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mercredi, 07 octobre 2015

Je ne boirai pas de tonneau…

Hier, je suis allé déjeuner avec un copain.
Il m’avait invité pour me raconter quelque chose.
Des trucs de mec que les meufs peuvent pas piger vu que ce sont des meufs et qu’on est des mecs.
Comme c’est un homme très occupé par son boulot d’ingénieur dans l’industrie pharmaceutique, je n’ai pu lui consacrer que deux heures.
Ne dites rien, lectrices chéries, je sais bien ce que peut avoir de bizarre la tournure de la phrase.
C’est pourtant exactement ça.
Quoiqu’à mon âge, je doive éviter de gaspiller le mien, c’est parce que son temps est précieux que je n’ai pu lui consacrer que deux heures et quart exactement.
Comme avec l’ami que je rencontre à Paris, l’essentiel, à part nos désaccords perpétuels, est le repas que nous partageons.
Il y a, près de son gagne-pain, un restaurant agréable où une serveuse, agréable elle aussi, vous accueille avec un sourire charmant.
Mais il y a mieux. La cuisine.
Mieux encore. Le vin.
Mon copain, très en cour dans ce qui est devenu sa cantine, m’a fait apprécier le talent avec lequel le mastroquet choisit ses vins.
Il avait décidé que ce serait un « repas blanc », à peine un demi hors d’œuvre pour deux et un plat.
Bon, le mulet grillé accompagné de carottes émincées était bon mais était surtout l’excuse rêvée au Puligny Montrachet qui l’accompagnait.
Que je vous dise, lectrices chéries.
Ce vin, rien qu’à le sentir, m’a ramené plus de cinquante ans en arrière.
J’ai raconté à mon copain, qui devient sentimental dès qu’il s’agit de pinard, ce qu’a rappelé l’odeur de ce cru de Bourgogne. Il y fut très sensible.
Dès que j’ai plongé le nez dans mon verre, j’ai été transporté en Bourgogne, dans la cave du café  de ma tante Olga.
C’était encore l’époque où on livrait le vin en barrique dans les cafés du coin.
Quand il fallait encore remplir les tonneaux « au cul du camion » à partir « d’une pièce », le truc de quatre cents litres.
Vous ne croyiez tout de même pas, lectrices chéries, que nous étions devenus champions du monde de l’alcoolisme à coups de « mignonettes » genre « vol en classe éco », non ?
Il fallait alors commencer par préparer les tonneaux. Ma tante prenait un grand fil de fer, accrochait à un bout un morceau de coton imbibé d’alcool de fruit, y mettait le feu et le promenait à l’intérieur du tonneau.
Ensuite, elle prenait une petite coupelle suspendue à un autre fil de fer, y mettait un peu de soufre qu’elle enflammait et l’accrochait dans le tonneau.
Quand le vigneron arrivait avec son vieux GMC, elle surveillait le remplissage des quelques tonneaux qu’il emmènerait à la cave avec l’aide de mon oncle Fernand. Oui, celui de mes vacances.
Après quelques jours, de repos. A la demande du client, elle remplirait les bouteilles et les « chopines » avec un entonnoir tapissé de coton pour retenir « la fleur » du vin.
Voilà ce que tout ce que j’ai senti et revu quand j’ai promené mon nez sur le verre de Puligny Montrachet.
Voilà ce que j’ai dit à mon copain.
Il m’a dit « t’as du pot, toi, d’avoir vu des choses comme ça. »
Je me suis dit que oui…
On se le dit toujours un peu tard.

Commentaires

L'essentiel n'est-il pas de se le dire?
Un peu tard n'est pas trop tard.

Écrit par : Rosalie | mercredi, 07 octobre 2015

tu parles souvent de vin ces derniers jours dis donc ;)

Écrit par : pucca | mercredi, 07 octobre 2015

Ah ça change des cochonneries d'hier ;)

Écrit par : Praline | mercredi, 07 octobre 2015

Je trouve très juste la remarque de Rosalie.

Écrit par : Berthoise | mercredi, 07 octobre 2015

Et bien, tu m'as renvoyée dans la cave de mon grand-père ! J'ai vu aussi ces préparatifs, j'ai vu rouler les tonneaux remplis jusqu'à leur place, le robinet et les chopines et maintenant, j'ai l'odeur dans le nez !... Merci de ce souvenir.

Écrit par : lakevio | mercredi, 07 octobre 2015

"Avoir un bon copain c'est c'qui a d'meilleur au monde !" ainsi disait la célèbre chanson . A vous lire, c'est un peu cet état d'esprit gourmand et bon camarade épicurien qui ressort , le gout. Avec du gout justement puisque le déjeuner "blanc " fut donc un délice convivial . Ah ! parler avec un ami entre deux bons plats et une bonne bouteille de vin choisi de main de maître par le mastroquet. Du bonheur qui n'a...pas d'age !

Écrit par : Jerry OX | mercredi, 07 octobre 2015

Alors comme ça tu ne boiras pas de mon eau , mais moi je veux bien partager ton bourgogne qui est certainement mon vignoble préféré. Et le Puligny-Montrachet, n'était-ce pas une hérésie de le transvaser en fûts, puis en chopines ?

Bref, tu m'as fait saliver à l'heure où il n'était pas convenable de le faire et je remarque que si tu n'as pas remarqué la demoiselle du quatrième, l'accorte serveuse a retenu ton attention, moins que le repas d'accord.

Mais il n'est pas trop tard, puisque tes souvenirs deviennent pérennes dès que tu les mets en mots et qu'ils deviennent un peu aussi les nôtres.

Écrit par : Sophie | mercredi, 07 octobre 2015

parfois je me dis que je devrais gouter un bon vin comme ca pour savoir le gout que ça a, pourquoi est ce que je n'ai plus bu du vin depuis plus de 20 ans moi ? j'ai du être une alcoolique dans la vie précédente

Écrit par : maevina | mercredi, 07 octobre 2015

exact! Tu parles beaucoup de vin depuis deux jours!!! J'ai vu ce que tu racontes lorsque j'étais enfant et que je passais les vacances chez ma tante Nous allions chez sa mère qui avait des vignes! J'y ai de très bons souvenirs!

Écrit par : emiliacelina | mercredi, 07 octobre 2015

repas sympathique avec un copain !

Écrit par : liliplume | mercredi, 07 octobre 2015

La même odeur si caractéristique de mon enfance à Olonzac.

Écrit par : mab | jeudi, 08 octobre 2015

Tu vendangeais également?

Écrit par : Livfourmi | jeudi, 08 octobre 2015

Mais non, j'étais trop petit.
Après ce n'était pas le raisin qui m'intéressait...

Écrit par : le-gout-des-autres | jeudi, 08 octobre 2015

Tu t 'es noyé dans le tonneau?

Écrit par : mab | samedi, 10 octobre 2015

Punaise, rien qu'à lire le nom je salive! Pourtant je suis plutôt versée rouge mais là, je veux bien faire exception.
Je me souviens encore d'un Chassagne-Montrachet et d'un Meursault qui m'avaient été offerts pour m'épater, j'étais faible à l'époque, ça avait marché...j'avais été épatée.

Écrit par : Brin de broc | dimanche, 11 octobre 2015

Les commentaires sont fermés.