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dimanche, 23 février 2014

Les comptes de ma mère Loi.

Je vous raconterais bien l’histoire du square Saint Lambert, mais bien que ce soit essentiellement la description d’un râteau magistral,  d’une « veste » taillée sur mesure, j’abandonne l’idée.
Au départ, c'était pour faire plaisir à Liliplume et satisfaire sa curiosité.
Mais c’est encore un truc qui va surtout me rapporter des histoires à n’en plus finir.
Alors, hein…
Mais si vous voulez, je peux vous raconter « Boucles d’or et les trois ours »…
Bon, je sens que ça ne soulève pas l'enthousiasme des foules.

samedi, 22 février 2014

La charge de revanche…

J’ai fait un bond de carpe, la bouteille s’est renversée, le débouche-évier s’est  répandu par terre et j’ai dû tout ramasser vite fait, décharger les autres bouteilles et remettre de la solution dans la bouteille renversée.
Cette fois-ci, j’ai tout bien posé et réessayé la chose. C’était super !
J’ai allumé la bougie que j’ai posée sur le coffre en prenant mille précautions.
J’ai récupéré l’électrode négative avec ma pince à éprouvette rallongée.
Dans la pièce, la lueur rougeâtre des filaments des DY86 adoucissait la lumière froide des effluves bleutées ou mauves qui commençaient à parcourir la pièce. Connecté à l’engin car plus rien n'est réellement isolant si la tension est suffisamment élevée, j’ai approché l’électrode de sorte que la bougie se trouvât pile poil sur la ligne joignant les deux électrodes.
La flamme de la bougie pencha. La luminosité des effluves s’accentua. Je rapprochai encore les électrodes. La flamme penchait de plus en plus.
J’entendis la clef dans la serrure et reconnu le pas de ma mère qui dit
- Mais qu’est-ce que ça sent ici ?
- C’est l’ozone maman ! Mon truc marche !
Elle entrée dans ma piaule, a crié « Mais qu'Est-ce que c'est que tout ce fourbi ! »
 C’est quand elle m'a embrassé la joue qu'il y a eu cette étincelle et qu’elle a fait un bond monstrueux en hurlant.
J’ai échappé ma pince à éprouvette, l’électrode est tombée par terre et j’ai à mon tour fait un bond d’antilope. J’ai arraché la prise au passage.
J’ai fini de décharger toutes les bouteilles de Leyde et j’ai ramassé tout mon bazar.
J’ai dit à ma mère qui avait l'air un peu estourbi « Ça va maman ? »
Ça devait aller parce qu’elle m’a dit « en plus tu vas mettre le feu à ton lit avec la bougie ! Elle est tombée par terre ! »
Elle m'a regardé, a levé les yeux au ciel et a dit en repartant vers la cuisine « Mais qu’est-ce que j’ai donc fait au bon dieu pour avoir des enfants comme ça ? »
J'ai eu droit pour la millième fois à « Je ne vous souhaite pas de mal mes petits enfants, seulement d'avoir des enfants comme vous ! Mais qu'est-ce que tu as donc dans la tête ! »

Elle s’est longtemps demandé si la fac était une si bonne idée.
Si elle avait été au courant de tout…

Tu vois, Liliplume, lors de cette fois là, je n'y ai laissé ni un œil ni une oreille.

