mardi, 09 septembre 2025
La découverte du consensuel…
De rien Alainx, de rien, c’est un plaisir…
Hier fut un jour de travail de forçat.
Après les tâches matutinales habituelles comme le petit déjeuner, ranger les vaisselle du dîner, faire le lit puis la toilette, nous nous sommes trouvés soudain devant la vacuité courante qui précède le déjeuner.
Après que je l’ai préparé, que nous l’eûmes dégusté – là je me vante c’était très quelconque- je nous ai trouvé une occupation palpitante et indispensable : Aller chercher des produits dangereux mais efficaces et bien plus abordables que les produits doux mais lamentablement inefficaces et horriblement chers prévus pour le même travail.
En deux mots, j’ai traîné Heure-Bleue jusqu’à la place de Clichy chez Cas..rama acheter de l’acide chlorhydrique et de la soude caustique à 99% pour déboucher nos lavabos et éviers et détartrer ce qui en avait besoin.
La place Clichy n’a pas changé depuis mon enfance, seules peut-être les « filles de joies » se sont déplacées vers les « salons de massage » des rues adjacentes histoire de laisser la place aux « livreurs de paradis artificiels » en vélo qui se cachent à peine de faire leurs petits travaux de mise en sachet de leurs « paradis illégaux ».
Restent tout de même le Lycée Jules Ferry, celui qui servit de décor au « Diabolo menthe » de Diane Kurys, si près de la vérité malgré l’erreur des nappes à carreaux dans des réfectoires qui n’en n’avaient jamais vu…
Ce lycée a néanmoins perdu à l’entrée de rue de Douai le café « La Taverne du Régent » qui faisait son charme et évitait les rendez-vous au square Berlioz trop surveillé par les profs du lycée.
La population présente devant le lycée est très différente de celle de mon adolescence.
Les garçons papotent, les filles aussi, et ensemble.
Il n’y avait plus la ségrégation que les ados de ma génération et des précédentes avaient connue.
Mon « lycée de garçons » avait un avantage indéniable.
Il était à mi-chemin entre le « Lycée de jeunes filles Jules Ferry » et le « Lycée de jeunes filles Lamartine ».
Les relations n’étaient pas aisées à nouer mais elle me semblent avoir eu l’avantage de permettre à la fois de suivre les cours attentivement et de rêver à la façon de suivre les filles tout aussi attentivement mais pas au même instant…
Ceux qui disaient naïvement « on n’est pas de bois » ne parlaient pas tous de la même chose…
Bref, ce passage devant le lycée et sa population devant l’entrée m’a fait toucher du doigt la différence qu’il y avait entre les lycées parisiens des années soixante-dix et ceux d’aujourd’hui…
Les relations entre les filles et les garçons ne me semblent pas aujourd’hui plus décontractées, ni plus douces, simplement plus faciles grâce à leur proximité permanente.
13:45 | Commentaires (10)
samedi, 06 septembre 2025
Elle n’a Dieu que pour ses saints…
Bon, je ne pouvais pas la rater, même si j’ai honte…
Avant-hier nous sommes allés faire quelques courses avec un ami rue de Lévis.
« Quelle nouvelle ébouriffante ! » vous écriez-vous, j’en suis sûr.
Et, comme chaque fois, nous nous arrêtons au café de l’angle de la rue de Lévis et de la rue Legendre.
Rien de bien extraordinaire évidemment sauf un détail.
Vous savez que la différence essentielle entre Heure-Bleue et moi ne réside pas seulement dans les différences habituelles entre hommes et femmes ; non.
Elle réside essentiellement dans la façon de regarder le monde.
Heure-Bleue observe les lieux avec attention et dispose d’une cartographie interne bien différente de la méthode de Michelin ou de l’IGPN.
Je suis sûr par moment, quand je la sens hésitante sur la direction à prendre et soudain décidée qu’un Monoprix est tout proche même s’il est encore invisible.
Au point que je pense que si l’entreprise Monoprix disparaissait, la lumière de mes jours serait irrémédiablement perdue dans le Paris où elle est née et où elle vit.
Quant à moi, ce ne sont pas les lieux qui attirent le plus mon attention mais les gens.
Que ce soit leur allure, leur accoutrement, leurs mouvements, leur parfum ou leur odeur, ils attirent mon attention.
Et, pour en arriver où je voulais en venir, nous étions assis à la terrasse de ce bistrot quand deux filles en sont sorties, et se tournées l’une vers l’autre pour se séparer pensais-je.
Mais non, elles se sont regardées comme font les amoureux, faisant disparaître le monde alentour puis se sont embrassées, toujours comme font les amoureux, ceux des bancs publics.
