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vendredi, 16 juin 2017

Gaby le Magnifique…

De rien Mab, de rien...

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Lectrices chéries, vous ai-je déjà parlé de mon père ?
Ce poète farceur et trop gentil qui mena une vie de chien et en fut récompensé en mourant trop tôt ?
Eh bien lui et ma grande sœur furent ceux qui m’emmenèrent le plus souvent au Louvre.
Hier, Heure-Bleue et moi parlions.
Oui, nous parlons.
Encore et toujours et même moi je suis surpris que nous ayons encore tant de choses à nous dire après tant d’années passées ensemble.
Même si les paroles de l’un sortent de la bouche de l’autre, signe que nous radotons de concert depuis un moment.
Heure-Bleue, constatait avec effarement que je n’étais jamais allé à la Comédie Française alors qu’elle y était allée enfant, emmenée par l’école.
Je crois en revanche être allé plus souvent qu’elle au Louvre.
C’était gratuit le dimanche et je crois, je suis sûr, qu’une seule fois ma mère est venue avec mon père et ma grande sœur.
Je me le rappelle bien car ma mère portait des escarpins cette fois là.
C’était donc avant que l’administration ne s’avisât que ça tuait les planchers et interdît les escarpins sur les planchers du Louvre.
Dans la Grande Galerie, celle au bout de laquelle on trouve « Le serment des trois Horace », qui y est toujours, je le sais car je l’ai revu il y a plus d’un an, exactement à la même place qu’il y a à peu près soixante ans,
C’est là donc que mon père lança cette remarque que je n’ai jamais oubliée.
Et pour cause, il la ressortit de temps en temps, toujours avec à-propos et moi-même en usai une fois, ce qui me valut des années de fâcherie avec une dame de la boîte.
De quoi s’agissait-il ?
Une dame, elle aussi en escarpins, toisait les œuvres et les gens du haut de ses talons et vêtue d’un manteau de léopard ou de panthère, bref une bête rare et élégante.
Fière de sa fortune elle avait la démarche méprisante de la châtelaine qui visite ses métayers.
Hélas pour elle, elle souffrait de n’être pas gâtée par la nature et d’un air mauvais accentué par des bajoues de bouledogue.
Mon père qui ratait régulièrement une bonne occasion de se taire, en rata une autre sur le champ.
Il parlait correctement mais hélas avait parfois la voix qui portait.
Il lâcha donc, emporté par l’indignation « Quand même ! Déshabiller de si jolies petites bêtes pour en habiller de si vilaines ! »
Hélas, dans le Louvre de l’époque il n’y avait pas grand monde, pas assez pour absorber le son.
Il fut fusillé sur le champ.
Par la châtelaine d’abord puis par ma mère qui aurait bien voulu un manteau comme ça elle aussi.
« Franchement, Gaby tu me fais hoooonteeee !! »
Il y a des jours, comme ça, où mon père n’était plus « Lemmy »…
N’empêche, « Le serment des Horace » fut témoin de la sortie de mon père.

Commentaires

Je ne connais pas la "démarche méprisante de la châtelaine qui visite les métayers", car en général dans un lieu comme le Louvre, je zappe tout ce qui heurte mon regard !

Tu sais qu'à travers tes écrits, on a de la tendresse pour Gaby, plus encore pour Lemmy, et que, quoique tu écrives, on sent bien quand même ce qui unissait tes parents.

Écrit par : Sophie | vendredi, 16 juin 2017

Mon père m'a laissé en héritage ce trait de caractère : Être généralement distrait mais regarder les gens et les choses autour de moi.
Donc, je remarque ce qui heurte...

Écrit par : le-gout-des-autres | vendredi, 16 juin 2017

Un titre tout en finesse!

Écrit par : livfourmi | vendredi, 16 juin 2017

Un père qui a laissé une sacrée empreinte ...un texte à cœur ouvert avec de jolies métaphores explicites .

Écrit par : Jerry OX | vendredi, 16 juin 2017

Moi j'aurais applaudi à cette phrase criante de vérité...
Il était nature-peinture, en somme ...
¸¸.•*¨*• ☆

Écrit par : celestine | vendredi, 16 juin 2017

J'adore. J'imagine très bien la dame (feu ma belle-mère avait quatre manteaux de fourrure, eh oui, elle était irrécupérable et les manteaux aussi, après son décès - mais elle avait été belle, elle, paraît-il)...

Je ne suis allée qu'une seule fois au Louvre (!) Mais deux fois au Louvre-Lens. Mais le Serment des Horaces (sans compter le cours d'histoire sur les Horace et des Curiace...) je l'ai étudié en cours d'histoire de l'art, je crois même que j'ai fait des croquis.

Et la Comédie Française, je l'ai connue en disques 33 tours, que mes parents louaient à "la Discothèque nationale de Belgique", surtout Molière, le Malade imaginaire (ma préférée), le Bourgeois***, L'Avare, Le Misanthrope, etc. Et peut-être du Racine (mais là, je suis quand même sceptique, ils devaient nous trouver un peu jeunes pour apprécier).

Écrit par : Pivoine | vendredi, 16 juin 2017

Je suis étonnée que ta panthère n'ait pas arboré de capeline. C'est l'accessoire dont se parent les emmerdeuses au musée.

Écrit par : Berthoise | vendredi, 16 juin 2017

Une version moderne des Habits Neufs de l'Empereur, en quelque sorte. Ton père jouant le rôle de la Vérité sans fard; tu as raison d'en être fier!

Écrit par : La Baladine | vendredi, 16 juin 2017

Habituée de ces lieux, j'augmente régulièrement la collection... de peintures d'époque !... J'aurais aimé Gaby et Lemmy. Tu le continues assez bien!
Bises

Écrit par : lakevio | samedi, 17 juin 2017

ton père t'as laissé son empreinte en héritage! Et tellement de bons mots en souvenirs!
Les chiens ne font pas des chats!

Écrit par : emiliacelina | dimanche, 18 juin 2017

Je rabâche, j'adore ton père.

Écrit par : mab | dimanche, 18 juin 2017

Si si ! Je me rappelle très bien de ton père dont tu parles parfois avec tant de tendresse !

Écrit par : Gwen | lundi, 19 juin 2017

Les commentaires sont fermés.