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mercredi, 22 septembre 2021

Pourquoi utiliser dix mots quand mille mots font l’affaire ?

 

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Vous allez me dire, lectrices et lecteurs chéris, que je radote.
N’insistez pas non plus en disant « Mais il se tire une balle dans le pied avec son titre ! »
Alors que non, je rappelle simplement l’évolution d’une maladie qui s’étend plus insidieusement que le Covid-19 mais reste hélas sans vaccin à ce jour.
La prophylaxie qui pourrait l’éviter reste peu suivie quoique simple.
Il suffirait de se rappeler qu’on est allé à l’école pendant des années et qu’on y a côtoyé des œuvres littéraires et s’en rappeler la richesse du vocabulaire…
Ça éviterait des poussées de cette maladie qui pollue les media au point que n’importe quel personnage sortant des grandes écoles crée un néologisme pour cause de pauvreté lexicale dramatique.
Ce qui était une affèterie il y a quelques décennies devient l’urticaire géant qui défigure une langue qui était reconnue pour sa précision, son élégance et son sens des nuances.
Il y a quelque temps, j’avais avec difficulté compris que « se rendre dans les territoires de la ruralité » signifiait après traduction en vrai français des classes de primaire « aller à la campagne » ou « se rendre en province ».
Un peu plus tard, en me rendant au musée Jacquemart-André, je poussai un soupir de soulagement en apprenant que je n’étais plus « handicapé ».
Je me sentis mieux jusqu’à ce que la lecture attentive du ticket me montre que la mention « Gratuité » était suivie d’une ligne de texte assez longue.
Hélas cette ligne me désignait à l’attention des foules comme « Visiteur en situation de handicap ».
Je laissai tomber cette étude des déviations de la langue en ayant créé une sorte de « traducteur-ricaneur » qui transformait automatiquement les trop courants « je suis maintenant en capacité de » en « je peux » et les « après m’être mis en situation de pouvoir pour » par « apte à ».
Je laissai alors passer les discours en haussant les épaules ces faux émules de Lacan qui pensent sans cesse que le langage est incapable de traduire leur pensée alors que manifestement, non seulement trop souvent ils ne pensent pas mais en plus étalent complaisamment un manque de vocabulaire criant.
Cela dit, je n’était pas arrivé au bout de mes surprises.
Hier, à l’heure du déjeuner, si le repas avait été prêt, je me serais étouffé dès la première bouchée.
Un homme, « interviewé » par France-Inter me jeta à la face « J’utilise avec ces jeunes la méthodologie pédagogique du ‟pratiquer pour apprendre”. »
J’ai failli tomber de ma chaise !
J’en avais entendu, des preuves que le verbiage remplaçait le discours mais je n’avais jamais entendu user de tant de mots pour remplacer « apprentissage »…
Cette émission m’a fait comprendre pourquoi le premier auteur venu pond un bouquin de huit-cents pages alors que le même aurait au plus compté deux-cent-cinquante pages il y a vingt ans…