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mardi, 07 mai 2013

Les alluvions de la mère morte… (suite)

Hormis le plan culinaire, il y avait d’autres aspects qu’elle réussissait à pourrir avec un talent remarquable.
Je vous ai déjà parlé, lectrices chéries, de la vêture imposée à son fils chéri par l’auteur de mes jours.
Ma mère ne s’arrêtant pas là dans son entreprise de démolition, si ce n’est de ma personnalité, du moins de mon indépendance d’esprit, elle persista dans d’autres détails de ma mise.
Si, si, rappelez-vous cette histoire de veste, veste choisie avec un soin jaloux pour m’en faire ramasser un maximum dans mes tentatives de nouer des relations que je souhaitais aussi affectueuses que possible.
Tentative avortée grâce à un match de foot. Ceux qui me connaissent  sont perplexes à cette révélation.
Qu’ils se rassurent, il n’avait pour but que de ruiner la fameuse veste et il y parvint aisément.
Il y avait en outre dans sa panoplie un élément « incontournable » comme disent les experts « ès fashion » de Elle.

Et de quel élément s’agit-il ? D’une couleur. Plus exactement d’une teinte.
Ma mère avait déjà un goût marqué pour ce qu’elle appelait le « vert bronze ».
Je vous en ai déjà parlé, lectrices chéries, mais pour économiser plus de cent €uros de psy, je vous en reparle.
Ce goût malheureusement tenace était entaché chez elle d’un probable défaut qu’un ophtalmologiste aurait appelé « distorsion chromatique ».
Ce qu’elle pensait être  « vert bronze » était en fait une sorte de « caca d’oie métallisé »…
Ça n’aurait pas été bien grave si elle n’avait été persuadée d’être en outre une fée du tricot.
Et c’est là que la conjonction de ces deux erreurs d’appréciation amena ma mère à des extrémités effrayantes. Moi qui, depuis presque toujours, avait un goût affirmé pour ce que j’appris plus tard être le « vert Empire » et le « rouge Hermès », je me vis dès l’école maternelle forcé de porter d’horribles pull-overs « vert bronze modifié maman 1952 ».
J’avais beau les « perdre », ma mère était persuadée qu’on les avait volés à son fils chéri, qu’ils étaient devenus l’objet des convoitises les plus viles, courantes en milieu scolaire.
« Ce n’est rien mon chéri » me câlinait-elle.
C'était une vraie mère, elle était indigne mais câlinait et talochait beaucoup.
Et elle m’en tricotait un autre…
Le modèle en était, malgré quelques variations toujours discutables, immuable, descendant au nombril devant, malheureusement à mi hauteur de poitrine derrière. Ou l’inverse, c’est selon l’humeur au moment de la réalisation et de l’attention prêtée au nombre de mailles ou de rangs. Superbe pull-over, toujours surmonté d’un col « dégueulant » plutôt que du « col roulé » prévu par la tricoteuse.
Les plus anciens d’entre vous -les femmes, par je ne sais quel miracle de la nature ne sont jamais anciennes, les hommes deviennent vieux, elles, c’est à peine si elle mûrissent- se rappelleront avec émotion ces « paletots » tricotés avec plus d’amour que de talent et surtout retricotés dix fois avec des laines détricotées cent fois qui font que le tricot ne peut avoir aucune tenue ni, quand par hasard il en a, la conserver plus de quelques minutes.
Eh bien, imaginez-vous un pull de ce genre, tel que décrit plus haut, à bonne longueur devant, trop court derrière, parfois l’inverse.
Toujours avec des manches arrivant soit à mi-avant-bras, soit à mi-mains, parfois les deux sur le même pull-over.
Et, toujours et encore ce « vert bronze » douteux !
Ces pull-overs avaient tous un avantage économique évident qui eût dû en limiter la production à un seul exemplaire dès l’entrée à l’école maternelle et m’emmener jusqu’au service militaire.
Au bout de quelque temps, assez peu en fait, ils grandissaient. Oui, j’ai bien dit, ils grandissaient, pas « ils s’allongeaient » ni « ils s’élargissaient », non.
Par un miracle dont j’ignore l’instigateur, leurs dimensions croissaient dans toutes les directions, exceptée l’épaisseur.
Et ces pull-overs grandissaient bien plus vite que le porteur qui, du coup voyait se transformer un pull-over épais et mal fichu en une robe mince mais toujours mal fichue.
Le truc « dégueulant » qui vous arrive à mi-cuisse au bout d’une semaine.
Vous commencez à entrevoir la géhenne dans laquelle l’amour maternel m’aurait plongé jusqu’à mes quinze printemps  si je n'avais « perdu » régulièrement ces pulls bizarres.
Un véritable aimant à quolibets, mais attention, aimant entièrement fait maison.
Après, comme je me fichais et me fiche encore de ma mise mais dans certaines limites tout de même, je jetais sans trop d’états d’âme, oubliais dans le métro, le bus ou à la fac, les pull-overs toujours « volés, j’en suis sûre, par des jaloux mon chéri, je vais t’en refaire un »…
Malgré tout, à y regarder de plus près, je m’en suis plutôt moins mal tiré que mes sœurs qui se sont vues, presque jusqu’à la fin de leur scolarité, affublées de blouses taillées dans les chemises de l’aînée pour la cadette, la benjamine devant porter celles de la cadette, retournées et rebâties.
Il faut dire que quelques années de détention chez des cinqlés où on jouait « struggle for life » à chaque récré vous rend résistant et résilient...
Heure-Bleue prétend que les maillots de corps tricotés par sa grand-mère étaient bien pires.
J’en doute mais elle vous en parlera bien mieux que moi.
Mais pas tout de suite, on a des cartons à remplir...

