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jeudi, 28 février 2013

Psychanalyse des comptes de faits…

Hier j’ai passé un après-midi agréable.
Je sais bien, lectrices chéries que vous n’en avez rien à cirer mais j’aime bien digresser sur des informations sans intérêt.
En plus, je sais qu’à me lire vous vous direz « aaahhh… Le Goût à écrit ! Qu’est-ce qu’il a encore fait ! Si tout se passe bien, Heure-Bleue va se précipiter pour le gifler, depuis le temps qu’on attend ça ! »
Eh bien non. Je suis simplement allé chez une copine de forum qui a quelques problèmes avec une chaîne haute-fidélité qui lui a été refilée par un autre audiophile et lui a coûté un œil pour avoir la qualité sonore d’un Teppaz de 1962. Oui, ceux avec un petit haut-parleur dans le couvercle, ceux qui vous flinguaient un 45T , même pas EP en cinq passages.
Il faut vous dire que l’audiophile est une espèce bizarre, toujours à la recherche d’une perfection illusoire, généralement un mâle tendance caractériel, se gargarisant de termes techniques empruntés à la physique, termes d’autant plus ronflants qu’ils sont éloignés de son domaine de connaissance et supportant d’autant moins la contradiction qu'elle est proférée par quelqu'un dont la physique est le métier et sait donc de quoi il parle. Bref, l'audiophile est une engeance bizarre.
La copine en question, qui commence à me connaître, sait qu’il faut m’attendre au troisième étage, faute du souffle qui me permettrait d’atteindre le quatrième étage sans escale.
(Je ne pourrais tromper Heure-Bleue qu'avec quelqu'un qui habite au rez-de-chaussée...)
Elle sait aussi qu’il lui faudra se ruer à la cuisine pour faire du café.
Tasse en main, elle me fit écouter les « améliorations » concoctées par celui qui l’a conseillée et par celui qui lui a vendu le bouzin.
C’est effectivement moins pénible que la fois précédente, « mais bon… » comme dirait un vrai diplomate…
C’est moins pénible, jusqu’à ce que, fière, elle brandisse un enregistrement de Maria Callas interprétant Carmen. Un enregistrement connu où Carmen est dirigé par Georges Prêtre. Et c’est là que ça se gâte.
C’est là que j’ai l’oreille déchirée par une Callas chantant « chur les remfarts de Chéviiiiillleee, chez mon ami lilach pachtia, jirai dancher la chéguedille et voire du manjanillaaa ».
Je n’y crois pas mais quand même je ne peux m’empêcher de dire « Mon dieu ! »
Et la, copine :
- Quoi ? Ça va pas ?
- Ben euh…
- Allez, dis moi quoi !
- Ben, dans mon souvenir, elle n’était pas enrhumée et n’avait pas de claquoir…
- Attends, je le remets.
Re-rhume et re-claquoir…
- Je crois franchement qu’avec ce truc tu t’es fait b…avoir.
- C’est quoi bavoir ?
- Je me suis rappelé au dernier moment qu’on ne dit pas « tu t’es fait baiser » à une femme qu’on connaît depuis un mois, on lui dit « tu t’es fait avoir ».
- Bref, c’est pas encore ça !
- Ben non ma grande…
Alors, après ça, on a bu le café et on est parti à une expo à Montmartre où un de ses copains montrait ses « créations ». Là, je n’ai rien dit. Du moins sur les œuvres. J’ai vu là-bas un certain nombre de gens que je connaissais sous leur pseudonyme, audiophiles fréquentant assidûment deux fora. Le forum qui m’accueille et l’autre, celui dont on bannit les ingénieurs, ces andouilles qui empêchent de raconter des âneries en rond. En fait c’était assez sympa, j’ai fait la connaissance d’une dame qui passait là par hasard, une dame qui connaît le lycée Jacques Decour et a usé ses jupes sur les bancs du lycée Jules Ferry. Bref quelqu’un qui n’avait rien à voir avec la hi-fi et qui gagne sa croûte en écrivant des bouquins et des scénarii. Ça repose…
Avouez, lectrices chéries, que ça valait le coup de poireauter deux jours pour lire ce tas de platitudes, non ?

mardi, 26 février 2013

Bonheur parfait.

