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mardi, 09 juillet 2019

Hexamètre

À fouiner dans ma mémoire pour y trouver quelque chose à vous raconter, m’est revenu un petit poème que je reçus il y a bien longtemps, en 1968 si je me rappelle bien.
Je ne sais pourquoi il m’est revenu alors que je n’avais rien de particulièrement licencieux en tête.
Et ne rêvez pas, je ne vous le dirai pas.
N’y songez même pas !
Je vous rappellerai seulement les circonstances dans lesquelles il m’est parvenu il y a cinquante-et-un ans.
À dire vrai, je vous en avais déjà fait part mais je ne résiste pas au plaisir de vous le raconter de nouveau.
Mais sans le poème en question évidemment…

Lectrices chéries, je devais avoir dix-neuf ans et ma sœur cadette qui en avait dix-huit fréquentait assidûment un garçon.
Ils se fréquentaient même si assidûment qu’un jour, au moment de mettre la clef dans la serrure je fus arrêté net par un chant que normalement on n’entend pas et que surtout on n’entend pas sortir d’une chambre avant que monsieur le maire n’y ait mis bon ordre.
Je suis donc redescendu boire un café au bistrot en bas de chez nous pour ne pas déranger.
Si ma mère avait eu idée des connaissances de son oie blanche supposée et préférée, elle aurait traîné le garçon à la mairie sur le champ, un fusil dans le dos.
Les parents de nos deux tourtereaux se rencontrèrent donc et il y eut une petite fête donnée dans le restaurant d’un petit bled de la région Rhône-Alpes.
Il y avait là quelques amis des parents du futur mari dont un couple qui avait une fille de dix-huit ans itou.
On lui aurait donné le bon dieu sans confession et j’avais sympathisé avec elle.
Nous avions dansé ensemble tous, absolument tous, les slows de la soirée.
Elle était très brune et avait une peau diaphane et des yeux clairs, de ceux qui justement me chavirent.
Les meilleures choses ayant une fin, nous nous sommes séparés sur un léger baiser sur la joue mais non sans qu’elle ne m’ait donné l’adresse du pensionnat où lui écrire.
Elle était dans une pension de bonnes sœurs du coin.
À peine revenu à Paris, je lui envoyai une lettre.
Nous avons alors commencé une correspondance soutenue à raison d’une lettre tous les deux ou trois jours.
Ces lettres, de convenues au début devinrent plus affectueuses.
Les semaines passant nous avons commencé à échanger des poèmes.
Puis des lettres d’amour.
Vous savez, lectrices chéries, combien j’aime tartiner…
Ça dura plusieurs semaines, puis, comme dit la « presse people », ça devint de plus en plus « hot ».
Nous étions devenus les champions de l’hexamètre licencieux, de l’alexandrin érotique, de l’octosyllabe leste, de l’acrostiche cochon.
On s’envoyait des poèmes à lire en diagonale, où d’autres encore dont la lecture du dernier mot de chaque vers ne laissait aucun doute sur ce que nous ferions si nous nous retrouvions seuls un moment.
C’est le souvenir du dernier de ces poèmes qui motive ce billet et prouve qu’elle n’était pas aussi innocente que ses parents l’auraient souhaité.
Ce qui en dit long sur la qualité de l’enseignement dans les écoles religieuses…
Tout cela aurait pu se solder par une belle histoire –de coucherie sans doute- sans la malchance qui fit qu’un jour, crac ! Plus de réponses du tout.
J’envoyais toujours aussi régulièrement des lettres qui restaient sans réponse.
Je finis par abandonner, la mort dans l’âme.
J’appris lors du mariage de ma sœur cadette que la fameuse brune avait été virée de son école de bonnes sœurs avec pertes et fracas parce quelques unes de mes lettres et les brouillons des siennes avaient glissé sous son lit et avaient été trouvées bien sûr par une des sœurs…

Commentaires

En as-tu été marri ? Et personne chez toi n'a eu vent de cette mésaventure ?

La povrette n'avait pas trouvé une cachette (tu aurais dû lui indiquer la tienne)....

Écrit par : Sophie | mardi, 09 juillet 2019

Rien de tel qu'une éducation répressive pour donner des idées..

Écrit par : ang/col | mardi, 09 juillet 2019

La question est, qu'ont fait les bonnes sœurs de tes lettres après le renvoi de sa destinataire ?
Destruction, lecture ? :)

Écrit par : Fabie | mardi, 09 juillet 2019

Quand la Directrice débarquait dans la classe en faisant claquer ses talons aïe aïe !

Écrit par : Nina | mardi, 09 juillet 2019

Qu'ont fait les nones, des lettres, après le départ de leur destinataire ? Ma foi ? peut être les ont elles lues et s'en sont inspirées. Cela devait donner de belles coures poursuites dans le presbytère voisin !

Écrit par : delia | mardi, 09 juillet 2019

Je me doutais bien que ça allait finir ainsi. Le moyen de faire autrement dans un couvent... Je ne suis pas toujours sûre qu'une correspondance hot ait forcément cette conclusion là. Ou peut-être pas... l'attrait du mystère fait tout.

Écrit par : Pivoine | mardi, 09 juillet 2019

Et tu n’ as jamais été poursuivi ???

Écrit par : Manoudanslaforet | mercredi, 10 juillet 2019

Il y a peu, j'ai relu les lettres que nous nous envoyions avec mon mari quand j'étais à Paris - d'ailleurs, je me tâte pour savoir si je les détruis ou non, comme l'ont fait ma belle-soeur et mon beau-frère qui s'écrivaient tous les jours quand l'amoureux faisait son armée -
Que nous étions sages dans nos mots ! Moi, je me suis surtout rendue compte que je ne faisais qu'attiser sa jalousie et lui réclamer du fric.

Écrit par : julie | jeudi, 11 juillet 2019

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