Ce qui m’a surpris, ce n’est pas un baiser entre ces deux filles, quand on est arrivé adolescent dans le Marais et qu’on y a vécu plus de vingt ans, ce n'est pas ce qui va me surprendre.
Ce qui m’a surpris en réalité c’est que dans ce coin particulièrement conservateur, à deux pas du Parc Monceau, il se trouve un couple qui sort de l’ordinaire admis de ce quartier resté si proche de la mentalité bourgeoise du XIXème siècle.
L’esprit du lycée Carnot l’aurait-il emporté sur l’esprit de l’école Sainte Ursule ?
À part ça, nous avons fait nos courses et atteint l’arrêt du 163 où le banc est désormais squatté par trois vieilles depuis que le banc qui les accueillait habituellement a été retiré par la voirie sous un prétexte futile du genre « c’est pour pas que les clodos y s’endorment dessus ».
Je me demande si ça n’offusquait pas les « nouveaux urbains », le genre à faire taire les cloches de l’église Saint Charles de Monceau alors que les autochtones s’en foutent depuis toujours…
09:37 | Commentaires (3)
mercredi, 27 août 2025
On ne vit pas seulement de pain. Beaucoup de vain, aussi…
Ce matin, j’ai lu, comme chaque matin, les blogs que je lis tous les matins.
Un, m’a particulièrement touché, Jean-Jacques666.
Un blogueur, Suisse de son état, qui me fait l’honneur de passer chez moi et d’y laisser parfois un commentaire, m’a particulièrement gâté.
Il m’a causé le grand plaisir d’exhumer un court métrage de 1957 « La Seine a rencontré Paris ».
Une Seine dont, pour ce qu’il m’en souvient, avait des quais beaucoup moins bien « rangés » qu’aujourd’hui.
Il est vrai qu’ils servaient bêtement de quais, destinés à contenir le fleuve et accueillir de quoi fournir à Paris les marchandises nécessaires.
Je me rappelle y avoir vu vers le qui de Grenelle dont j’appris plus tard qu’il s’appelait dès le bord de l’eau « Le Port de Grenelle » d’énormes tas de charbon destinés à chauffer et empoisonner l’atmosphère de Paris.
J’avais vu ça en allant plus loin que l’aquarium du Trocadéro, avant que le quai ne devienne la voie George Pompidou, cet autoroute qui supprima les quais jusqu’au pont du Garigliano.
Ces quais ne servaient pas encore de vitrine pour vendre une ville qui n’a jamais été à vendre.
Ces quais ont vu, très rarement il est vrai, mon père tenter d’attraper autre chose qu’une rhume en y allant avec sa canne à pêche.
Alors qu’on y a vu depuis les années soixante, des quais servant d’abri aux jeunes et moins jeunes gens occupés à se raconter des histoires tendres dont on finit toujours pas constater qu’il s’agit de surtout de convaincre l’autre moitié de la paire qu’il y a des endroits plus secrets où s’abriter, moins romanesques mais tellement plus confortables et surtout à l’abri des curieux.
Fort heureusement, les mêmes jeunes gens viennent se raconter des histoires les yeux dans les yeux et se tiennent toujours par la main.
Je le sais, on les voit depuis le café de la Samaritaine…
11:21 | Commentaires (8)
vendredi, 22 août 2025
Le moi doute…
Hier on est allé voir l’expo « Paul Poiret : La mode est une fête » au Musée des Arts Décoratifs.
Comme dit Heure-Bleue « C’est daté »…
C’est bien le moins pour un type né en 1879 et ayant commencé sa vie de couturier à dix-neuf ans puis ouvert sa propre maison à vingt-quatre ans.
À y repenser maintenant, si nous avons vu des vêtements intéressants, certains même beaux, nous avons été frappés pas l’impression désagréable d’être « fliqués » par une horde de vigiles arborant « Sécurité privée » sur un uniforme de videur de boîte de nuit…
Cela dit, le souvenir que je garde de cette exposition est un petit film en noir et blanc représentant trois danseuses célèbres en leur temps.
Au milieu de ce petit film, une séquence où on peut voir danser Isadora Duncan.
Comme beaucoup disent aujourd’hui, avec plus de cent ans de retard « P… ! Comment qu’elle bouge bien la môme ! »
Il est vrai qu’elle se meut de façon à réveiller un mort…
J’en garde aussi le souvenir d’une robe « d’aujourd’hui », belle création de Karl Lagerfeld et d’une visite à « La boutique du musée » qui me montre plus le côté commerce pour touristes que souvenir des œuvres exposées.
Nous sommes enfin sortis et partîmes prendre le 84 rue Royale, longue promenade qui se révéla un peu désespérante.
Pourquoi ? À cause de la transformation flagrante de l’une des plus belles villes du monde en « un centre de profit » comme disent les « écoles de force de vente ».
