lundi, 21 février 2022
Devoir de Lakevio du Goût N°114
J’espère que vous serez inspirés par cette toile de Van Gogh.
Elle m’inspire, cette image du nomadisme dite « Les roulottes, campement de Bohémiens ».
L’arrivée du printemps est toujours pour moi « L’invitation au voyage ».
Surtout ces temps-ci !
À lundi j’espère…
J’en ai marre ! Tous les ans c’est la même chose.
Déjà, gamin, les « romanichels » venaient faire des numéros d’acrobatie en bas de chez moi.
Une chèvre un peu idiote montait à un escabeau, puis, arrivée en haut, « gueuchait » selon le mot de ma mère, sur une espèce de tabouret si étroit que ses quatre sabots avaient du mal à y tenir ensemble.
Un roulement de tambour saluait l’exploit et, le tambour à peine muet, une nuée de gamins et gamines arpentait la rue en agitant des assiettes vides.
On ne savait pas trop si ces enfants étaient sales ou bronzés mais j’ai su plus tard que c’était les deux car plus tard je suis revenu de colo dans le même état…
En les voyant arriver ma mère prenait, difficilement car elle était un peu ladre, ou alors elle n’était pas riche, en réalité plutôt les deux, une pièce de cinq francs.
Non, ne rêvez pas, elle ne prenait pas une pièce en argent avec la semeuse, elle prenait la vieille, celle en aluminium avec la francisque d’un côté et Pétain de l’autre, dite « de cent sous », qui eut cours jusqu’au début des années soixante.
Après l’avoir sortie de son porte-monnaie, avec un soupir à fendre l’âme d’un usurier, elle l’enveloppait d’un morceau de papier journal, se penchait à la fenêtre et la jetait aux « romanichels ».
Déjà, ces « gitans » passaient tous les ans à la même époque, début novembre.
Et je suis toujours là.
Ma mère nous avait menti.
Elle nous disait que si on sortait tout seul, eh bien les « romanichels » allaient nous emporter, comme ils le faisaient toujours avec les enfants.
Surtout ceux qui ne sont pas sages.
Et moi je sais bien qu’on n’a pas été sage.
En tout cas pas tout le temps.
Cette année ils semblent en retard.
Ou ils ne passent pas dans mon quartier.
Ou ils ont été expulsés…
En attendant, pour le reste, c’est pareil depuis que je suis né, on me promet de la pluie et du froid.
Et comme tous les ans, je me mets à attendre le printemps.
Cette époque bénie où les filles ne ressemblent plus à des cosmonautes.
Ce moment où elles ont des jupes courtes et une peau en peau.
Pas une peau en Goretex…
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