Dites-moi, lectrices chéries, avez-vous remarqué que votre goût adoré, pour cette histoire s’est cassé la nénette ?
Une d’entre vous a-t-elle songé à chercher d’où sortaient les titres de ces notes qui étaient ravissantes avant de sombrer dans le sirop ?
Hmmm ? Qui ?
Ah, franchement, c’est bien la peine que les profs de français se soient usé la patience et la reliure de MM Lagarde & Michard !
Finalement j’aurais dû clore cette histoire par un de ces délicieux petits poèmes dont Théophile Gautier avait le secret.
Un de ces poèmes que vous ne trouverez ni dans « Vers & Prose » ni dans le « Lagarde & Michard ».
Vous les trouverez plus sûrement chez « l’Archange Minotaure ».
Cet éditeur fouille, sans trêve ni relâche, d’un doigt curieux mais délicat, toujours à l’affût de sensations nouvelles, posant un regard indiscret sur ce que d’habitude on cache, en appréciant la saveur, nous en donnant le goût.

À quoi pensiez-vous donc ? Hmmm ?

Voyons, lectrices chéries, ce que l’Archange Minotaure fouille de ce doigt curieux, c'est la littérature.
Je pensais justement, délicat comme vous me connaissez, à un petit poème qui s’appelle justement « Bonheur parfait ».

Mab ! Ne montre pas ce billet aux garçons !
Tu vas leur donner des idées fausses…
Parle leur plutôt de celui qui a écrit

Puis tu te sentiras la joue égratignée...
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou...

Et tu me diras: "Cherche!" en inclinant la tête,
Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
Qui voyage beaucoup...

 

lundi, 25 février 2013

Itinéraire d'un enfant gâteux...

J’avais commencé hier à écrire la conclusion de mon historiette quand mon clavier s’est englué dans la guimauve.
Même moi je me suis fait rire, c’est dire ! Alors j’ai décidé de laisser tomber avant de vous avoir torché une page de mélo faite d’un savant mélange de Max du Veuzit et de Marc Lévy et j’ai nettoyé mon clavier.
Imaginez un peu, après m’être fait serrer par Dulcinée –ce qui avait passablement agacé Heure-Bleue- je me sentais mal à l’idée d’être assailli de mails envoyés par la maison Harlequin qui, j’en suis sûr, m’aurait tiré de la retraite et de la misère à grands coups de chèques à cinq zéros.
Ne riez pas ! Quand vous avez entendu la publicité de la MA..UT avec ses deux zozos ou celle du fromage Ossau-Iraty avec le nullos et la bécasse, vous paniquez à l’idée que la prime à la niaiserie et la nullité ne soit désormais la règle.
A moins que, persuadé qu’est le monde ces temps-ci que plus la qualité est basse moins c’est cher, on ne claque des fortunes en véritables m… en étant convaincu de faire des économies.
Il y a des limites à la honte, tout de même…
Cela dit, lectrices chéries, pour résumer, on a fini par se tutoyer.

dimanche, 24 février 2013

Car elle me comprend, et mon cœur transparent Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème

