lundi, 24 octobre 2022
Devoir de Lakevio du Goût N°140
140ème devoir de Lakevio du Goût
J’ai été un poil effrayé par cette toile d’Edward Hopper.
Mais vous ?
Qu’en direz-vous lundi ?
C’est son geste de danseur pour attraper mon chapeau emporté par un coup de vent qui m’avait charmée.
Oh ! Quelque chose de ténu, pas l’emportement d’une passion soudaine, non, la simple appréciation d’un geste élégant…
Il me l’a tendu et m’a dit « un café vous remettrait-il de vos émotions ? »
Il avait une voix agréable et un sourire circonscrit à ses yeux alors j’ai accepté.
Que risquais-je ?
Je n’avais jamais eu aucun commerce avec un homme et celui-ci me semblait intéressant.
Assis dans un café, j’ai passé un moment délicieux avec quelqu’un de disert, attentionné et drôle.
Mais pour le reste, aucun remuement chez moi.
Rien de ce dont j’avais entendu ou lu sur le sujet ne m’attirait
Ne me demandez pas pourquoi…
Néanmoins, quand il m’a demandé « M’accompagneriez-vous jusque chez moi ? »
J’ai dit que je ne savais pas si…
Il a insisté « J’habite plus loin, une maison qui surplombe la mer, vous verrez c’est simple, la vue est dégagée et on peut accéder directement à la plage en sortant par l’arrière de la maison. »
Il avait l’air si rassurant que je l’ai suivi, sans plus de méfiance que si j’avais suivi un chat qui se serait frotté contre ma jambe.
Le culot et l’indiscrétion de ces animaux m’avaient toujours stupéfiée.
Là, ce fut la même impression qui me saisit.
Un peu trop tard…
La porte a claqué derrière moi.
Il m’a dit d’une voix changée, agréable mais plus insistante « Asseyez-vous là. » en tendant un doigt impérieux vers un canapé.
Je me suis retournée et l’ai regardé.
C’est là que j’ai compris, et brutalement, le sens de « Je vais passer à la casserole. »
Et je ne voulais pas !
Je n’étais pas une poulet qu’on rôtissait à sa guise !
Son regard ne riait plus quand il s’est approché.
J’ai cherché où m’enfuir, une des portes était entrouverte, je m’y suis précipitée quand je l’ai entendu courir derrière moi.
J’ai ouvert la porte en grand et me suis arrêtée soudain puis collée contre le mur, effrayée par le vide qui me faisait face.
Il arrivait, soufflant, prêt à me saisir alors je me suis rapidement accroupie.
Il s’est lui aussi arrêté devant le vide.
Je n’ai eu qu’à le pousser pour qu’il perde l’équilibre et tombe.
Ça aurait pu se limiter à un bain forcé pour lui mais hélas il s’est cogné la tête sur le seuil.
L’eau ne l’a pas réveillé.
À le voir immobile dans l’eau, je l’aurais volontiers secouru mais je ne sais pas nager.
Je l’ai regardé dériver, puis couler.
Après tout, il ne l’a pas volé…
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