Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 18 février 2014

Quand le sage montre la Lune, l’imbécile regarde le doigt.

Et encore... Lao Tseu ne connaissait pas le Goût qui se demande comment y aller…
Vous voyez, lectrices chéries, que les malheurs d’un petit garçon ne vous amusent pas plus que ça.
Du moins pas longtemps.
Les moins cruelles me plaignent.
Les autres, que je ne citerai pas pour ne pas faire de peine à Mab ou Brigitte, se demandent si j’ai pris la raclée de ma vie.
Voyons… Si vous ramassez votre petit garçon sérieusement esquinté, vous lui collez une tarte ?
Heure-Bleue elle-même m’a dit « Mais c’est dur ! Tu n’étais qu’un petit garçon trop puni pour sa curiosité ! »
Et pourtant, ce n’est pas une femme à s’apitoyer facilement…
Bref, n’épiloguons pas…
Mais non, lectrices chéries, même si j’ai eu mal par moments et que ça m’a bien embêté parce que j’aurais sûrement été un garçon plein de charme avec deux yeux, je ne regrette finalement pas.
D’abord parce que ça ne sert à rien, on n’a pas encore jusqu’à présent vu le lait remonter dans la casserole.
Ni les yeux remonter dans la figure…
Regretter est inutile et empêche de se lancer dans d’autres âneries tout aussi enrichissantes.
Et puis ça force à développer d’autres méthodes non fondées sur l’attrait de l’œil de velours.
Je n’en dirai pas plus, ces autres méthodes ont montré leur efficacité et ont causé avec quelques décennies de retard des chamailleries avec la lumière de mes jours.
Que je vous dise,  dès qu’il s’agit de chercher de nouvelles méthodes pour avoir des histoires, faire une ânerie ou souffrir de quelques plaies, que ce soit au corps ou à l’âme, je suis resté un champion.
D’ailleurs, ne me suis-je pas maqué avec une rousse ?
 Et quelle rousse !
Je n’avais qu’un œil.
Elle a aveuglé l’autre de ses cheveux flamboyants.
La suite viendra, qui vous dira ce qui est advenu et comment.
Comment aussi nous avons failli être deux dans la même galère…

 

dimanche, 16 février 2014

Vanguard

Mab, lundi dernier m’a demandé « Cette expérience t’a rendu plus sage ? »
Eh bien, je dois avouer sans honte aucune que non.
Rien ne m’a rendu sage. J’étais, et suis resté, curieux.
Heure-Bleue sait très bien que si l’occasion, improbable malheureusement, se présentait d’aller faire un tour sur ISS (International Space Station), je n’hésiterais pas une seconde.
Manque de pot, « ils » ne veulent que des gamins avec deux doctorats, deux yeux, deux reins et les deux genoux impeccables …
Pfff…

Me reste plus qu'à écouter ça en rêvant...


 

En tout cas pas ça, dès sa sortie ça faisait plus penser à Clément Ader qu'à la NASA...

 


samedi, 15 février 2014

My Valentine


 

Vous aviez l'habitude, lectrices chéries, des notes pétillantes d'intelligence, pleines d'esprit, parfois d'émotion quand ce n'est pas de poésie ?
Ça va changer.
Je n'ai rien à dire.
Que celle qui a crié « Il était temps ! » se taise !
Je n’ai hélas pas grand’ chose à vous dire, lectrices chéries. Même l’expo au Centre Pompidou ne m’a pas laissé de souvenir marquant.
La seule chose peut-être à constater, après le rendez-vous au BHV avec une blogueuse qu’on aime, c’est l’évolution de la société.
Le monde était déjà féroce, en plus il est devenu con…
Nous avions remarqué que, depuis que la direction du BHV avait changé, les employés étaient passés du statut de personnel qui fait son métier à celui de cheptel à surveiller.
Selon la logique du temps, le personnel était devenu, non une armée de vendeurs qui vaquaient à leurs occupations mais une bande de fainéants veillés par une armée de chefaillons gonflés de la maigre importance que leur donnait leur badge d’une couleur différente de celui de la piétaille.
Aucun ne semblant avoir remarqué qu’il était passé du stade d’humain sans autre signe distinctif que sa personnalité à celui de bétail étiqueté. Histoire de respecter « les normes de traçabilité » sans doute…
Nous avons donc pu après ces désespérantes constatations, vérifier une des dernières améliorations de la politique commerciale du BHV.
Dès qu’on y entre, une armée de vigiles à l’œil aux aguets vous donne l’impression d’avoir mis le pied par inadvertance au lieu de plus secret de la CIA.
Il y en a même un, que j’ai vu de mes yeux vu, alpaguer un type casqué équipé d’une corde et d’outils, à la fenêtre des toilettes du cinquième étage.
Lui demander d’un ton rogue « Qu'est-ce vous faites là monsieur ? »
Comme si le lascar avait grimpé en rappel la façade de l’immeuble pour voler une chemise…
Un peu interdit quand même, le type a dit « Ben, j’fais les carreaux ! »
Je sais maintenant que le BHV n’est plus un magasin où des vendeurs accueillent des clients mais un magasin où des fainéants accueillent des voleurs.
A part ça, lectrices chéries, ma vie est désespérément terne.
Comme tous les ans, le 14 février, « on » m’a dit « et ,n’achète pas de fleurs, tu vas encore te faire refiler des rogatons ! Ce voleur est capable de te vendre des roses de l’année dernière ».
Fort de ces recommandations, je n’ai rien dit, rien fait, rien acheté, seulement fait quelques courses accompagné d’une Heure-Bleue scandalisée par le prix de fleurs qui auraient été plus à leur place dans une poubelle que dans un vase.
En arrivant à la maison, elle m’a dit « Pfff… J’ai rien pour la Saint Valentin, même pas de fleurs… »
Je n’ai pas osé dire « Ah mais si ! Tu m’as moi, Minou ! » histoire de ne pas entamer une querelle idiote…
Et on s’étonne qu’il y ait plus d’une femme par semaine qui meurt sous les coups de son conjoint.
Qui n’a jamais si bien mérité ce nom…