La semaine suivante, nous déambulions dans les allées des Tuileries quand elle m’entraîna près du petit bassin asséché par les allées désertes que je lui avais fait découvrir lors de notre visite au Louvre.
Une fois assis côte à côte elle posa sa tête sur mon épaule et soupira d’aise.
Toujours la tête sur mon épaule, mon bras entourant ses épaules, nous appréciions la douceur de l’après-midi en regardant le bassin vide. Elle semblait, l’air songeur, préoccupée malgré tout et, comme chaque fois que je la sentais s’éloigner, je sentis au cœur un pincement d’inquiétude. 
Au bout d’un moment, elle se redressa et me chuchota :
- J’ai déjà couché avec un garçon.
Comme j’étais sûr que ce n’était pas le soixante-seizième de l’année et que je m’attendais à une nouvelle autrement fracassante, genre « mais comment j’ai pu penser être amoureuse d’un type comme vous !? », je fus immédiatement soulagé…
- Moi aussi. Enfin non, moi c’était avec une fille, et alors ?
- Vous m’en voulez ?
Elle me regardait avec cet air qui lui allait si bien, les sourcils relevés près de l’arête du nez, les yeux un peu inquiets, la bouche entrouverte.
Quand elle me regardait comme ça je devenais aboulique.
Je gardai le silence un moment, non pour l’inquiéter mais parce que je me rappelai avoir causé de ce genre de chose avec mon père un jour où il était disposé à ça. Il en avait retiré une information dont il me fit profiter et qui se trouvait justement répondre à l’inquiétude de ma petite camarade fendilleuse de « pierre de cœur ».
Mon père avait beau être, génération et « pied-noiritude » obligent, très pudibond, il avait épousé ma mère qui était une jeune veuve de guerre et ce qu’il avait vu et vécu pendant cette guerre avait fortement relativisé ses vues sur la notion « virgo intacta », très en vogue,  surtout  chez les Méditerranéens, jusqu’au « Manifeste des 343 salopes » qui est devenu, « politiquement correct » oblige, le « Manifeste des 343 »…
Inquiète de mon silence, mon élue insista :
- Alors ? Dites-moi… Vous m’en voulez ?
- Pas du tout ! Être « le premier » est à la portée du premier négociateur un peu habile. Être le dernier est une autre affaire.
- Vous avez trouvé ça tout seul ou vous l’avez lu ?
- Non, c’est mon père qui me l’a expliqué, il a traversé la vie moins aisément que nous.
Et j’ajoutai, histoire de titiller « En plus, lui aussi on l’a souvent pris pour un Arabe… »
Elle me donna un coup de coude. Puis un baiser. Après un silence, elle ajouta « je me suis fait avoir  ce jour là… »
Je souris en lui disant « c’est bien le mot… » puis, la voyant froncer les sourcils « allons, vous savez bien que la virginité est un état passager ».
Ce à quoi elle répondit le plus sérieusement du monde et assez vivement « Mais ce n’est pas si vrai ! N’allez surtout pas croire que parce qu’on n’est plus vierge, « le faire » n’est pas important ou sans signification. »
C’est là qu’elle m’a donné sous le coup de l’émotion et sans le faire exprès une information de la plus grande importance.
« Elle », venait de me faire comprendre que les filles redevenaient vierges à chaque nouvel amour.
Je réfléchis un instant lui dis « Je me demande s’il n’y a pas que les garçons pour se préoccuper de cet aspect et que ce qui importe aux filles, c’est bien autre chose. »
Que je n’ai toujours pas découvert, ça doit être interdit aux garçons…
Elle me jeta ce regard que j’avais déjà vu dans l’œil d’un prof quand il manque tomber de sa chaise parce que, de façon impromptue, un cancre vient de comprendre quelque chose.
Ça lui a fait peu comme mon prof d’Histoire quand il surprenait un éclair d’attention chez moi.
Apparemment soulagée, elle se blottit un peu plus contre moi.
Si, si, c’était possible, essayez vous verrez, c’est toujours possible, d’ailleurs nous y sommes parvenus…
Et il a bien fallu, hélas, que nous rentrions, elle chez ses parents, moi à la maison.

