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jeudi, 12 juillet 2012

L'objet du délire

Vous vous rappelez sûrement le Goût, laissé estourbi par un coup de foudre contrarié, lors de l’épisode précédent.
Malgré cet échec cuisant, ma détermination n’était pas entamée.
L’opiniâtreté étant la marque de fabrique du Goût-des-autres, je n’allais pas me laisser sombrer sans rien faire pour arranger les choses avec Brigitte P.

Les cris poussés par les parents d’Arlette lors d’explication de gravure avec la sœur n’étaient pas infondés.
Un autre « vieux » habitait à côté de l’infâme fils de flic.
Jacques S.
Il avait treize ans je crois et était aussi passionné par le Tour de France que par la grande sœur d’Arlette sur laquelle il semblait savoir un tas de choses que normalement on ne sait pas à son âge...
Un après-midi de juillet de cette année là j’allai chez lui et demandai à Jacques S. s’il avait une idée pour approcher Brigitte P.
Obnubilé par le Tour, il me jeta « chut » pour écouter l’arrivée de l’étape.
Et là, ça me revient, je sais que j’avais huit ans et qu’on était à l’été 1957 car ce Tour de France fut remporté par Anquetil.
Après avoir pesté car son favori était Darrigade, il m’écouta enfin.
- Mais qu’est-ce que t’y veux à la Brigitte ?
- Ben, euh… qu’elle soit ma « bonne amie » !
- Aaaahh… Tu veux yi (prononcer comme la finale de « bouillie ») faire un p'tit ! Ben t’as qu’à la « quiner » !

Après avoir traîné dans le coin en shootant dans une boîte de pilchards –impeccable pour faire des passoires pour sasser le sable, suffisait d’un clou et d’une pierre-,  en jetant des  cailloux dans le canal et en me creusant la cervelle, je revins au bistrot de ma tante.
- Dis, ma tante, c’est quoi « quiner » ?
D’habitude elle n’écoutait que d’une oreille distraite le babil de ma petite sœur et moi mais là elle se retourna d’un coup.

« Toi, t’as été voir le Simonot ! » me dit-elle d’un air bizarre, à la fois sévère et vaguement souriant.
Elle parlait avec l'accent de Colette (je ne l'ai su que bien plus tard).
- Oui ma tante, mais qu’est-ce que c’est « quiner » ?

- Tu le sauras bien assez tôt mon « paul’ petit » et crois-moi, quand ça arrivera, tu n’auras pas besoin d’explication…

 

C’est tout que j’ai appris cette année là.
Et toujours pas de Brigitte…

lundi, 09 juillet 2012

En ce temps là, Le-Goût dit à ses disciples…

Je vous ai parlé, il y a quelque temps, de mon embauche chez les Maristes.
Cette petite entreprise spécialisée dans l’élevage à la schlague des gamins de ma génération –et de celle d’avant-.

 Je vous ai aussi décrit la façon particulière de ma mère de me présenter chez ces braves gens.
J’y emmagasinais alors des souvenirs pour le reste de ma vie.
Heureusement, il y avait les périodes de détente.
Maintenant que Robert Sabatier a rendu son tablier d’académicien je vais pouvoir m’atteler à la dure tâche de le remplacer.
Il aurait dû se méfier Robert, Pagnol avait déjà remarqué que « être immortel, c’est déjà être un peu mort »…

Nous voici donc arrivés à cette époque que les andouilles disent « bénie » parce qu’elle fait encore partie de l’enfance.
A se demander s’ils sont passés par l’enfance, pleine d’embûches, d’erreurs, de frustrations et heureusement de grands bonheurs qui font oublier les éléments précédents.
On continue à user les coudes de ses pulls sur des tables et le fond de ses pantalons sur des bancs.
Mais ceux du lycée, cette fois.
Je n’en étais pas encore arrivé à ce moment –hélas trop long- ou on a les membres trop longs, on se sait pas où les ranger, la voix qui se casse, moi qui étais celui qui était désigné volontaire, bien que mal placé pour ce faire mais voix dite « soprano 2 » oblige, pour chanter le dimanche « Agnus dei qui tolis peccata mundi » et devais attendre que le dernier distrait de l’assistance ait fini d’ânonner « miserere nobis.
En revanche j’avais déjà le cœur qui se brise à mauvais escient…

Comme tous les autres, sauf les parents, j’attendais les grandes vacances.
Ma mère avait de la famille en Bourgogne et m’envoyait avec ma sœur cadette passer deux mois du côté d’Alesia.