jeudi, 13 février 2014

Ma libraire sans canailles…

Il est heureux que dans la vie il n’y ait pas que des histoires d’yeux malencontreusement mis hors-service ou des chagrins d’amour.
Il ya aussi les expériences commerciales marquantes…
Je me rappelle aujourd’hui, après être passé au rayon bouquins du Monop’ de mon coin, un épisode qui aurait dû valoir à Heure-Bleue un boulot de dialoguiste de films autrement gratifiant, pognonesquement parlant, que celui de libraire.
Dans cette librairie du XVIIème qui laissa un souvenir ému à une chalandise qu’on eût préférée cliente plutôt que flatteuse, il advint que ma libraire moitié accueillit trois… J’allais écrire « jeunes filles » alors qu’il s’agissait de graines de bandit affirmées…
Du réduit qui servait à préparer les « rico » d’Heure-Bleue,  et mes cafés les jours où j’étais là, comme ce jour-là justement, j’entendis une séquence digne des meilleurs films noirs.
Les trois gamines entrèrent donc dans la librairie et se dispersèrent dans le but manifeste de chaparder quelque chose.
Sachant que la libraire avait au mieux deux yeux, ignorant que la mienne n’en avait qu’un pour cause d’amblyopie, elle parièrent sur deux éléments dont un se révéla illusoire.
Le premier étant qu’avec deux yeux il est impossible de surveiller sérieusement trois mômes.
Le second, et ce fut là leur erreur, étant qu’une femme a peur de tout et a fortiori des voyous…
La lumière de mes jours leur enjoignit donc d’un ton sans réplique « vous trois, restez ensemble et là-devant ! »
Les trois gamines continuaient à se disperser dans la boutique.
Connaissant ce ton et Heure-Bleue, je me dis « Aïe, les malheureuses… » et ressentis une bouffée de pitié pour ces pauvres gamines qui venaient de commettre une regrettable erreur de jugement.
La plus vieille, « leader » de son groupe lança, « et si on veut pas ? Hein ? » avec un accent faubourien.
Mon Heure-Bleue préférée décrocha la batte de base-ball, offerte par un ami un peu fondu et pendue derrière la caisse à titre dissuasif et lui dit « Tu verras bien… »
Adossé à l’entrée du recoin, j’admirais « La fièvre monte à El Paso » d’un air intéressé.
La gamine, histoire de sauver son amour-propre, lança « Tu vas faire quoi ? T’oseras pas ! »
Là, usant du ton glacial qui me fait craindre un sort funeste quand Heure-Bleue n’est pas d’accord avec moi et tient un couteau à la main, elle jeta « Je serais toi, je ne parierais pas mes dents de devant là-dessus… »
Elle avait les pupilles étrécies, celles que l’Ours appelait –moi  je n’ose pas-  « ses yeux de folle », le regard qui faisait craindre une réaction mortelle si on insistait.
Je pense que la môme, experte en matière de survie en milieu hostile, s’est dit à ce moment « Merde ! Je suis tombée sur une qui sait se battre ou pire, sur une cinglée qui va me démonter à coups de batte de base-ball… »
La petite bande a quitté la librairie en silence pendant que ma libraire préférée rependait tranquillement la batte à sa place en grommelant, « Non mais, quelles petites connes… Elles croyaient quoi ?»
Vous voyez, lectrices chéries, qu’il est bien plus dangereux de partager sa vie avec Heure-Bleue que faire des expériences de chimie…

mercredi, 12 février 2014

Luscus sed non caecus...

