » joli double sens, non ?-
En fait, pas du tout, l’amour n’est pas que cela –même si c’est beaucoup ça aussi, faut pas déc.-
S’il n’y avait que les paumes moites, les joues qui brûlent, le cœur qui cogne, le jugement obscurci, le discernement absent, les mains qui tremblent, cette boule dans le ventre, mais non.
Ça c’est le tout-venant de l’amoureux peu au fait de ce qui l’attend vraiment.
Ça ne suffit pas, il y a les pièges.
Le piège habituel de l’incompréhension, du désir à contretemps, de la mauvaise interprétation d’un regard ou d’un geste.
Et quelle que soit la durée de la passion qui vous lie à l’autre, vous sautez toujours à pieds joints dans des chausse-trappes si joliment tendues que ce serait une faute de goût que les éviter.
Et toujours de bonne foi.
J’ai justement un exemple récent, la touche de vécu qui donne du corps à la démonstration.
Quel est le malheureux homme qui n’a pas été induit en erreur par une invite mal comprise ?
Celle d’Heure-Bleue par exemple qui, un matin récent, me prit par la main, me dit « viens » d’une voix douce –étonnamment douce d'ailleurs pour qui connaît Heure-Bleue du matin, j'aurais dû me méfier...- .
Elle m’entraîne jusqu’à la chambre d’un pas décidé.
D’un seul coup d’un seul, me voilà réveillé, le romantisme automnal amenant un réveil printanier des sens de votre serviteur, sens jusque là engourdis par les premiers froids.
Toujours me tenant par la main, elle m’amène jusqu’au lit, me regarde avec ce que je crois, naïf que je suis, être de l’amour –oui, elle est myope et ça donne une douceur trompeuse à son regard-.
Elle retire brutalement le couvre-lit devant un Goût-des-autres plein d’espoir.
Et hélas, me dit, nettement plus sèchement cette fois-ci, « tu as vu ? Tu as mis les oreillers « en cafouillon » ! Tu pourrais quand même faire attention ! »
Il est vrai que votre serviteur se fiche complètement de la consistance des oreillers, les siens finissent souvent par terre au matin. Du moment qu’ils sont en quantité égale à chaque place, c’est bien.
Heure-Bleue, elle, met un soin jaloux à en choisir la douceur, l’ordre dans lequel ils seront empilés, les couleurs de taies appariées, etc.
Bref, une perte de temps.
L’amour est un tourment vous dis-je.
Et plein de pièges en plus…
08:35 | Commentaires (15)
lundi, 12 novembre 2012
Coup de foudre.
Le Palais de la Découverte a toujours eu pour moi un attrait certain.
Ce qui n’allait pas parfois sans quelques désagréments.
Ma dernière visite date d’assez longtemps mais je compte bien y retourner, Berthoise m’ayant donné l’envie de l’exposition en cours.
Exposition pas très éloignée de mon domaine d’étude d’élection.
Et justement, à propos d’étude, il me revient en mémoire une expérience en ce Grand Palais.
Dans les semaines précédentes, j’avais eu deux fois de la chance dans la même journée.
D’abord intéresser une fille qui avait attiré mon attention –pas la peine donc que je vous la décrive, je suis un garçon d’habitudes, vous avez donc une idée précise du modèle…-, ensuite que cette fille s’intéressât elle-même aux sciences physiques.
Nous convînmes d’occuper un jeudi à venir à autre chose que des promenades gourmandes en kilomètres, dispendieuses en cafés, sans compter l’usure de la muqueuse labiale.
L’un comme l’autre relevant difficilement d’expériences malheureuses pour un palpitant déjà malmené par une curiosité insatiable, l’idée d’un peu de calme et d’un jeudi studieux nous parut saine.
Le chagrin d’amour nécessitant un repos total de l’appareil affectif nous contraignait alors à une diète affective qui était parfois difficile à mettre en œuvre.
A l’époque, dès l’entrée du département de physique du Palais de la Découverte, une pancarte pendue à bonne hauteur et de taille imposante nous renseignait sur un détail dont nous eussions dû nous préoccuper.
®
E = [1/(4.π.ε0)] .[(q1.q2)/d2]
Nous eussions dû prêter un peu plus d’attention à cette pancarte.
Nous allions apprendre « de tactu » de quoi il retournait exactement.
Depuis de nombreuses années, l’expérience visant à nous montrer que monsieur Faraday connaissait son boulot sur le bout du doigt faisait fureur.
On y voyait des gens –surtout des gamins, prêts à tout pour montrer que la testostérone n’est pas un truc de farceur- monter sur une estrade. Un physicien officiait, et un générateur de haute tension faisait dresser les cheveux sur la tête des cobayes.
Un des problèmes de la très haute tension, c’est, d’expérience et feue ma mère, victime de la chose pendant mes années estudiantines vous l’aurait dit, que « ça en fout partout », autrement dit que vous engendrez des charges qui ne demandent qu’à s’écouler dès que l’occasion se présente et que le chemin en est propice.
Pour vous décrire l’effet que ça peut avoir sur vous et votre petite camarade, rappelez-vous seulement l’effet que ça fait de serrer la main de quelqu’un qui vient de marcher longuement sur de la moquette avec des tennis.
Rappelez-vous cette sensation délicieuse d’avoir mis les doigts dans la prise et la secousse qui vous agita dès que vous le touchâtes.
Maintenant, imaginez votre serviteur, debout derrière sa camarade, elle-même légèrement inquiète de ce déferlement de feux de Saint-Elme dans quasiment toute la pièce.
C’est dans ces moments cruciaux que l’on regrette de n’avoir pas prêté attention à la valeur du « vecteur champ électrique » si bien décrite à l’entrée…
Camarade se retourna, quémanda un bisou.
Votre serviteur, le jugement obscurci par de mauvaises pensées se pencha.
Et nous fîmes un bond qui nous aurait qualifiés d'emblée pour les Jeux Olympiques s’il avait été validé.
Donc, lectrices chéries, si vous allez visiter la « section électrostatique » du Palais de la Découverte, ne lâchez jamais la main de l’élu de votre cœur.
Vous risquez un coup de foudre...
07:10 | Commentaires (9)

