jeudi, 15 juin 2023
« Chez ces gens-là, monsieur on n’soigne pas, on compte… »
Hier, lors du journal de 20 heures j’ai entendu parler d’Albi.
Ville que je connais pour y avoir passé chez ma grand’ mère paternelle quelques moments de mon enfance.
J’y ai eu droit à la statue de La Pérouse, à de nombreuses visites du musée Toulouse-Lautrec et de plus nombreuses heures encore au magasin « Printania », les « Galeries Lafayette » du coin.
C’est là que le Parisien que je suis, s’aperçut avec stupeur que l’une des distractions du dimanche consistait à se rendre en famille au coin du seul croisement équipé de quatre feux rouges et de regarder l’automate changer les couleurs de ces feux à un rythme régulier.
Pourquoi diable a-t-on parlé d’Albi hier soir ?
Pour parler de la cathédrale Sainte Cécile ? D’une œuvre acquise par le musée Toulouse-Lautrec ou volée ?
Non.
Du manque de médecins qui conduit les médecins retraités du coin à reprendre du service.
Malgré une démographie médicale qui croît plus vite que la population, des gens peinent à trouver un médecin.
Pourquoi diable cette prise de conscience aussi soudaine que sans autre effet que meubler les bulletins d’informations m’a-t-elle frappé hier soir ?
Eh bien parce que malgré le côté grave et inquiétant de cette information, ma réaction, à ma grande honte a été de rire de bon cœur.
Oui, j’ai honte !
Mais qu’auriez-vous fait à ma place si vous aviez entendu le journaliste dire « L’ARS, l’Agence Régionale de Santé, a demandé un rapport sur le sujet qui devrait arriver d’ici deux ans. »
Si j’ai tout bien compris, on demande à une administration dont le travail est de gérer les besoins en matière de santé publique de rendre un rapport.
Cette administration d’une région dont la pénurie en matière de soins date de près de trente ans, demande un délai de deux ans pour rendre un rapport sur le sujet.
Alors que l’urgence est telle qu’on demande à des médecins de soixante-dix à soixante-quinze ans de reprendre du service, cette « ARS » veut bien se pencher sur le sujet et sans doute prendre des informations qui permettront de rédiger ce fameux rapport.
Rapport dont il ne fait pas de doute qu’il recommandera de faire des économies et d’embaucher des agents administratifs de façon à surveiller les dépenses des personnels qui soignent les patients…
Des agents administratifs qui, comme je l’ai constaté il y a dix-sept ans, peuvent engueuler le médecin qui ose amener dans un lit un patient dans un état lamentable sans avoir demandé son avis à un bureaucrate.
Pour paraphraser Jacques Brel je dirais « Chez ces gens-là, Monsieur on n’soigne pas, on compte… »
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