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lundi, 27 janvier 2014

La belle Lurette.

Vous vous souvenez sûrement, lectrices chéries.
Bien sûr que vous vous souvenez, je n’écris que des choses inoubliables…
Vous n’avez donc pas oublié cet épisode tragique où, poussé par le « t’es pas cap’ » qui marche si bien sur les garçons, votre Goût adoré était allé demander à une péripatéticienne « combien ça coûte pour » …
Pari d’autant plus stupide que j’étais à l’époque incapable d’aller au bout de l’affaire pour des raisons autant physiologiques que financières.
Vous voyez bien où se produisit cet embryon de transaction ?
Je me le rappelle quant à moi très bien, c’était à la hauteur du cinéma « Le Trianon ».
Je me souviens aussi des fins d’après-midi d’automne ou de printemps, quand je traversais le boulevard de Rochechouart en sortant du lycée. Ces soirs d’octobre où il fait doux. Ces soirs de mai où on resterait volontiers jusqu’à la nuit dans la rue si on n’était pas taillé et « corvéé » à plaisir par des professeurs sadiques qui nous noyaient sous les devoirs.
Ça convenait parfaitement à votre Gout préféré, pour deux raisons.
D’abord la frilosité qui l’a sans doute saisi dès la sortie du ventre maternel.
Ne riez pas, on voit bien que vous n’êtes pas né en janvier 1949, particulièrement rigoureux.
Ensuite, ce temps me poussait à rentrer à pieds ce qui permettait de grappiller les sous des tickets, si pratiques pour faire autre chose.
C’est sans doute pour ça que les souvenirs que j’ai de ce trajet sont toujours ensoleillés, agréables et font remonter chez moi des bouffées de bonheur d’être vivant.
J’ai même des tas de souvenirs de ces trajets.
Vous traversez le boulevard de Rochechouart, et ne me dites pas que je radote, je le sais. Puis vous l’empruntez dans la direction du lycée Jules Ferry. Arrivé à la rue Dancourt, vous la prenez, la montez jusqu’à la place Dancourt, devenue place Charles Dullin, où il y a le théâtre de l’Atelier.
Aujourd’hui je me demande encore pourquoi on a dégradé Dancourt, longue lignée théâtrale pour le remplacer par Dullin…
Cette place est charmante, les soirs de printemps je m’y asseyais sur un banc, mon cartable entre les pieds et j’écoutais les gens se disputer. On se disputait beaucoup pour rien avant 1968.
Après on s’est disputé énormément pour pas grand’chose...
Puis vous continuez la rue jusqu’à la rue Chappe que vous suivez jusqu’au square Nadar. Square dont je vous ai déjà parlé et dont il vaut mieux que je ne vous parle plus…
Vous le contournez en prenant sur votre gauche la rue Saint Eleuthère jusqu’à la rue du Mont-Cenis. Quelques pas plus loin vous empruntez la rue Saint Rustique, une rue étroite qui vous mène à une des plus charmantes rues de Paris.
Enfin, pour ceux qui aiment. La rue des Saules. Vous descendez les escaliers en passant devant le « Lapin Agile » où Aristide Bruant fit admirer son écharpe rouge à des lascars célèbres.
Le nez au vent, je passais devant le vignoble de Montmartre, source d'une piquette sans intérêt autre que la cueillette des grains, et tournais à gauche dans la rue Saint Vincent.
Je la descendais jusqu’à la rue de la Fontaine du But qui devient la rue Duhesme qui me ramenait place Championnet.
Cette place est devenue Albert Khan avec le même succès que la place de l’Etoile est devenue Charles de Gaulle…
J’étais arrivé tout près de chez moi.
Si vous pouviez savoir, lectrices chéries, combien de centaines de fois j’ai emprunté ce chemin.
Aujourd’hui ça donne l’impression de renseigner un touriste qui veut aller à pieds de Pigalle à la porte de Clignancourt mais si aviez vu comme il faisait beau, comme les cartables étaient légers, comme il flottait un air de bonheur…
Même les immeubles, sacrément lépreux et noirs de crasse à l’époque, me semblaient non pas des palais, il ne faut pas exagérer, mais tout à fait dignes d’attention.
Il est vrai que j'avais quitté un pénitencier il y a peu d'années...

Commentaires

Une partie de ce trajet en 1965, je le faisais pour monter au sacré coeur promener ma fille, enfin le goût vous, vous le faisiez à droite et moi à gauche puisque je partais de la rue de Bruxelles. Un quartier que je connais bien puisque ma fille est née dans une impasse rue des Martyrs.
manouedith

Écrit par : manouedith | lundi, 27 janvier 2014

J'aime tes promenades dans Paris, il ne manque que le côté olfactif tu sais comme j'aime les odeurs d'essence de macadam chaud et de gaz d'échappement, Paris quoi!

Écrit par : mab | lundi, 27 janvier 2014

On se disputait beaucoup pour rien avant 1968.
Après on s’est disputé énormément pour pas grand’chose...
j'aime !!!

Écrit par : maevina | lundi, 27 janvier 2014

Ben moi, c'est à 20 ans que j'ai découvert Paris pour la première fois ! Plus de six heures de train à vapeur depuis Nantes sur des rails encore blessés par la guerre et l'usure et qui s'arrêtait longtemps dans chaque gare, et à Montparnasse, des porteurs qui criaient "taxi !" à l'oie blanche que j'étais et qui, pour deux francs de l'époque, a cru qu'ils en étaient le chauffeur...
Mais que de bonheur à découvrir à pied les merveilles de la capitale... même si André Malraux n'avait pas encore fait nettoyer les vénérables façades des monuments. Avec quelle jubilation je m'étais postée sur la terrasse de Chaillot à la place d'où Hitler avait contemplé Paris en se croyant le maître du monde !
Je suis même montée au 3e étage de la vieille dame en fer !
Ah ! nostalgie...

Écrit par : Gwen | lundi, 27 janvier 2014

Le Goût en mode nostalgie.... je ne peux même pas imaginer ton trajet, je connais bien certains noms de rues mais....
En tout cas on a envie de s'y promener avec toi... c'est ça les artistes, ça arrive à captiver le lecteur même sur des lieux qu'il ne connaît pas !!!

Écrit par : Ysa | lundi, 27 janvier 2014

Mon petit Goût adoré, je t'imagine , un jour de promenade avec l'Heure Bleue, allant demander à une prostituée ses tarifs....Chiche ! ! !

Comment ??? T'es pas cap ?

Écrit par : kalinkaone | lundi, 27 janvier 2014

Les commentaires sont fermés.