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lundi, 16 décembre 2019

Devoir de Lakevio du Goût N°20

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Avec leur grève je me retrouve coincé à Petaouchnok.
Enfin, pas tout à fait là mais dans la banlieue de Petaouchnok.
Te foutrais tout ça à la retraite, moi, avec un régime vraiment spécial…
Genre piqûre…
Comme si je n’avais que ça à faire, marcher encore des kilomètres !
De kilomètres en kilomètres, je me suis retrouvé en pleine campagne.
Je commençais à avoir faim quand je suis passé devant une ferme.
Tout était éteint, des couche-tôt dans ce coin, pour dîner c’était fichu alors j’ai continué..

C’est un peu plus loin, peut-être un kilomètre, devant ce qui semblait une des dépendances de la ferme, peut-être bien une étable, que j’ai entrevu une lumière vacillante.
Je me suis approché, craignant qu’un incendie ne se soit déclaré.
J’ai jeté un regard à l’intérieur, entre les planches disjointes de la grange.
Cette lumière n’était pas un incendie.
Je n’ai d’abord vu que deux personnes qui se tenaient là, dans la lumière d’une chandelle, l’air ébloui regardant quelque chose posé sur la paille.
La femme regardait la chose comme si c’était le bon dieu…
Oui, un gosse, vaguement enroulé dans un chiffon, était posé sur la paille.

Il n’y avait pourtant pas de quoi être ébloui parce qu’avec un peu de jugeote on comprenait qu’une longue vie d’emmerdements débutait là.
Ah ça, le gamin n’aurait pas froid, c’est sûr avec la fièvre carabinée qui l’attendait avec ce bœuf qui se penchait sur lui.
Bon départ, ça ! Le môme allait débuter directement par la fièvre aphteuse.
Ou bien finir piétiné par le bœuf.
A moins que ce ne soit par l’âne qui attendait que le bœuf ait fini de lui souffler ses miasmes pour en faire autant…
Pour ne rien arranger, sa mère était voilée et le mec à côté, probablement son père, portait une djellaba.
Il regardait le rejeton et avait l’air emmerdé des pères dans ces affaires.

Pauvre gosse… À tous les coups, encore un petit rebeu…
Je suis sûr que les parents étaient des « étrangers en situation irrégulière ».
Des migrants, quoi.
En plus, ça avait beau être calme, ça faisait quand même un peu nouba, dans l’étable.

Eh oui... Une fois accoutumé à  la pénombre j’ai vu les trois autres…
Déjà il y a un black, ça n’arrangeait rien parce que dans ce bled, si t’es pas blanc, rien que si t’es basané, tu te fais salement regarder de travers.
En plus il était « fringué dorure », genre marabout à Château Rouge qui a réussi.
A tous les coups, demain le village va lancer un avis de ratonnade…

Et puis il y a ce « noich », à tous les coups on va l’accuser d’avoir bouffé le chat qui dormait dans l’étable.
Le troisième, c’est un Gaulois, comme vous et moi.
Enfin comme nous si on était riche…
Si ça se trouve c’est un type du Crédit Agricole qui essaie de leur placer un compte épargne retraite vu l’ambiance ces temps-ci.

Ils sont « sapés voyant » mais bon, aujourd’hui tout le monde s’en fout.
Quand même, je ne peux pas laisser ce môme comme ça.
Mal surveillé par des parents incapables, avec une mère qu’a l’air de croire que c’est le bon dieu qu’on dirait une mère juive, bref complètement paumés.
En plus il est maté par des types bizarres, limite piétiné par un bœuf et un âne.

Alors je me suis éloigné, j’ai sorti mon portable et appelé les pompiers avant qu’il y ait un drame.
Ce gamin va mal finir, c’est sûr et on va encore en parler pendant des siècles...