Et c’est là que les choses se gâtent.
On ne sait pas toujours dire « non » quand on devrait et oser se lancer quand l’occasion se présente.
Mais non, il n’était pas question de mariage.
Ni même de…
Bon, pour être tout à fait honnête, il était tout de même question d’avoir une idée de « comment c’était fait en face ».
Internet n’existait pas, nous n’étions pas encore tenaillés très férocement par nos hormones, les revues les plus osées –Intimité, Nous Deux et Confidences- étaient d’une pauvreté lamentable en matière de renseignements précis.
Quant à la famille, n’en parlons pas, j’ai souvenir d’une engueulade féroce quelques années plus tard pour avoir chantonné « Vénus mon amie », d’après ma tante, j’étais bon pour le bagne.
Si j’avais chanté « En revenant de Nantes » ou « La coloniale » (chanson de corps de garde particulièrement délicate) ça n’aurait pas été pire…

En face du café que tenait ma tante, il y avait un petit immeuble dans lequel habitaient deux filles
La grande ne m’intéressait pas plus que je ne l’intéressais, tu parles ! Une vieille d’au moins quatorze ans, qui, à en juger d’après les cris qui s’échappaient de chez eux, avait plus de chance de décrocher avec quelques années d’avance, un bébé que le bac.

En revanche, et c’est là que je suis obligé de me sacrifier, elle avait une petite sœur –Arlette, comment peut-on s’appeler Arlette…- qui avait jeté son dévolu sur votre serviteur.
Arlette donc, puisqu’Arlette il y a, au cours d’une partie de cache-cache avec les gamins du voisinage, tandis que nous étions cachés sous un buisson, me regarde avec des yeux un peu, comment dire, vagues, bizarres en fait.
Et là elle me chuchote « Le Goût, tu veux bien être mon bon-ami ? ».
Oui, en ces temps reculés, « bon-ami », ça se disait encore beaucoup, dans les campagnes.

Toujours est-il que, bêta comme l’est l’innocent, je dis « ben oui ! ».
Elle me plaque alors un bisou baveux sur les lèvres.
En fait c’était à mon goût assez dégueulasse…
Le pire restait à venir, alors que justement, elle ne m’intéressait pas, j’étais quasiment obligé de jouer avec elle, de l’accompagner faire pipi, etc.
Le drame se joua quand elle s’aperçut qu’en fait, celle qui m’intéressait était une féroce concurrente, Brigitte.
Brigitte P. était « la fille du minotier », un notable du bled et surtout une petite rouquine avec des yeux verts ravissants.
Ma sœur cadette ne réussissait pas, malgré ses efforts, à nous rapprocher, Brigitte P. et moi.
Là où on se pose des questions, même à mon âge bien tendre, c’est quand on constate qu’un concurrent qui n’a vraiment rien d’intéressant réussit dans ses entreprises alors qu’un cador de mon envergure se plante.
Ce « type », non content de s’appeler Jean-Pierre, avait un défaut bien plus grave : Son père était « policier ».
On pensait qu’il était inspecteur, comme dans « Dans les mailles de l’inspecteur Vitos », série vespérale sur Radio Luxembourg, pas encore devenue RTL.
Voire commissaire, comme dans certains épisodes des « Maîtres du Mystère » sur France Inter.
Il nous avait bourré le mou, son père était un agent en pèlerine ! Une « hirondelle » !

La honte sur lui !
Il venait avec ses parents, passer ses vacances à côté du café de ma tante, refusait de me prêter son vélo et maintenant me « soulevait » ma bien-aimée qui ne savait pas encore qu’elle l’était.
Si j’apprenais quelque chose sur les filles cette année là, ce ne serait pas avec elle...

Damned !

samedi, 07 juillet 2012

Et la noire elle s’adapte ?

Une superbe table de cuisson d’un noir de jais doit arriver incessamment à la maison.


