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vendredi, 23 janvier 2015

Les rats passent, les vieux s’attrapent…

J’ai écouté Madame Najat Vallaud-Belkacem hier soir.
Chose rare chez une personnalité politique, cette dame m’a beaucoup fait rire.
Et par les temps qui courent, c’est toujours bon à prendre.
Je l’ai entendue s’épancher longuement sur la façon dont on devait « prendre en compte le fait religieux dans les écoles de la République ».
Je l’ai écoutée comme on écoute un candidat à l’ENA ou Sciences Po.
C’était une merveille de respect des règles de la grammaire.
De ce point de vue, l’enseignement dont avait bénéficié cette dame avait porté ses fruits.
Il y avait néanmoins un manque criant : Je me demande, à part le chef de cabinet de la dame ou ses pairs, qui peut comprendre ce genre de discours.
A.Finkielkraut fut parfait dans son rôle de vieux con atrabilaire dépassé par les évènements et trop facilement désarçonné dans cette émission.
Il avait sans aucun doute convaincu d’un coup ceux qu’il vilipendait que leurs agissements étaient justifiés.
C’est rare mais lui aussi m’a bien amusé. En plus il me fait me sentir intelligent à peu de frais, c’est bien aussi.

Tout ça m’a fait penser aux « Très Riches Heures du Duc de Berry ».
La beauté en moins…
Oui, tous ces braves gens montrent qu'il y eut un manque criant dans l’enseignement des lettres qu’ils ont reçu.
Personne ne leur a jamais dit « trop lourd ! » semble-t-il, en constatant que là où un mot suffisait, ils en mettaient systématiquement trois ou quatre.
Si, chaque fois que « hélas, incapable de » fut remplacé par « je n’ai malheureusement pas été en capacité de »   ils avaient récolté une bulle accompagnée de « des phrases courtes, ma chérie » ou « capacité de rédaction limitée », il y a gros à parier que, si nous n'étions pas mieux compris de nos politiques, au moins nous les comprendrions mieux…

Si le livre d’heures du duc était aussi obscurci qu’enrichi par les enluminures, les discours de notre ministre des écoliers et des chaussettes à clous étaient eux totalement incompréhensibles, noyés dans des flots de « political correctness » et entièrement charpentés à la langue de bois.
Ces logorrhées sans grand sens réel m’ont rappelé une réflexion entendue la semaine dernière à la radio à propos des « quartiers sensibles » appellation néolibérale pour « quartiers mal famés ».
Un personnage interrogé remarquait avec audace car il est peu commun de s’exprimer clairement dans les media, qu’il « y avait des gens qui ne sauraient jamais comment vivent les gens « normaux » car ils vivaient dans un milieu maintenu à l’écart du pays ».
Après avoir écouté Madame Najat Vallaud-Belkacem et Monsieur Bernard Cazeneuve je peux vous affirmer qu’il en va de même à l’autre extrémité de l’échelle sociale.
Ce dernier m’a asséné sans sourciller qu’il était procédé à « des interceptions de sécurité ».
Je me demande si cet aimable plaisantin s’est un jour demandé si un quelconque justiciable ferait le rapprochement entre « interception de sécurité » et « écoute téléphonique ».
Et dire qu’on compte sur eux pour nous comprendre et surtout comprendre les problèmes qui nous assaillent avant même de tenter de résoudre.
Bref, c’était laborieux, peu préparé.
Prétendre s’adresser à des gens dont on déplore le manque d’ouverture d’esprit et de culture en usant d’un langage tout juste accessible à un bachelier me semble faire preuve d’un profond mépris pour les gens dont on a en principe la charge.

Commentaires

Mais c'est fait pour !... comme disait mon regretté auvergnat Fernand Raynaud ! Beaucoup de mots pour une réalité vague. Que vaut le peuple ? Il n'est intéressant qu'avant les élections !

Écrit par : lakevio | vendredi, 23 janvier 2015

Pourquoi le Goût qui s'exprime fort bien n'a t il pas été sollicité pour occuper un poste ministériel, ou pour conseiller ceux qui "politicaillent" ?

Écrit par : Françoise | vendredi, 23 janvier 2015

Parce qu'ils ont peur de la concurrence. ;-)

Écrit par : le-gout-des-autres | vendredi, 23 janvier 2015

C'est tout de même étrange, à mon époque pourtant pas si lointaine, le mépris aurait consisté au contraire à supposer que les interlocuteurs n'étant pas capables de comprendre, il fallait s'adapter à leur niveau et à leur langage.
Je n'écoute plus les ministres pour bien d'autres raisons, alors peut-être ce discours était-il en effet incompréhensible, mais je regrette surtout que s'exprimer dans un langage châtié ne soit plus une évidence pour grand monde et visiblement plus du tout pour les media.