 

Commentaires

Attends, tu me fais peur, là. Je suis atteinte d'un amour pour les couleurs que ma famille qualifie de bizarre ( l'amour, pas les couleurs...quoique).
J'aime quand ça flashe. Crois-tu que comme ta mère je souffre de distorsion chromatique ?
Je vais creuser le truc.

Écrit par : berthoise | mardi, 07 mai 2013

est-ce qu'ils piquaient tes pulls? Les miens horriblement! Et je devais porter une des paires de chaussures dont les talons claquaient à faire pâlir un escadron de ss en furie. Escarpins dontma Mère avait eu un stock je ne sais où mais que j'ai portés 5 ans durant à toutes les tailles de mes pauvres petits petons......

Écrit par : Mme Farfa | mardi, 07 mai 2013

le Goût ! tu charries ! Je suis sûre que tu exagères! Mais ,le pire, c'est que j'imagine très bien un tel pull! sans cesse renouvelé !

Écrit par : emiliacelina | mardi, 07 mai 2013

mais tu nous fais un copié -collé d'une précédente note là ! Je sais bien que tu as des cartons à faire, mais quand même !

Écrit par : lili plume | mardi, 07 mai 2013

Je crois bien que Lili a raison mais bon je comprends!

Écrit par : mab | mercredi, 08 mai 2013

Mais oui mes chéries, seulement cette tentative de démolition avait sa place ici.
Rassurez-vous, le pire reste à venir.
Je fais des économies de psy pour payer le déménageur...

Écrit par : le-gout-des-autres | mercredi, 08 mai 2013

tu as une façon d'écrire...mais une façon d'écrire...!
à vous dégoûter de tricoter quoi que ce soit de "créatif" ;-)))

Écrit par : Coumarine | mercredi, 08 mai 2013

Ta mère n'a pas osé se séparer de son fils chéri et t'envoyer aux Enfants de troupe mais elle se rattrapait avec le caca d'oie !

Attention, LeGoût, les séances psy sont payantes et peut-être plus chères que le déménageur ; les lectrices ne se feront pas avoir !

Écrit par : lakevio | mercredi, 08 mai 2013

J'avais ume maman qui tricotait - et tricote toujours - des laines dont je pouvais tester la douceur et la chaleur... et dont je pouvais choisir la couleur. Moi j'aimais le bordeaux!

Écrit par : livfourmi | jeudi, 09 mai 2013

Ahlàlà, les souvenirs!!
Me rappelle aussi des pulls tricotés qui arrivaient a mi - cuisse, l'allure d'un sac de patates qu'ils avaient.... La honte....

Écrit par : Rubynessa | samedi, 11 mai 2013

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