Ceux qui se souviennent du Paris d’avant la frénésie touristique se rappellent sûrement cette promenade qui mène du bout du Louvre, là où se trouvait le Ministère des Finances, jusqu’à la rue Royale.
On y errait le long du jardin des Tuileries dont seuls quelques promeneurs discrets arpentaient les allées, puis on traversait de temps à autre la rue de Rivoli pour regarder quelques boutiques qui tenaient plus de l’exposition d’œuvres d’art que de commerce, l’hôtel Meurice ou flâner dans la librairie W.H.Smith.
Arrivés place de la Concorde, on regardait à gauche la « Fontaine des Fleuves », on passait devant l’Hôtel de la Marine et on tournait à droite dans la rue Royale jusqu’à la Madeleine…
Le Paris chargé d’Histoire s’est transformé en Paris chargé de vendre, du Jardin des Tuileries fait pour remplir l’âme de souvenirs en fête foraine chargée de remplir les caisses, tous ces chemins mille fois arpentés par des couples flânant aujourd’hui défoncés par des gens pressés d’en avoir le plus possible pour leur argent…
Cette longue promenade a quelque chose de désolant, pleine d’une foule errant parmi des étals de souvenirs qui ne sont vus qu’au travers de « smartphones » qui en enregistrent la possible rentabilité.
Cette ville, rêvée par beaucoup d’étrangers comme celle où Hemingway écrivit « Paris est une fête », où Montparnasse était comme Montmartre le lieu des rencontres, est devenue un gigantesque centre commercial où le mot d’ordre est « Achetez ! » et non plus « Regardez et admirez ! »
Une ministre de la Culture imagina même de faire payer l’entrée de Notre Dame !
On sent là que son moteur n’est pas « La Culture » mais « Le Pognon »…
Mais qu’a-t-on fait de « ma » ville ??? Une boutique…
Je vis dans un décor astiqué quotidiennement et ce qui reste de Paris est circonscrit à sa ceinture où les taudis d’antan ont été remplacés par des clapiers qui poussent à s’entretuer aussi bien que les ruelles de « La zone » ou « des fortifs » du début du XXème siècle…
10:22 | Commentaires (7)
samedi, 09 août 2025
L’insoutenable légèreté de l’autre.
Comme souvent, le besoin de brise fraîche nous pousse au Jardin des Batignolles où quasiment tous les bancs sont au soleil.
Une seule rangée de bancs concentre la population assise dans le jardin car elle est à l’ombre…
Comme toujours, je regarde ce qui change dans ce jardin où nous entrons toujours par la porte qui suit le « Pont Cardinet ».
Depuis peu nous remarquons, Heure-Bleue et moi qu’une suite de protections grillagées empêche les enfants de se précipiter sur les grilles de fer qui enclosent les voies de la SNCF depuis que Caillebotte a peint « Le Pont de l’Europe »…
Les gamins qui s’agrippaient de tous leurs petits doigts à ces grilles pour regarder passer les trains ne le peuvent plus…
Avançant dans l’allée qui mène au manège qui vide le porte-monnaie des parents depuis plus d’un siècle, nous passons devant les balançoires qui ont ravi les enfants.
De la grand’mère d’Heure-Bleue à la petite sœur de Merveille en passant par la maman d’Heure-Bleue, Heure-Bleue, la belle-fille d’Heure-Bleue et nos petites-filles, toutes se sont balancées là.
Las, ces balançoires sont désormais condamnées, comme les petits garçons sont privés de regarder les trains en s’grippant aux grilles.
Je ne ferai pas de remarque sur la stupidité des participants aux réunions du conseil municipal qui pensent à empêcher l’accès à ces grilles dans le square mais pas aux même grilles à peine la porte du square franchie…
Outre que la fermeture de ces balançoires a privé des tas de gosses de leur jeu préféré après le pataugeage dans les petits canaux d’un pont, canaux modifiés après le coincement d’un talon aiguille de dignitaire, je me posai alors la question du pourquoi de cette interdiction d’accès aux grilles et aux balançoires.
Une affiche m’a éclairé mais surtout sur la stupidité incommensurable de certaines décisions…
L’affiche ci-après m’a renseigné et m’a prouvé que de longues études et une intelligence brillante n’ont jamais mis quiconque à l’abri de la stupidité la plus crasse.
La dure réalité de l’expérience des parents parisiens montre pourtant régulièrement que regarder les trains et faire de la balançoire dans les jardins publics a tué beaucoup moins d’enfants que ce qui remplit les gondoles de supermarché et leur est destiné.
Or, plutôt que mettre des grilles devants ces gondoles, on en met devant les balançoires…
11:59 | Commentaires (6)