lundi, 02 mars 2020
Devoir de Lakevio du Goût N°28
Cette toile me raconte une histoire...
Et à vous, que dit cette toile d’Aldo Balding ?
Dites lundi ce que cette image vous inspire…
« Ben mon colon ! Elle en fait, une tête ! »
C’est la première réflexion qui m’est venue à l’esprit quand je suis entré dans ce restaurant.
J’arrive tard, peut-être même le service est-il terminé, mais j’ai faim.
J’ai faim de tant de choses…
Je ralentis dans la rangée, j’avance plus lentement en la regardant.
Je lui trouve un air décidément trop « pincé » mais c’est probablement parce qu’elle bout intérieurement.
Ça lui donne un air peu aimable, un air qui ne pousse pas à l’aborder.
Je ne sais pas ce qu’elle rumine, je suis sûr qu’elle rumine.
Je suis indécis quant à ce qu’elle fait réellement, assise là.
Attend-elle un convive ?
Un commensal lui aurait-il fait défaut ?
Puis, regardant la table avec un peu plus d’attention je remarque la coupelle, celle qui dit qu’une addition a été déposée là.
J’avance d’un pas de plus en plus lent en continuant à m’interroger.
La coupelle, que je vois clairement maintenant, ne contient que le ticket de caisse, une minuscule « facturette ».
Le repas est donc terminé.
Devant elle, deux verres, un verre à vin, vide, et un autre plus grand, contenant encore un peu d’eau.
En y réfléchissant un peu, je me dis qu’elle a déjeuné seule.
Mon dieu, cette tête !
Ça n’incite pas à lui conter fleurette…
Pourtant, malgré cet air renfrogné je lui trouve quelque chose d’extrêmement tentant.
Peut-être parce qu’elle porte un chignon désordonné, j’ai toujours aimé les chignons.
J’ai toujours aimé les voir se défaire sous des mains expertes.
Je suis sûr que quand elle se prépare pour la nuit, elle a dans la salle de bains ces gestes que j’ai toujours trouvés magiques dont je me suis toujours demandé comment les femmes y parviennent.
Les bras relevés et les mains derrière la tête, brodant avec talent des cheveux qu’elles ne peuvent pourtant voir.
C’est le plus bel exemple que je connaisse de ce que certains appellent « proprioception », quoi que cela veuille dire…
Et puis, avançant toujours lentement entre les deux rangées de tables, je remarque sa peau.
Une peau délicieusement claire qu’on a envie de toucher.
Elle a vraiment de jolies épaules.
Plus près j’entends son souffle contraint par la colère quand elle expire par le nez.
Alors j’ose :
- Il n’est pas venu, hein…
Elle lève la tête vers moi et lâche, toujours en colère :
- Non… Il n’est pas venu, ce lâche…
Un peu refroidi, je tente tout de même, tenté par ce mouvement délicat des épaules quand elle m’a regardé :
- Un autre café ? Malgré tout ?
Elle regarde de nouveau la rue au travers de la vitrine.
Mon dieu ces épaules !
Elles donnent envie de passer doucement le bout des doigts dessus.
Elle se retourne et me dit, un peu réservée tout de même :
- Merci, avec plaisir…
C’est là que je vois qu’elle a de magnifiques yeux bleus.
Je voudrais tant qu’elle abandonne cette réserve et me permette de lui offrir plus qu’un café.
Je suis sûr qu’elle aussi a tant à offrir…
Aahhh… Faire en sorte qu’elle offre, obtenir la permission de recevoir ce cadeau et lui en offrir un qui lui agréera…
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