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jeudi, 04 décembre 2014

La pelle des sens…

Samedi arriva.
J’étais si beau que j’avais à peine osé sortir de chez moi pour ne pas faire du tort à Apollon si je l’avais croisé.
J’ai pris le métro et ai changé à Réaumur-Sébastopol direction Porte d’Orléans où je devais attendre Bernard.
Il est arrivé pile à onze heures. Nous sommes montés dans la rame et on a commencé à supputer des tas de choses. La première étant « qu’est-ce qu’on pourrait bien amener chez Nicole ? » Non, je ne disais pas « Boulotte » à Bernard…
Il eut un bref instant une idée idiote :
- Une bouteille de vin ?
- T’es c… ! Personne ne boit !
- Mais quoi alors ?
Idiot comme je sais l’être, j’ai lancé :
- Ben nous ! Comme cadeau on est super, non ?
Il a haussé les épaules alors j’ai proposé des fleurs. Chacun le sien. Moi, deux bouquets, un pour l’hôtesse, l’autre pour « Maigrelette ».
Faut savoir investir…
Nous avons conversé sérieusement au point que le changement à Montparnasse-Bienvenüe nous a semblé court.
On était quasiment en train de dépenser les sous de la vente de la peau de l’ours.
On avait même écorné notre pécule chez un fleuriste.
« Boulotte » vivait chez ses parents rue de Cambronne dans un immeuble assez triste et bien moins reluisant que celui des parents de « Maigrelette ». Bernard m’emmena jusqu’au troisième étage et sonna.
« Boulotte » ouvrit et nous fit entrer. Dès l’entrée elle prit les bouquets que nous lui avions tendus et roula un patin d’enfer à son amoureux.
Elle se tourna vers moi et m’embrassa sur les joues. Je n’ai rien dit mais ça m’a fait bizarre de me faire déposer la salive de mon copain sur la joue.
« Maigrelette », elle, a commencé par Bernard et puis a pris les fleurs que je lui destinais. Du coup j’ai eu droit à un « baiser-récompense-style-dernier-plan-du-western »...
On a traversé le salon, elles nous ont entraînés à la cuisine et nous ont mis dans les mains les assiettes et les couverts à poser sur la table du salon.
Le repas fut simple, constitué d’une salade composée de tout ce qui traînait dans le réfrigérateur. « Boulotte » alla chercher un dessert composé de quelques éclairs et d’une bouteille de Coca. Mon pote et « Boulotte » se jetaient des regards ardents. Plus ils étaient ardents, plus « Maigrelette » semblait mal à l'aise. Nous avons discuté un moment puis la conversation s’est mise à languir. « Boulotte » s’est levée, nous l’avons aidée à débarrasser la table dans une ambiance d’attente puis d'un coup elle a attrapé Bernard par la main et l’a traîné dans une autre pièce dont elle a fermé la porte. Je me suis assis sur le divan qui occupait un mur et « Maigrelette » s’est assise à côté de moi, un peu raide.
Dans la pièce à côté, d’après ce qu’on entendait, ils faisaient plein de trucs que j’avais dans l’idée de faire aussi.
On a commencé à s’embrasser mais quand j’ai voulu glisser une main sous son chemisier, elle m’a donné une superbe tape sur la main.
 - Aïe !!!  Mais qu’est-ce qui te prend ?
J’ai râlé un peu et j’ai vu qu’elle avait dans le regard quelque chose comme de la peur.
Ça m’a calmé tout de suite. C’est là que j’ai vu que c’était mal parti.
J’allais devoir rembourser les sous de la peau de l’ours…
Elle a bien voulu que je l’embrasse encore mais c’était cassé. Elle ne voulait pas plus. Alors nous sommes partis. Arrivés dans la rue elle m’a dit :
- Tu m’en veux ?
Que vouliez vous que je disse, lectrices chéries ? J’ai dit :
- Non, pourquoi t’en voudrais-je.
- Ben… Tu vas me prendre pour une allumeuse…
- Mais non, voyons ! Ai-je menti.
On s’est assis au square Saint Lambert, elle s’est mise dans mon bras et m’a dit :
- Je ne suis plus... Bon, mais je ne voulais pas aller jusque là. Ça ne me disait plus rien.
J'ai été un peu, non beaucoup, vexé mais j'ai quand même fait bonne figure.
- C’est la vie... Et t’as oublié tes fleurs.
Elle a souri, rassurée.
- T’es un copain, un bon copain tu sais…
N’empêche, ce jour là, je suis reparti avec mon machin sous le bras... Et tout seul en plus.
Comme ça, Liliplume sait comment j’ai connu le square Saint Lambert.
Mais quelle veste, quand même !
Heureusement que, comme beaucoup de jeunes gens en 1967, j'avais l'habitude...
 