PS - Je suis tombée sur ce blog de fil en aiguille en suivant d'autres liens, et il m'a semblé y reconnaître un autre, qui avait cependant un autre nom ?

Écrit par : Axel | vendredi, 23 janvier 2015

Je n'ai pas écouté la dite émission mais je trouve que vous y allez fort en critique sur sa parole. J'ai toujours trouvé que c'est celle qui est la plus claire dans son discours, tant dans la forme que sur le fond. il est vrai que j'aime la belle langue autant que les enluminures des riches heures du duc de Berry.

Écrit par : marie-madeleine | vendredi, 23 janvier 2015

J'ai pris cette émission en cours de route , Finkielkraut m'a paru déstabilisé par une prof de terrain qui défendait les élèves de zone dit " sensible" , je pense qu'elle savait de quoi il en retournait par sa pratique , le discours sur la laïcité par Najat Vallaud - Belkacem était clair pour moi .

Écrit par : Brigitte | vendredi, 23 janvier 2015

je n'ai pas écouté , mais c'est vrai , que de plus en plus, les choses sont dîtes de façon "emberlificotées" pas toujours, mais ton exemple pour ce qui est des écoutes téléphoniques pourrait tout à fait me convenir! Je n'aurai pas compris du premier coup! Faut-il que je sois nulle pour ne pas savoir ce que signifie "interception de sécurité" !! Ce qui me réconforte c'est que je ne suis sûrement pas la seule !

Écrit par : emiliacelina | vendredi, 23 janvier 2015

Je n'ai pas regardé l'émission.
NVB prend trop de précautions et est un peu langue de baobab.
Mais j'aime bien Cazeneuve, je trouve qu'il a fait preuve de sang-froid et a bien réagi après les attentats.

Écrit par : Anita | vendredi, 23 janvier 2015

je n'ai pas écouté car je savais que tu nous en ferais une synthèse succulente.

Écrit par : mab | vendredi, 23 janvier 2015

Pareil que mab.
C'est tellement plus agréable de lire ta note que de regarder l'émission.

Écrit par : clodoweg | vendredi, 23 janvier 2015

Pas regardé jusqu'à la fin ! Ça m'énervait trop !

Écrit par : pennylane22 | vendredi, 23 janvier 2015

J'ai lu ta réponse sur mon billet. Certes tu as raison! mais je sais aussi pour avoir dirigé plusieurs années une école dans une banlieue très défavorisée et cotoyé chaque jour des adultes dont le vocabulaire était réduit, qu'ils appréciaient que le langage soit châtié comme une marque de respect. "vous parlez bien mme la directrice". Je ne parle pas des enfants toujours admiratifs, mais de leur parents qui se sentaient respectés et considérés par mon langage autant que par ma tenue. Bon oui, je sais je suis un peu de mauvaise foi car je ne suis pas politique et ne manie pas l'entourloupe :-)

Écrit par : marie-madeleine | vendredi, 23 janvier 2015

Je n'ai vu qu'une bonne heure de l'émission, rentrant d'une réunion municipale.
Personnellement, je n'ai pas été troublée par le langage mais que de mensonges, de vérités déguisées, de non-dits...
J'ai beaucoup de famille dans l'enseignement et même deux enfants dans le milieu universitaire, l'une étant formatrice des maitres à 'ESPE (ancien nom : IUFM ou encore Ecole normale)
Tous sont de plus en plus attristés par la pauvreté des objectifs, sans parler de la pauvreté des moyens et... de la mauvaise foi de nos dirigeants capables de tenir des discours en réunion de travail et devant les médias diamétralement opposés !!

Écrit par : mamy Dominique | samedi, 24 janvier 2015

Cela me rappelle, toutes proportions gardées, à la grande déculottée du PC dans les années 70 qui en faisait remonter les causes à l'erreur historique de Jaurès. Ils n'avaient pas compris que l'erreur historique était ce guignol de Marchais. Depuis près de 20 ans j'étais un des derniers à essayer de porter le flambeau de la Laïcité. J'étais traité de tous les noms, les plus gracieux étaient "Laïcard", les moins "vieux con". Il fallait un électrochoc pour remettre les idées en place. Il a eu lieu et de quelle manière ! Qu'en fera-ton ?

Écrit par : Jeanmi | samedi, 24 janvier 2015

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