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lundi, 06 mai 2013

Les alluvions de la mère morte…

Qui ne sont pas à confondre avec le limon fertile d’Abyssinie qui nous a pourri la vie en sixième. Mais si ! Rappelez-vous ces cours d’Histoire qui portaient sur l’Antiquité.
On attendait des récits épiques rappelant le film « Les dix Commandements » mais je t’en fous ! On avait droit à « La Mésopotamie, dont le nom signifie ˮentre deux fleuvesˮ  est le pays de Babylone, dont les jardins suspendus sont une des sept merveilles du monde ».
Non, lectrices chéries, je ne vous demanderai pas quelles sont les six autres.
Bref on s’ennuyait ferme pendant ces cours.
Ce n’est pas de ça que je voulais vous parler mais ma propension à la digression me fait dévier de mon chemin. C’est l’effet de la retraite sans doute. Avant, quand je devais justifier les sommes monstrueuses que je faisais claquer à mon patron, je n’avais pas le temps et lui encore moins de digresser, je devais juste être convaincant et concis.
Le plus concis et précis possible, de façon à avoir le temps de m’enfuir de son bureau avant d’entendre la longue litanie au sujet de ce que je lui coûtais.
Maintenant, à passer tout mon temps avec Heure-Bleue, je finis par faire comme elle.
Et ce n’est pas ce qui était prévu dans mon esprit fatigué. J’espérais que ma moitié préférée se mettrait à parler de façon concise, précise et tout.
Mais non, c’est l’inverse qui arrive, je me mets à parler comme elle.
Et je ne la comprends toujours pas…
Elle a beau me dire « mais toutes les nanas me comprennent ! » je n’y arrive pas. Je me garde bien de faire une remarque du genre « elles ont du mérite… » qui déclencherait une guerre terrible.
Revenons-en à mon propos qui est quand même d'économiser des sous plutôt que les donner à un psy. Je voulais vous parler de ma mère. Celle qui fut persuadée de ma naissance à moi jusqu’à sa mort à elle que la seule personne que je pouvais, que dis-je devais aimer, c’était elle.
Une des problèmes justement, était qu’elle n’envisageait absolument pas que quelqu’un d’autre pût susciter chez moi l’amour dont elle seule estimait être digne.
Ça alla même assez loin. Outre les tentatives, parfois réussies, de tuer dans l’œuf des passions dignes d’être versifiées par Racine, elle m’a pourri la vie sur des tas d’autres plans.
A commencer par le plan culinaire. Non seulement c’était une vraie catastrophe dès qu’elle s’aventurait à cuisiner autre chose que de la soupe – ses pâtes étaient des monuments érigés à la gloire de la colle à papier-peint-  mais de plus, elle nous a, mes sœurs et moi, contraints à ignorer le goût du pain frais jusqu’à mon entrée dans l'adolescence.
Vous ne connaissez pas « le pain d’hier » ?
Aaahhh… Ce « Il en reste d’hier, il est encore bon », ce psaume maternel qui nous a condamnés au pain rassis pendent toute notre enfance et une bonne part de notre adolescence était souvent accompagné de son explication : Pour éviter disait-elle « les lourdeurs d'estomac quand on mange du pain frais ! Ca fait mal au ventre quand on mange du pain chaud ! ».
Elle nous envoyait chercher le pain « Et chez Galy, hein ! Pas chez Marion ! » et le surveillait comme le lait sur le feu.
A cette époque bénie où les enfants étaient presque sages, on ne se servait pas de pain entre les repas et il fallait le demander à table.
Tout manquement à la règle entraînant immanquablement une taloche, on y regardait à deux fois avant de piquer le croûton du pain. Il n'était pas question de baguette, ni même de « bâtard », non, seul le « pain parisien de 400 grammes » avait droit de cité, le pain d'ouvrier, celui qui se garde trois jours et finit en « pain perdu » et pas perdu pour tout le monde.
Du coup, pour nous assurer une digestion dans les règles de l'art, nous eûmes, mes sœurs et moi, droit à du « pain d'hier » de l'âge où l'on abandonne le sein jusqu'à l'âge où justement, à propos de seins...
A suivre…

Commentaires

La demande d'amour inconditionnelle de la mère, cette dette de vie, je l'ai retrouvé aussi dans un dessin d'une de mes petites élèves, dont la famille est juive. Elle a dessiné sa mère et elle, et elle a écrit sur son dessin"Maman je t'aime, merci de m'avoir donné la vie", eh bien j'ai ri et ça m' a fait pensé au Goût. Le dette de vie, pour toutes les mamans du monde aux symptômes de "la mère juive", est-elle éternelle ? A en croire ta note, on dirait bien que oui !

Écrit par : Rivka | lundi, 06 mai 2013

Oh oui, raconte-nous, le Goût!

Écrit par : livfourmi | lundi, 06 mai 2013

Je n'ai pas eu ce tracas : tout le monde faisait grise mine si on avait oublié d'aller chercher le pain du jour ! Mais il est vrai que mon grand-père avait des poules et des lapins pour les restes !

Écrit par : lakevio | lundi, 06 mai 2013

Et moi qui adore le pain d'hier mais grillé.

Écrit par : mab | lundi, 06 mai 2013

j'achète du parisien et il m'arrive de manger du pain rassis.
J'aime beaucoup mes enfants et attends un peu d'amour en retour. En plus je suis fana de musique klezmer. Crois-tu que toutes ces qualités font de moi une mère juive ?

Écrit par : Berthoise | lundi, 06 mai 2013

En Amérique du Sud, près des chutes d'iguazu, nous avons traversé... la Mésopotamie !
Gwen

Écrit par : Gwen | mardi, 07 mai 2013

Mais où trouvez-vous du pain rassis ? Moi le lendemain, je n'ai que du pain dur et sec... en aucun cas rassis ! Il n'y a que le pain d'épautre que je prends chaque semaine et qui me fait trois jours qui arrive à rassir !
Quant à ma mère, qui n'était pas une mère juive;;; je me réjouis aussi de ne l'avoir eue qu'à un exemplaire...
Gwen

Écrit par : Gwen | mercredi, 08 mai 2013

Les commentaires sont fermés.