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samedi, 16 février 2013

Le rêve dont on sent l'aile qui nous effleure !

C’était bien beau tout ça, mais maintenant que nous avancions la rue Lafayette, il fallait trouver une idée pour demain.
Je lançai « Parc, musée, monument ou église ? »
- Je monterais bien en haut des tours de Notre-Dame, pas vous ?
Je me gardai bien de dire qu’avec elle je monterais en haut de l’Everest à cloche-pied et biaisai avant de lâcher une question qui se retournerait probablement contre moi.
- Et vos parents ? Ils seront d’accord ?
Elle rougit – mon dieu qu’elle était belle, comme ça- et avoua « En fait je ne suis pas obligée d’accompagner mes parents, je voulais juste voir ce que ça vous ferait… »
Je ne dis rien, me contentant d’admirer comme la gêne lui allait bien au teint…
Je lui jetai un regard genre « C’est pas beau du tout, je n’ai jamais raconté de carabistouilles de ma vie, moi »   Elle souffla « vous m’en voulez ? » et c’est là que j’aurais dû en profiter.
Pour une fois que j’avais un avantage moral, je n’osai même pas en faire usage, non mais quelle andouille !
Le plus hypocritement du monde je poussai un soupir à fendre l’âme d’un usurier et me tus. Au bout de quelques instants, je lui dis « Terriblement ! » d'un ton triste puis, gaîment « Treize heures en bas de chez vous ? »
Soulagés et bête comme on l’est à cet âge, notre pas est devenu plus vif.
Comme si demain allait venir plus vite si nous hâtions le pas !
Oui, l’évasion de jugeote frappe souvent les adolescents en manque de contact.
Nous papotions légèrement, détendus maintenant que nous savions nous voir le lendemain.
Arrivés à l’angle de la rue Lafayette et de la rue d’Hauteville, il était près de sept heures.
Cette fois-ci, elle me tendit sa joue sans hésitation et j’ai failli tomber à la renverse quand elle me posa un baiser sur chaque joue.
Je n’avais plus qu’à rentrer à la maison et rêver en attendant demain.
Vous avez déjà essayé, lectrices chéries de la génération « tout le monde a une  salle de bain », de vous laver les cheveux seules dans un logement dépourvu de salle de bain et de chauffe-eau ?
C’est infernal, il faut faire chauffer de l’eau, préparer une bassine d’eau qu’on croit tiède parce qu’on y a plongé une main et une casserole comme engin verseur, se mettre du shampooing sur la tête, se débrouiller les yeux fermés, s’ébouillanter parce que les doigts c’est pas top pour la température, puis se rincer, à l’eau froide bien sûr, et attraper une serviette pour s’essuyer.
C’est l’enfer…
Enfin, briqué comme un sou neuf, je mis mon Newman bleu-marine, une chemise blanche, jetai mon pull gris sur mes épaules et faillis partir.
J’avais oublié un détail affreux ! Rendre leur éclat à mes mocassins !
Je reposai le pull puis un souvenir récent m’incita à la prudence, aussi je retirai ma chemise.
Oui, déjà pas très discret sur un Newman vert,  imaginez du cirage rouge sur une chemise blanche… Surtout qu’à coup sûr, je ne m’en rendrais compte qu’une fois devant elle.
Pire, elle s’en rendrait compte la première.
Impeccable maintenant, je partis. Je n’avais même pas oublié les clefs à l’intérieur.
Alors que j’avais pris le métro et étais arrivé avec quelques minutes d’avance, elle m’attendait déjà, vêtue d’une mini-jupe bleu-marine et d’un chemisier blanc. Une vraie « petite fille modèle » avec ses mocassins rouges à pompons. Si je m’étais écouté, je l’aurais étreinte et embrassée mais je me contentai d’attendre.
Elle me sourit, je fondis.
Elle me tendit sa joue, je résistai à l’envie de croquer dedans.
Elle embrassa la mienne et prit mon bras.
Nous partîmes pour Notre-Dame d’un pas alerte.
Il n’y avait pas, en 1966, la foule monstrueuse qu’on y voit aujourd’hui, Notre-Dame était noire de crasse et attirait, encore pour quelques années, plus les fidèles que les curieux.
Nous prîmes nos tickets pour monter en haut des tours. Les millions de marches à monter n’effrayaient ni nos mollets –qu’elle avait fort jolis- ni nos éponges –qu’elle avait fort joliment habillées-.
Avec le mauvais esprit que vous me connaissez, je me suis dit, en la suivant, que si les règles de savoir-vivre exigent des hommes qu’ils soient devant les femmes lorsqu’elles descendent les escaliers, ce n’était certainement pas ce souci de leur sécurité qui leur commande d’être derrière elles lorsqu’elles les montent…
Mon éducation transforma donc cette montée en un voyage enchanteur.
Je compris aussi l’utilité réelle des rampes d’escalier. Ce fil d’Ariane évite de se vautrer quand l’attention est trop fortement attirée par autre chose que les degrés…
Le vent était assez fort en haut des tours et il y faisait plutôt frais, aussi quand je la vis s’étreindre et frissonner, en garçon bien élevé, je lui couvris les épaules de mon pull.
Elle me remercia d’un sourire, me prit le bras et se serra un peu contre mon flanc.
Par un mystérieux système de vases communicants, les degrés Celsius qui lui faisaient défaut me causaient quelque fièvre…

Commentaires

oh !!!!! pétard !!! j'en ai même entendu les violons !!!!!!!!!!!!!

Écrit par : maevina | samedi, 16 février 2013

Sourires.. et le cœur qui bat la chamade.......belle journée Amicalement

Écrit par : patriarch | samedi, 16 février 2013

et parfait gentleman avec çà !!!! Que d'émotions ; hein ?

Écrit par : emiliacelina | samedi, 16 février 2013

Se faire belle sans salle de bain , ni chauffe-eau , ni eau chaude , j'ai connu , avec de longs cheveux , alors , je comprends !

Écrit par : Brigitte | samedi, 16 février 2013

mais c'est pas vrai ça!!!! tu nous fais languir exprès?????????? pour les cheveux, j'ai eu le même problème mais c'est bien plus chiant pour les filles!!!!

Écrit par : mialjo | samedi, 16 février 2013

chabadabada.... (fort joliment écrit, un plaisir à lire !)

Écrit par : liliplume | samedi, 16 février 2013

Vous en êtes encore au Vous...A la vitesse où ça va, elle n'est pas encore dans ton lit, monsieur le goût...Je me marre....
ps : nous avons connu ça un bon bout de temps l'eau froide et la casserole d'eau à faire bouillir..Dire que maintenant, nous en sommes en 10 ans à notre 3e salle de bain changée...

Écrit par : juju | dimanche, 17 février 2013

Les commentaires sont fermés.