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lundi, 09 décembre 2019

Devoir de Lakevio du Goût N°19

 

devoir de Lakevio du Goût_19.jpg

Sur cette plage étrange, je pressens des évènements surprenants se déroulant sous la lumière de la Lune
(Et ne dites rien, le TLF dit que l’on peut mettre un accent grave à « évènement » comme le laisse entendre la prononciation).
Dites nous ce que vous inspire cette inquiétante lumière traversant avec difficulté ces nuages tempétueux.
Je vais tenter quant à moi d’y lire quelque chose d’ici lundi…  

La Chose se réveilla.
Ça faisait des centaines d’années qu’elle n’avait rien mangé mais son métabolisme le lui permettait.
Comme les tiques, un repas tous les deux ou trois siècles lui suffisait.
Léger le repas…

***

La vieille Euphrosine poussa le rideau d’un doigt et regarda dehors.
Elle sentit une onde de peur la parcourir.
Elle ne savait pas exactement mais depuis toujours sa famille lui parlait de ça.
De génération en génération on se passait le message ici :
« Si tu vois ce ciel là, avec la Lune comme ça derrière les nuages bleus, ne sors pas ! Ne sors jamais ! N’écoute rien ! Bouche toi les oreilles ! Et surtout ne rêve pas cette nuit là ! »

***

Je suis sorti tranquillement, on m’avait dit au café du coin d’être prudent mais rien de plus.
De fait, à la lumière de la Lune, la couche nuageuse donnait à cette côte irrégulière des nuances bleutées quelque peu inquiétantes mais le temps était doux alors je suis allé vers le bord de mer.
J’ai entendu chantonner dans l’obscurité.
Le bruit du ressac couvrait parfois la voix douce qui chantait.
J’ai été attiré par le chant.
Il ne pouvait venir que de la gorge d’une sirène j’en étais sûr.
Alors je me suis approché du rivage et je l’ai vue...
Elle avait deux petits seins absolument magnifiques et était semble-t-il assise dans l’eau.
Sa peau était si pâle qu’on l’eût crue faite de nacre sous la clarté vaguement bleue de la Lune.
Dans cette lumière dispensée parcimonieusement par la blanche Lilith, j’ai cru remarquer qu’elle avait des yeux bleus mais tout était bleu.
Elle avait aussi des cheveux presque clairs et bouclés qui habillaient délicieusement ses épaules pâles.
Alors, malgré ma frilosité congénitale je me suis avancé dans l’eau.
Elle s’est légèrement redressée jusqu’à laisser entrevoir un bassin que je supputais accueillant et m’a tendu les bras.
Un détail m’a chiffonné sans que je puisse dire quoi sur l’instant.
Elle  m’a pris par le cou puis m’a attiré en me tendant ses lèvres.
Là j’ai su qu’il était trop tard.
Ce qui me chiffonnait m’est revenu tout à coup.
Elle n’avait pas de nombril et m’entraînait au fond de l’eau avec une force irrésistible.
Elle n’avait pas de jambes mais des tentacules dont je ne pouvais pas me dépêtrer !
Quand les dernières bulles de ma dernière inspiration ont crevé la surface, j’ai simplement pensé « Oh ! La salope !Non mais quel con aussi ! »
Puis il y a eu ce voile noir…

***

La Chose replia ses tentacules et se retira au large d’une grande pulsion de son corps oblong.
Au loin, elle s’enfonça dans l’océan et se rendormit.

***

La vieille Euphrosine entendit bien ce gargouillement mais l’attribua à quelque ivrogne vomissant en sortant du bistrot.
Elle se retourna dans son lit et se rendormit.
Elle rêva qu’elle nageait jusqu’à une grotte sous-marine où elle s’endormait pour longtemps.
Elle avait un mauvais goût dans la bouche…