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lundi, 07 novembre 2022

Devoir de Lakevio du Goût No142

Devoir de Lakevio du Goût_142.jpg

J’ai peur de savoir où mène cet escalier sorti de l’imagination d’Anne-Françoise Couloumy.
L’histoire commencerait par « Dans l’escalier étroit leurs souffles se mêlaient. »
Si en plus elle se terminait sur « À chaque fois tout recommence
Toute musique me saisit », ce serait parfait…
J’espère vous lire lundi.

« Dans l’escalier étroit leurs souffles se mêlaient. »
C’est ce vers de Victor Hugo qui m’est venu à l’esprit quand que suis passé de nouveau dans ce passage.
Le « Passage du Désir », si bien nommé quand j’y repense…
Ce petit immeuble un peu lépreux qui abritait ce qui fut un refuge et qui devint sa tombe.
Ce petit bâtiment dont l’entrée n’était éclairée que par la lumière de la loge d’une bignole effroyablement indiscrète et dont l’escalier ne s’éclairait qu’en montant chez « Elle ».
Peut-être après tout était-ce « Elle » qui dispensait la lumière, allez savoir…
En attendant, je retournais dans cet immeuble chaque fois que le spleen me saisissait.
Et il me saisissait chaque fois que je pensais à « Elle ».
Ces jours où la désolation me serrait la gorge, je prenais le métro et descendait à « Château d’Eau », traînais les pieds jusqu’au passage si bien nommé, espérant la voir encore.
La voir toujours.
 Le temps passant, je continuais à passer jusqu’au jour où, la concierge disparue, il fallut taper un code pour entrer dans l’immeuble.
J’en étais arrivé, lorsque la concierge était partie, à espionner les gens qui entraient pour regarder le code afin de pouvoir entrer à mon tour.
Les années passant, il me fallut espionner plus d’une fois pour entrer dans l’immeuble.
Chaque fois, la mauvaise surprise surgissait.
Elle n’était plus là.
Je m’asseyais, me rappelais que je ne la verrai plus jamais, que seul l’escalier ne changeait pas.
Parfois les larmes venaient et je ne reniflais même pas, ne sortais pas mon mouchoir et laissais les larmes inonder mes joues et me couler dans le cou.
Le chagrin me submergeait, c’est tout.
Parfois assis là sur les marches du premier étage je me surprenais à chuchoter ce « lamento » de Théophile Gautier, celui qui disait

« Ma belle amie est morte :
Je pleurerai toujours ;
Sous la tombe elle emporte
Mon âme et mes amours. »

Je me consolais en me rappelant Régine Crespin le chantant sur une musique de Berlioz.
Alors je me levais et repartais dans la vie en me disant
« À chaque fois tout recommence
Toute musique me saisit »…