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mardi, 10 décembre 2019

Le domaine des vieux.

De rien, Mab… Désolé mais rien à voir avec Astérix.

Je lis souvent que les « baby-boomers » dont je fais partie se sont « goinfrés » et qu’on a laissé la facture à nos enfants.
Ceux qui répandent ce genre de chose sont coupables et malhonnêtes.
D’abord de ne pas remarquer que l’emploi a disparu, envoyé dans des endroits où l’esclavage est devenu « le travail moins cher parce que l’employeur n’est pas écrasé par les charges ».
Ils sont en outre malhonnêtes car ils oublient, et je soupçonne que c’est sciemment,  que non seulement nous avons nourri des parents qui ont peu cotisé, souvent des grands-parents qui n’ont pas cotisé du tout.
Et que nous avons élevé des enfants pour qui nous avons payé des impôts pour les soigner, les transporter et les éduquer.
Oui, ceux là même à qui on explique qu’ils doivent nous cracher à la figure et nous rendre responsables de la maigreur de leurs revenus.
C’est donc une querelle assez malvenue.
Quand j’ai commencé à travailler, même si c’est tard car j’ai été fainéant avant d’être une charge pour les actifs,  je travaillais donc et cotisais lourdement et sans me plaindre pour payer la retraite de parents qui avaient travaillé et cotisé peu et tardivement pour cause de guerre.
Pour nourrir aussi des grands-parents qui n’avaient pas cotisé du tout…
Malgré tout, ces « vieux » ont mangé et ont même pu aider les plus impécunieux d’entre nous, leurs enfants et petits enfants.
J’ai donc lourdement cotisé pour payer les retraites de gens que je ne connais pas et il ne m’est jamais venu à l’idée de le leur reprocher.
Avec un culot d’acier, « On » me jette à la figure que je me suis gobergé sur le dos de mes enfants, que j’ai allègrement claqué le pognon et que je laisse la facture à mes enfants.
Ouaip, lectrices chéries, « On » me dit ça.
Et pas n’importe qui.
Me le disent ceux dont justement le boulot consiste entre autres à assurer la cohésion de tout un peuple, à éviter que l’on ne se déchire entre nous et que l’on trouve les moyens de faire qu’il n’y ait pas de gens rejetés de la communauté, du moins un minimum.
Pour ça, j’ai donc travaillé et cotisé.
J’ai connu, sans en bénéficier, une retraite fondée sur cent-cinquante trimestres cotisés, indexée sur les salaires et prenant en compte les dix meilleures années de revenus et de plein droit à soixante ans.
En moins de trois décennies, elle est devenue une retraite fondée sur cent-soixante-douze trimestres cotisés, indexée sur rien du tout depuis 2012 et de plein droit à soixante sept-ans.
Autant dire, vu la conjoncture de l’emploi, c’est fabriquer beaucoup de travailleurs vieux et pauvres qui deviendront des retraités miséreux qu’il faudra aider d’une façon ou d’une autre.
D’où le futur reproche de « pognon de dingue » qui va arriver à coup sûr…
La minceur certaine des retraites ne rendra pas invisible très longtemps la maigreur de salaires et un peu de réalisme devrait permettre de constater que même le « système universel » envisagé sera tellement truffé de « cas particuliers » pour tenir compte de la diversité des métiers qu’il y aurait donc autant de « régimes spéciaux » que dans l’ancien système.
J’en retire qu’un ministre est bien plus efficace qu’un syndicat pour bloquer le pays…