En  réponse à ça :

Le 06/07/2012 09:21, Le-Goût-des-autres a écrit :

 

Bonjour Monsieur,

Je suis d’un naturel plutôt conciliant et d’un caractère plutôt patient.
Je dois néanmoins vous avouer que je commence à être un peu las de passer trop de temps à remettre en ordre des choses qui sont d’une part censées aller de soi et d’autre part relever des obligations du bailleur que vous êtes quand elles se produisent bien avant le délai communément admis en matière « d’usure naturelle des lieux ».
- La remise aux normes de l’aération de l’appartement, aérations totalement bouchées par de la mousse à  « bulles fermées ».
- Le changement, à peine arrivé, des joints des siphons de la cuisine et de la salle de bains car apparemment personne ne s’était avisé du goutte à goutte sur le carrelage à chaque toilette ou dans le placard sous évier à chaque vaisselle.
- Le changement de filtre et le débouchage de la pompe de vidange de la machine à laver.
- Le changement du relais de sécurité du chauffage en cas de défaillance de la VMC (ce qui m’a permis de constater que ce relais, « cramé » qu’il était, avait été « bypassé », ce qui fait qu’il n’avait plus aucune action…Bravo pour un système de sécurité…).
Ladite VMC ayant par ailleurs la fâcheuse caractéristique –dont vous n’êtes certes pas responsable-  de remplir notre appartement d’odeurs aussi variées que celles du tabac froid, du « tilapia » en train de frire et, depuis hier, de ce fameux « tabac qui fait rire » bien connu sous le nom de « shit ».
Sachant que nous ne fumons pas, que nous ne sommes pas des aficionados de la friture et que nous avons largement dépassé l’âge du pétard, vous conviendrez que notre caractère est plutôt bon enfant…

Tout ceci est déjà passablement agaçant, d’autant que le loyer n’est pas suffisamment modique pour passer sur ces incessants inconvénients et serait probablement resté sans autre réaction de ma part sans la cerise délicatement posée sur ce gâteau de petits ennuis.
Quelle cerise ? Un des feux de votre plaque vitro-céramique vient d’afficher un code d’erreur inconnu de la notice de maintenance et reste obstinément hors service.
En faisant une friture à 200°C ? Que nenni ! En faisant chauffer des haricots verts…
La notice de la plaque, présente dans l’appartement, comme celles trouvées sur le Web sont totalement muettes quant à ce code d’erreur.

Nous avons loué, il y a un peu plus d’un an, un appartement comprenant une cuisine dite « équipée », je n’ai aucune envie de sortir mon oscilloscope et mon voltmètre pour partir à la chasse d’un composant introuvable ou d’un « circuit intégré propriétaire » de Smeg.
Je vous saurai donc gré de prendre en charge la remise en état ou le changement de cette plaque vitro-céramique, l’équipement d’une cuisine, hormis le « petit entretien », étant selon la loi à la charge du bailleur.
Vous trouverez d’ailleurs ci-joint le document reprenant le texte de la loi
LOI n° 2010-788 du 12 juillet 2010 - art. 10

Se reporter à l’article VII.
Vous comprendrez donc que malgré notre patience, il serait bon que vous fassiez en sorte que l’appartement et ses équipements correspondent un peu plus à ce que nous sommes censés avoir loué.

Dans l’attente d’une action efficace et rapide de votre part, veuillez agréer, Monsieur, nos salutations.

 

Le-gout-des-autres & Heure-Bleue

 

 

J’ai reçu ça :

 

Bonjour Monsieur Le-Goût,

Une nouvelle table de cuisson vous sera livrée par D****:

n° de commande: 20*****7
La livraison est prévue le 9 juillet au matin, vous pouvez changer cette date en appelant le 0 97xxxxxxxx0,  j'ai également communiqué votre n° de portable.

La pose du nouvel appareil est prévue, je vous demanderai juste de retirer l'ancien avant l'intervention des livreurs qui le reprendront.
Merci également de conserver tous les documents (notice, garantie,..) qui vous seront remis.

N'hésitez pas à me contacter en cas de difficultés

Meilleures salutations
Votre proprio préféré