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lundi, 20 septembre 2021

Devoir de Lakevio du Goût N° 97.

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Quand elle est montée dans la rame de la ligne « Q » à Canal Street, elle comptait bien rêver tranquillement jusqu’à la station « 86th St ».
Elle prendrait la 86ème rue jusqu’à Central Park, y entrerait et longerait le « Reservoir » jusqu’à la hauteur du Musée du Judaïsme » où « Il » l’attendait…
Elle chantonnait dans sa tête « Take the A train » de Duke Ellington.

Elle allait justement vers Harlem et c’était bien…
Son « smartphone » vibra dans sa poche.
Elle le tira prestement et lut « Désolé, je ne peux pas… »
Elle avait bien vu une série où un type plaquait une fille en posant un « post-it » sur l’écran de son PC, mais là…
Avec un « SMS » !
Elle ne pensait pas que ça pouvait exister.
Évidemment elle avait déjà vécu des séparations, c’était rarement agréable.
Mais jusqu’à présent au moins c’était elle qui plaquait les mecs.
Il y avait aussi ces séparations insupportables quand on est adolescente et qu’un garçon vous lâche la main pour passer le portillon du métro.
Mais c’était tellement bien quand il te reprenait la main, entrelaçant ses doigts aux tiens.
Quand il n’osait même pas t’embrasser en public et pas trop en privé non plus.
Ça laissait un souvenir autrement agréable.
Les années passant, elle avait appris de quoi il était question in fine…
C’était parfois très bien, souvent beaucoup moins.
Mais lui, même si c’était depuis peu, c’était bien.
Toujours bien.
Bon, elle en avait fait une question de principe, ça doit être un effet secondaire de l’amour…
Puis un tremblement irrépressible la saisit et les larmes lui montèrent aux yeux.
Pourtant elle en était sûre !
C’était « Lui », le vrai, le seul, celui qu’elle aimait et dont elle était quasi sûre que c’était réciproque.
À dire vrai, selon l’expression du moment, elle était « raide dingue » de ce blond d’origine suédoise.
Elle avait échafaudé mille stratagèmes pour l’approcher.
Elle avait enfin réussi à lui faire croire que c’était lui qui l’avait draguée et proposé un rendez-vous.
Et il la plantait là avec un SMS !
Elle s’effondra sous la vague de chagrin qui l’avait envahie.
Jamais elle n’avait ressenti cette sensation d’abandon, grave, profonde qui la laissait totalement désemparée sur la banquette du métro.
Seule ! Terriblement seule soudain.
Pour la première fois de sa vie elle faisait l’expérience de la solitude, la vraie, celle de l’abandon.
Elle reprit son « smartphone », relut le « SMS », de nouveau le larmes rendirent troubles les mots « Désolé, je ne peux pas… »
Elle s’essuya les yeux, joua rapidement des deux pouces pour écrire « Mais pourquoi ? »
Elle pleura encore un coup.
Le « smartphone » vibra, elle « cliqua » et lut « Parce que tu n’es pas juive ! Ma mère me l’a dit ! »
Elle fut scandalisée !
Elle n’avait jamais vu la mère de Simon mais elle savait bien qu’on ne pouvait pas savoir comme ça si quelqu’un était juif ou non.
Ici, les mecs, juifs ou non, étaient quasiment tous circoncis.
Mais les filles ! Comment pouvait elle savoir ?
Rien ne l’indiquait, absolument rien.
Je suis américaine.
Je m’appelle Johnson.
Khadija Johnson…