samedi, 23 février 2013

Nos deux âmes jumelles, Ensemble ouvrant les ailes,

Plusieurs jours passèrent dans  une ambiance oscillant entre merveilleuse et paradisiaque et un après-midi, serrés l’un contre l’autre sur un des bancs du square qui fait face au Théâtre de la Gaîté Lyrique, elle me parlait doucement.
Oui, elle parlait toujours doucement et oui nous parlions aussi…
A un moment, elle me dit « emmenez moi dans votre quartier, montrez-moi où vous habitez, vous voulez bien ? ».
- Ce n’est pas aussi reluisant que votre quartier, vous savez, vous y tenez vraiment ?
- Oui, j’aime l’idée de savoir où vous êtes quand je ne suis pas près de vous.
Nous nous sommes alors levés et nous sommes partis pour une contrée qui ressemblait à Beyrouth dans les années soixante-dix…
Nous voilà donc, marchant en direction du XVIIIème et, parvenus au croisement du boulevard Magenta et de la rue Lafayette,  avons parcouru tous deux les trois boulevards que j’avais empruntés seul tout à l’heure.
Dès que nous atteignîmes la station Barbès-Rochechouart, elle sentit le changement de quartier.
Il en va de Paris comme des toutes les grandes villes du monde où il suffit souvent de franchir une rue pour changer totalement d’univers. Plus tard, au cours de mes pérégrinations, je suis souvent passé d’un quartier huppé à un quartier où le type que vous croisez sait au premier regard combien il va tirer de vos chaussures et de votre veste.
« Elle », eut l’air inquiet tout le long du boulevard Barbès, entre les stations Barbès-Rochechouart et Château-Rouge. Quand nous avons traversé la rue de la Goutte d’Or,  elle se cramponna fermement à mon bras et agrippait son petit sac à main contre sa poitrine, comme si nous étions assiégés par une armée de bandits. Elle m’attira vers elle pour me chuchoter à l’oreille qu’elle se sentait mal à l’aise et même avait un peu peur.  Bien qu’elle se rassérénât un peu quand elle vit que je m’y sentais à l’aise, j’allongeai le pas et nous entraînai sur le trottoir en face, moins populeux.
Plus nous approchions du métro Simplon, plus j’étais gêné. La proximité des « voyous de la Porte de Clignancourt » sans doute. Les voix devenaient plus fortes, les tenues plus débraillées et les immeubles plus lépreux. C’était un quartier ouvrier où le rasage hebdomadaire était la norme.
Ça donnait à beaucoup un air peu engageant et à certains un air franchement patibulaire. Je la rassurai en lui disant que le quartier n’était « que » pauvre, et « pauvre » ne veut pas dire « dangereux ».
Je me gardai bien de dire toute la vérité, qui était plutôt « pauvre ne veut pas toujours dire dangereux mais il vaut mieux faire attention ».
Je l’emmenais à l’entrée du passage où j’habitais et quand je lui montrai le « bougnat » du rez-de-chaussée, elle se serra contre moi et ne voulut pas aller plus loin.
Elle rit quand je lui racontai que la femme de monsieur « Bois et Charbons » était tombée dans les pommes quand elle avait ouvert sa porte et m’avait découvert sur le seuil, la figure en sang, ce jour funeste du lancement raté du véhicule interstellaire dont la portée n’excéda pas l’hôpital Bichat où il m’envoya pour deux mois et demi.
Elle se rappela d’un coup que j’étais la victime –pas vraiment innocente- et m’embrassa après m’avoir dit « Oh ! Je suis désolée ! » d’un ton qui montrait parfaitement qu’il n’en n’était rien.
Mais bon, elle était très bien élevée…
Nous sommes repartis vers des quartiers pas forcément plus cléments mais en tout cas moins miséreux.
J’avais peur maintenant qu’avoir vu dans quel endroit je vivais « ne portât un coup fatal à un amour qui ne demandait qu’à se transformer en passion dévorante » me disais-je car, à l’époque déjà, je ne reculais devant aucun cliché et la grandiloquence mal à propos ne me faisait pas peur.
Du coup, ce fut moi qui la serrai contre moi, tandis qu’on s’approchait de la rue d’Hauteville, quartier où le rasage quotidien était la règle.
On eut dit que je voulais me l’approprier. Idiot…
Elle dût le sentir car elle leva le visage vers moi et me sourit, l’air de dire « Il n’y a pas de raison que ce soit toujours la même qui soit inquiète… »