Commentaires

Ah oui ça se passe en 67 voilà pourquoi je ne me sentais pas trop concernée, mariée depuis 2 ans, mère de famille, mari à l'armée...

Écrit par : mab | jeudi, 04 décembre 2014

Ouais !
En 1967 j'avais 18 ans, moi... Gnagnagna.

Écrit par : le-gout-des-autres | jeudi, 04 décembre 2014

je ne commenterai pas cette note point par point..... d'un côté ça ne serait pas gentil (quoique tu dois avoir digére depuis le temps) et d'un autre côté ça pourrait même être grivois! Style cette histoire de machin et de veste .......... par -contre je comprends que HB n'ait pas vu d'inconvénients à ce que tu nous racontes ton souvenir ......"torride" .....(en intentions!)

Écrit par : emiliacelina | jeudi, 04 décembre 2014

je suis certaine que beaucoup de filles des années 60 se souviendront des mêmes instants, les garçons restaient quand même patients, mais l'histoire ne nous dit pas si après tu as continué à la voir ?
manouedith

Écrit par : manouedith | jeudi, 04 décembre 2014

l'habitude? il n'y avait pourtant pas que des mijaurées en ce temps là! je sais j'étais née depuis plus de 20 ans

Écrit par : marie-madeleine | jeudi, 04 décembre 2014

Si jamais elle se reconnait, elle pourrait avoir l'idée de voir les ravages du temps sur toi...

Écrit par : heure-bleue | jeudi, 04 décembre 2014

Je me glisse assez bien dans la peau de Maigrelette... à cette époque.

Écrit par : lakevio | jeudi, 04 décembre 2014

Moi-aussi, je me retrouve dans cette petite. On m'a souvent traitée d'allumeuse, encore maintenant (mon mari). Mais, à l'époque, c'était la peur qui aiguisait les nanas.
Je me demandais ce que HB pouvait penser de ces amourettes "torrides". Et pis, vlan, la claque, ça a dû lui faire plaisir. On (je) se sent presque frustrée, on se demandait où ça allait s'arrêter.
Je relève quelques phrases trop drôles.
"J’étais si beau que j’avais à peine osé sortir de chez moi pour ne pas faire du tort à Apollon si je l’avais croisé".
"devoir rembourser les sous de la peau de l’ours"
T'es impayable monsieur l'ours, pardon mr le goût. Entre toi et Ulysse le blogueur montagnard, je vous décerne la plume d'or de la blogosphère, vous avez tout pour vous, l'humour, la joie de vivre, un grand talent dans l'écriture pour raconter vos "aventures"...si vous aviez quelques années de moins, vous feriez encore des ravages auprès de la gente féminine.

Écrit par : juliette | jeudi, 04 décembre 2014

Ben mince alors...
Remarque à cette époque, on a dû toutes être un peu allumeuses, on voudrait bien mais on a peur, alors au dernier moment on dit non. Et ils repartaient avec leur machin sous le bras (lol !!) je crois qu'on ne se rendait pas compte de la souffrance de ces pauvres garçons :))
Tu as été gentil avec elle finalement.
Et alors, c'est fini ? ou bien tu l'as revue par la suite ?

Écrit par : Praline | jeudi, 04 décembre 2014

J'ai le sourire jusqu'aux oreilles , je savais que tu allais prendre une veste , elle était farouche mais semble t'il déçue par un autre ; Copine ou pas après ?

Écrit par : Brigitte | jeudi, 04 décembre 2014

t'aurais du choisir la boulotte voila !

Écrit par : maevina | jeudi, 04 décembre 2014

bah quand on n'a pas envie, on n'a pas envie, ça ne se commande pas...elle avait ses raisons.

Écrit par : liliplume | jeudi, 04 décembre 2014

Les commentaires sont fermés.