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dimanche, 25 janvier 2015

Le lit, mon fertile...

C'est là que le matin je trouve l’inspiration.
Le problème c’est que pour le plaisir de Mab, sur les vingt minutes que je passe à faire ma note, j’en passe quinze à trouver un titre...
A propos de « Joselito, l’enfant à la voix d’or » qui passa à l’Ornano 43 vers le début des années soixante, il me revient que vers la fin des années cinquante il arrivait encore à ma mère de chanter à la maison.
Elle nous avait emmenés, ma sœur cadette et moi, voir « La belle de Cadix » sorti quelques années plus tôt.
Ce dimanche là, je fus assez content pour des tas de raisons.
D’abord, j’échapperais au foot qui sourdait doucement du poste de radio pendant la sieste de mon père.
On aurait aussi, ma sœur et moi, le droit de parler à voix normale, c'est-à-dire plutôt piaillante comme il est courant chez des enfants de sept ou huit ans.
Enfin on serait dehors et ça c’était bien.
Nous sommes donc entrés à l’Ornano 43 ce dimanche là, ma mère nous tenant chacun par une main.
Elle avait la démarche à la fois fière et gênée des gens qui n’ont pas l’habitude d’évoluer en public devant d’autres gens immobiles, un mélange de timidité et d’affectation. Quelque chose qu’Heure-Bleue appelle « la démarche de l’oie »
Ma mère nous avait emmenés car la « Carte Familles Nombreuse » de la SNCF donnait droit à une réduction sur les places de cinéma et parce qu’une femme seule qui va au cinéma, hein…
Et puis il n’était pas question que ma mère laissât échapper une réduction, pour quelque raison que ce fût et l’idée de payer une place et demie au lieu de trois était déjà la moitié du plaisir de la sortie.
Pour autant qu’il m’en souvienne, je n’avais pas été passionné par « La Belle de Cadix ».
Ma petite sœur non plus…
Mais nous avions été content quand même, même si l’envie nous avait saisis à voir d’autres enfants lécher un « eskimo ».
Honnêtement, ils étaient peu nombreux à lécher ces glaces car beaucoup de familles du coin tiraient le diable par la queue.
De surcroît, l’ambiance manquait un peu de spontanéité car la présence de nombreuses mères dans l’assistance dissuadait les plus grands de modifier les paroles de la « réclame ».
Cette « réclame » qui scandait « Bonbons, caramels, eskimos, chocolat » dont les derniers mots étaient remplacés le jeudi par « sucez les mamelles à Lollobrigida »…
Ma mère fut ravie d’entendre son idole chanter « Rossignol de mes amours ».

Mon père, s’il n’avait, comme tous les hommes, aucune idée de la façon dont les femmes fonctionnent, savait très bien ce qui faisait bondir ma mère.
Un talent inné pour la composition d’âneries et la modification scabreuse était chez lui prétexte à faire hurler ma mère.
Ce dimanche là fut pour lui l’occasion de vérifier que les mêmes causes engendraient les mêmes effets.
Ma mère rentra à la maison avec nous, rangea son manteau et nous déshabilla.
Mon père, que la sieste avait reposé et mis de bonne humeur demanda à ma mère  « c’était bien Luis Mariano ? »
Il ne l’aimait pas, soupçonnant qu’un type jeune, beau, doté d’une telle voix et toujours célibataire à son âge n’était pas « normal » selon les critères de l’époque.
Mon père avait lui-même une assez belle voix de baryton qui parfois charmait ma mère.
Mais pas toujours. Ça dépendait plus des paroles que de la musique…
Ce dimanche là, ma mère avait commencé à préparer le dîner.
Elle se mit à chanter « Rossignol de mes amours ».
Mon père, dans un élan d’où la poésie était absente reprit en canon « Il était une fois, une fille de joie au cœur plein de tristesse… »
Ma mère lui jeta un regard noir.
C’est quand il continua délicatement par :
« Elle avait marre d’aimer, de se faire en… » que ça s’arrêta net.
Ma mère l’avait stoppé d’un « 
Gaby !!!! » monstrueux.
Je sais maintenant qu’il se serait arrêté avant que nous disposassions d’un renseignement précis sur les problèmes de princesses.
Mais ma mère n’en était jamais sûre, d’où ce « Gaby ! » péremptoire.
On a failli apprendre quelque chose ce jour là mais tant pis, on était sûr qu’on saurait plus tard…


Commentaires

Sacré Gaby ! On en arrive à plaindre ta mère. ;)

Écrit par : berthoise | dimanche, 25 janvier 2015

Enfant j'adorais Luis heureusement le Yéyé est vite arrivé.
Je ne te crois pas quand tu dis plancher sur les titres, je suis sûre qu'ils te viennent instantanément

Écrit par : mab | dimanche, 25 janvier 2015

Incollable je suis sur La Belle de Cadix, tchik a tchik a tchik aïe aïe aïe !...

Écrit par : lakevio | dimanche, 25 janvier 2015

Vraiment j'adore ton père !
et ton titre !

Écrit par : Praline | dimanche, 25 janvier 2015

lol!! j'aime bien le romantisme de ton père il me fait penser à mon oncle préféré !

Écrit par : maevina | dimanche, 25 janvier 2015

A des yeux de velours...

Écrit par : livfourmi | dimanche, 25 janvier 2015

Ah le beau Luis... il paraît que de fidèles admiratrices ou admirateurs fleurissent sa tombe régulièrement.
Sensiblement plus âgée que toi j'ai un souvenir ému de "Rose Marie" un 1er mai au Chatelet...
"Quand ce chant si doux ououou ououou
Montera vers vous ououou ououou
Ma tante m'avait raconté qu'un chien d'une de ses amis savait chanter ça ! Houuuuuuu
Mais j'ai toujours préféré Trénet, Dudan, Montand... que j'ai vu à l'Empire... puis sont venus le rock, la pop...
Même si mes premières amours furent la musique dite "classique"...
Qui se souvient de Jean Witold dont l'émission quotidienne "Les grands musiciens" est à l'origine de mon amour pour Bach, Mozart, Beethoven, Debussy.... et tant d'autres....

Écrit par : Françoise | dimanche, 25 janvier 2015

J'aime toujours Luis! J'adore les opérettes! J'ai tojours eu une préférence pour les chanteurs à "voix" mais pas que!
Je me souviens très bien de Josélito!
J'aime bien aussi quand tu racontes ton père!

Écrit par : emiliacelina | dimanche, 25 janvier 2015

presque à la même époque ma mère m'avait emmenée voir "l'auberge du cheval blanc" au Châtelet. J'avais été subjuguée !

Écrit par : liliplume | dimanche, 25 janvier 2015

Ma mère adorait luis mariano. C'est bizarre elle avait 20 ans en 62 mais n'a jamais aimé les yéyés. Du coup je connais bien le répertoire des années 40 et 50....

Écrit par : pennylane22 | dimanche, 25 janvier 2015

Le mien de père disait en entendant des chansons romantiques : " mais qu'est-ce qu'il a pleuré celui là " !!

Écrit par : Brigitte | lundi, 26 janvier 2015

"Rossignol des mes amours"...
T'es sûr que c'était "la belle de Cadix" ??

Écrit par : clodoweg | lundi, 26 janvier 2015

Les commentaires sont fermés.