lundi, 09 septembre 2013
Agrégé de l’être…
Hier soir j’ai revu avec plaisir « Diabolo menthe ».
J’aime beaucoup Diane Kurys, d’abord elle a mon âge. Un mois de plus pour être précis.
Ensuite elle a une assez bonne mémoire de ce que nous étions quand nous avions quatorze ans.
Elle a quand même tendance à embellir ses souvenirs.
En effet, lors de la séquence du repas à la cantine du lycée, elle a cru bon de mettre des nappes sur les tables…
Des nappes ! A la cantine du lycée ! En 1963 ! Je t’en foutrais, moi, des nappes !
Du contreplaqué pleine peau, oui !
Enfin, ce fut quand même un bon moment, je ne me lasse pas de voir l’intérieur du lycée Jules Ferry, alors que nous autres, pauvres forçats du lycée Jacques Decour, ne pouvions en voir que l’extérieur. Qui d’ailleurs ne nous intéressait pas. Ce qui nous intéressait, c’était le tas de stratagèmes à mettre en œuvre pour découvrir et ensuite entraîner une fille à « La Taverne du Régent », ce café du bout de la rue de Douai où on pouvait parfois s’offrir ce fameux diabolo menthe…
Eh oui ! Essayer de dégotter une petite camarade était un boulot de romain en ces temps de ségrégation féroce.
La séquence gymnastique m’a aussi rappelé quelques séances à la maison. Celles de la gym de ma sœur cadette « M’man, tu peux me faire un mot, je crois que je vais « les avoir » bientôt ».
Et ma mère, très au fait de la chose et qui surveillait ça de très très près, de répondre « Dis donc, ma fille, tu ne me prendrais pas pour une andouille, des fois ? C’est une fois par semaine depuis quand ? »
Si mon père était là, épargné par les 3x8, il se laissait parfois aller à ajouter « Eh bien, ton mari ne va pas s’amuser tous les jours… » avec dans l’œil cette lueur qui annonçait qu’il était décidé à emmerder le monde…
Immuablement, ma mère, comme à chaque fois qu’il sortait une ânerie dans cet esprit, lui jetait « Lemmy ! Tu n’as pas honte ? C’est quand même ta fille ! »
Et lui, tout aussi immuablement disait à ma mère en retrouvant son accent pied-noir « Comme ti es belle ma poule quand ti es en colère ! Aïe aïe aïe ! Ti as les yeux qui relousent ! »
Ce qui la mettait dans une colère noire qu’elle retournait sur Souricette « Tu files un mauvais coton, ma fille ! Tu vas tourner fille de la porte de Clignancourt », etc.
Bref, c’est aussi vers cette époque, et le film m’a donné raison, que j’ai appris qu’on ne confie pas ses idées au courrier. Surtout celui qu’on envoie à une petite camarade quand on a moins de dix-sept ans. Sauf à l’avoir sévèrement expurgé.
Les lettres peuvent donner un tour dramatique à une idylle et la tuer dans l’œuf alors qu’elle ne demandait qu’à s’approfondir…
Même quand c’est en vers, les mères savent, je ne sais comment, où les garçons veulent en venir…
Ne riez pas, lectrices chéries, le lycée au début des sixties, c’était une vie de galérien !
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