Deux semaines passèrent, Jean-Pierre avait gagné une paire de « boules à thé », histoire de le faire tenir tranquille en attendant d’être opéré.
Quelques jours après lui, j’en gagnai une paire aussi pour les mêmes raisons.
Tous les deux dans le noir nous parlions de tout et de rien.
Surtout de rien parce qu’il était plus grand que moi, il avait douze ans et n’était intéressé que par le foot. Pas du tout par la conquête de l’espace.
La Lune devait lui sembler bien trop démunie de terrains de foot pour l’intéresser…
Nous finissions par dormir beaucoup et, à écouter les parents, nous maigrissions dangereusement. Faute d’exercice, je l’ai su après.
Au bout de cette quinzaine de jours, à une semaine à peine de février, on emmena Jean-Pierre, mort de trouille, se faire « rescotcher » la rétine.
Il était si apeuré qu’il jura de ne plus jamais jouer au foot !
Il revint dans le pâté, avec ses « boules à thé » soigneusement attachées.
Il me réveilla le lendemain avec son envie de vomir terrible qu’il satisfit dans ses draps…
Geneviève se précipita, râla pour la forme, le plaignit, changea les draps et en profita pour m’annoncer
- Toi, mon garçon, c’est après-demain que le professeur t’opèrera !
- Alors jusque là on ne me fait rien ?
- Si, je te fais tes piqûres, comme tous les jours.
- Pfff…
- Tu croyais y échapper ? Mais, mon garçon, tu n’aurais pas oublié que tu saignais ? Et que quand on saigne, il y a plaie, alors hop ! Pas de microbes ! Ici on les tue !
- J’ai faim…
- Je reviens avec les petits déjeuners ! Et toi, mon garçon ? Tu peux manger ?
Jean-Pierre dit d’un ton pas trop gai « Oui madame. » 
Elle alla chercher les petits déjeuners, nous les donna à la becquée et repartit, je ne la reverrais qu’à l’heure des visites.
Lors de cette visite, le professeur confirma « Mon garçon, jeudi je t’opère, je profite, le jeudi tu es libre… Je vais essayer de réparer tes bêtises. Prie pour que ça marche. »
Le soir, mes parents vinrent, tentèrent de se rassurer plus que rassurer un petit garçon qui n’avait pas peur tant il avait confiance dans « le professeur » et demandèrent à l’infirmière-chef un rendez-vous avec lui pour en savoir plus.
Je sus plus tard qu’il les avait avertis que la rétine pouvait ne pas se recoller ou se redécoller à la moindre occasion et surtout que je risquais de développer une « cataracte traumatique » qui était à l’époque irréversible.
On me réopéra donc le surlendemain.
Je gardai mes « boules à thé » sagement le temps nécessaire. Ce que j’aurais dû faire avant…
Chaque visite, le professeur Blancard semblait de plus en plus songeur et réticent à me parler.
Vers la fin février il vint pour la première fois dans la soirée, pendant les visites, ce qu’il ne faisait jamais.
Mes parents étaient là.
Il annonça la nouvelle. La mauvaise nouvelle.
La rétine s’était recollée mais l’adhésion restait fragile, il restait aussi des traces de sang qui à la longue se résorberaient.
Il s’arrêta un instant, le temps que mes parents digèrent la nouvelle.
Puis reprit « le problème c’est le cristallin qui s’opacifie de façon irréversible, la cataracte traumatique tant redoutée se développe, il est à craindre que l’état de la médecine aujourd’hui ne permette pas à cet œil de recouvrer sa fonction. Je suis désolé mon garçon, il est très probable que ton œil ne marche plus jamais… »
Ma mère se mit à pleurer, mon père ne dit rien mais j’étais sûr qu’il faisait une sale tête.
De façon assez surprenante, je ne fis rien de tout ça. Je n’étais pas content bien sûr mais les choses étant arrivées, il n’était pas question de pleurer dessus.
Eh non, Mab, l’expérience ne m’avait pas rendu plus sage.
Je pensais seulement à être à l’avenir plus précautionneux…

Je resterais à l’hôpital jusqu’à disparition complète des traces de l’expérience et n’en sortirai qu’une semaines avant Pâques, un matin de printemps absolument délicieux.
L’air du dehors me fit tourner la tête, près de trois mois sans sortir m’avaient fait fondre. Prends en de la graine, Coumarine, si tu veux fondre, reste couchée trois mois sans sortir au régime hospitalier. Je t’assure, ça marche.
 Je sortais juste pour être en vacances, sans une cicatrice et maigre comme un chat errant.
A part une divergence dans le regard qui s’est accentuée puis stabilisée l’année suivante, il n'y eut comme conséquences que le redoublement de la cinquième et cette « borgnitude ».
 « Borgnitude » gênante surtout pour draguer et jouer au tennis.
Je me suis tiré quand même de tout ça.
Oui, ce n'était pas bien grave car je ne joue jamais au tennis…