lundi, 14 mai 2018
Un seul instant...
Depuis le temps que j’attendais le moment où elle aurait besoin de moi.
J’étais près d’elle sans qu’elle pensât à me demander « mais qu’est-ce que tu veux ? »
Pas une rebuffade à l’horizon.
Pas un soupir agacé le second mot à peine prononcé.
Pas un mouvement de la main comme pour chasser un moucheron passant devant son visage.
Pas une seule remarque acrimonieuse.
Simplement plus agréable que je ne l’avais jamais connue.
Surtout avec moi.
J’aurais préféré quelque chose de plus héroïque.
Quelque chose qui après le soulagement d’avoir échappé à un sort funeste l’aurait poussée à se jeter dans mes bras.
Mais bon, c’était mieux que rien.
Et puis, je l’avais bien aidée quand même !
J’avais bien tenté de la soulever en la prenant par la taille pour qu’elle pût attraper les branches de lilas dont cet avril était prodigue.
J’avais sans doute présumé de mon charme car dès que j’eus avancé les mains vers elle, elle m’avait jeté un regard qui disait clairement « N’y pense même pas ! »
J’ai donc sauté pour attraper la branche et la baisser suffisamment pour qu’elle choisît les rameaux qui lui plaisaient le plus.
Elle a ri quand elle m’a donné une tape sur la main et que j’ai relâché la branche qui a envoyé mes lunettes sur le chemin.
J’ai aimé son rire.
J’ai aimé ses yeux bleus qui me regardaient gentiment.
J’ai aimé quand elle s’est penchée sur le porte-bagage pour attacher le bouquet.
J’ai aimé quand elle s’est assise sur la selle de son vélo.
J’ai aimé quand elle a crié « Oh non ! Pas maintenant ! »
J’ai aimé, même si j’ai eu quelque inquiétude, quand son vélo a eu un trajet erratique.
J’ai aimé quand elle a dit « Aide moi ! »
Nous nous sommes arrêtés, elle m’a tendu le guidon de son vélo en disant « je crois que le pneu avant est crevé… Tu peux faire quelque chose ? »
Elle m’a dit ça si gentiment, avec juste ce qu’il faut de supplication dans la voix et le regard pour que je ne puisse me dérober.
J’ai démonté la roue avant, ai trouvé le petit clou qui trouait la chambre à air, me suis sali les doigts en mettant la « dissolution » qui collerait la rustine.
Pendant que j’étais à genoux, le visage à hauteur des plus belles hanches que j’aie jamais vues, il me vint une idée.
J’allais tenter un truc qui pourrait marcher, je connaissais quelqu’un pour qui ça avait marché.
Alors, le dernier tour de la « vis papillon » donné, j’ai levé les yeux vers elle et ai commencé :
« C’est qu’un matin d’avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s’assit muet à tes genoux ! »
Elle m’a regardé bizarrement, a haussé les épaules et m’a dit « T’as oublié de regonfler la roue ! »
Bon si j’avais moins chevroté, ça aurait peut-être marché...
07:45 | Commentaires (14)
Commentaires
oh! la douche :-)
oh! l'ingrate ;-)
Écrit par : Adrienne | lundi, 14 mai 2018
Et vlan!
Écrit par : mab | lundi, 14 mai 2018
Marrant ! Par contre le tableau bof...
Écrit par : marie | lundi, 14 mai 2018
La pauvre enfant, elle n'a pas la veine poétique ...
contrairement à toi.
Écrit par : Sophie | lundi, 14 mai 2018
Non mais, franchement, est-ce qu'elle a une gueule poétique ?... Bon, allez, je plains son coeur endolori...
Écrit par : lakevio | lundi, 14 mai 2018
Très bien raconté et très drôle ! Mais je confirme : essayer de séduire les filles avec du Rimbaud, ça ne marche pas : ça fait un an que j'essaie et je ne fais rien qu'à énerver tout le monde ! ;-)
Écrit par : Joe Krapov | lundi, 14 mai 2018
Il y a toujours le risque de se prendre un râteau comme disait mon fils... perdre ses lunettes en plus... pas de chance...
Écrit par : Pivoine | lundi, 14 mai 2018
Même pas reconnaissante...
Écrit par : tanette2 | lundi, 14 mai 2018
Elle a de jolis yeux, un corps bien fait mais c'est une ingrate, voilà, le vernis ! Pauvre garçon, en plus il a failli y laisser ses lunettes :-)
Écrit par : Praline | lundi, 14 mai 2018
ne regrette rien .... elle n'était pas pour toi.... tu aimes les belles jambes et es siennes ...bof Tu as vu ses genoux ?????
Écrit par : emiliacelina | lundi, 14 mai 2018
elle soupire après un autre, ça se voit !
Écrit par : ang/col | lundi, 14 mai 2018
J'adore la chute, pas celle des lunettes, mais celle de l'histoire ! Pauvre garçon, si dévoué !
Écrit par : Délia | lundi, 14 mai 2018
Mais elle ne te méritait pas ! Cela t'a laissé libre pour rencontrer la lumière de tes jours !
Écrit par : Gwen | mardi, 15 mai 2018
Parfois, ça tient à si peu de chose !
Écrit par : Vero | lundi, 21 mai 2018
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