vendredi, 21 février 2014

Coup de foudre…

Ce week-end là, je me mis au travail tranquillement, mon père était à la campagne, en froid avec ma mère que cette maison de campagne arrangeait bien, finalement.
Ma sœur cadette était de sortie, faisant de louables efforts pour perdre son statut d’oie blanche tout en espérant que ma mère ne l’apprenne pas.
La plus jeune avait monté un bateau quelconque pour justifier son absence.
Oui, lectrices chéries,  nous avions tous et toutes des dispositions pour les études de genre et de psychophysiologie.
Que voulez-vous, nous étions une famille comme ça…
Donc, je profitais du calme pour continuer mon bricolage.
A chaque étape, en scientifique consciencieux, je vérifiais que la chose fonctionnait.
Quelques problèmes apparurent à la seconde étape. Le relais que j’avais monté en « vibreur » – non, non, ce n’était pas un « sextoy », quoique, après tout...- ne tenait pas le coup.
Après quelques minutes de fonctionnement, les contacts mouraient et mon « vibreur » s’arrêtait.
Je dus retourner au Puces en chercher quelques autres et surtout réfléchir à une solution fiable…
Solution que me donna un des dépanneurs qui venaient se fournir là en pièces détachées pour vieux trucs.
Le Marché Malik était à l’époque plein de ressources pour les gens curieux…
Je revins à la maison et appliquai « la solution » qui se révéla efficace pour moins d’un franc de l’époque.
La suite se déroula donc conformément aux prévisions.
Et même mieux. En connectant « la THT » pour vérifier que Lenz et Ruhmkorff avaient raison un arc quasiment inextinguible se produisit, menaçant de détruire l’œuvre à peine entamée.
Mon vieux Metrix était incapable de mesurer au-delà de 1000 V.
Ne me restait que le « voltmètre à étincelles », appareil pifométrique totalement inutilisable avec des transistors car ces bestioles qui mouraient rien qu’à les regarder, mais parfaitement adapté à « l’électronique modèle kalachnikov » que représentaient les tubes électroniques des sixties.
Un tournevis bien isolé suffisait pour savoir « si ya du jus ou pas ».
Je me mis à empiler les cellules de Schenkel comme monsieur Greinacher le fit  et fus bien prêt de hurler de joie quand un arc de quelques centimètres prit spontanément naissance dès la troisième cellule montée.
Ça montrait bien que le seuil de champ de ~20kV/cm en air pas très sec avait été franchi.
Mon projet prenait forme, ma piaule ressemblait de plus en plus à un capharnaüm et je sentais l’engueulade approcher mais, tel Bernard Palissy jetant ses meubles dans son four, je montai les sept cellules suivantes et vérifiai à chaque nouvel étage que la distance à laquelle apparaissait l’arc croissait bien selon la loi écrite.
Le dimanche après-midi, mes dix cellules montées, la célèbre « cascade de Greinacher » opérationnelle, j’éteignis mon appareil monstrueux, récupérai ma pince à éprouvette, celle qui me servait à tenir « le fil à THT », celle dont les poignées étaient prolongées par deux cuillers en bois, et allai à la cuisine récupérer une bougie dans un tiroir.
J’avais totalement débarrassé le coffre qui servait de support à mes bidouilles audio et ma machine infernale trônait là, imposante.
Le premier incident eut lieu quand j’ai poussé la première « bouteille de Leyde ».
Votre Goût préféré avait oublié un détail qu’il connaissait pourtant sur le bout du doigt : Si rien ne vient le décharger, un condensateur, comme un notaire, conserve sa charge...
Là, quelque chose est venu décharger une bestiole qui avait à ses bornes une dizaine de milliers de volts.
Ce furent hélas mes doigts qui se chargèrent de cette mission.

jeudi, 20 février 2014

La techno, c'est pas toujours la teuf...

Certaines de mes lectrices chéries craignent apparemment l’explosion de quelque chose dans mon montage genre Professeur Septimus in « La Marque Jaune ».
Rassurez vous, lectrices chéries, la solution de débouche-évier largement étendu d’eau n’est ni inflammable ni explosive. Elle offre l’avantage de conduire l’électricité et constitue donc facilement et pour peu de sous, la deuxième armature de mes « condensateurs ».
Fin du cours de techno et retour à l’élaboration de l’expérience.
Il me manquait encore un composant pour prouver au monde ébloui la perspicacité de votre serviteur. Je l’ai trouvé sur un trottoir pas loin de chez moi.
C’est un de ces jours où je n’ai pas trouvé que les gens étaient vraiment dégueulasses…
Je suis remonté à la maison chercher un tournevis, une clef de 5.5 et une pince coupante.
Puis me suis mis en peine d’extraire « la THT » d’un téléviseur éventré et laissé là à l’abandon.
Après avoir ramené le tout chez moi, je suis parti plutôt joyeux à la fac…
Ce jour là, je n’ai pas perdu de temps à refaire le monde, je suis rentré directement à la maison. Mon montage avançait bien.  Mes bouteilles de lait Leyde alignées sur leur planche, face à chacune d’elles, une paire de DY86 chacune avec sa pile de 1.5V.
A l’autre bout de la planche, pesant un âne mort, le vieux transformateur dont j’allais extraire le premier millier de volts. Le premier d’une longue série.
Le lendemain, après la fac, je suis retourné voir mon boutiquier du XVIIIème arrondissement pour prendre du « fil THT », ce fil que vous avez peut-être vu, un fil de cuivre plutôt fin, enserré dans une épaisse gaine rouge et du fil pour « faire de l’électronique » pour le reste de mon funeste engin.
Après cela,  j’allais quelques jours à la fac sans rien faire d’autre que travailler, chercher l’âme sœur et refaire le monde.
Ça ne paraît pas mais tout ça vous occupe largement la journée et la soirée.
Et puis, après tout, il faut bien se changer les idées après les cours et une traversée du Jardin des Plantes est parfois bien agréable. Et même très agréable…  
J’attendis un week-end propice pour continuer.
J’étais sûr que MM Lenz et Ruhmkorff avaient raison tout comme Greinacher et son multiplicateur.
Mais j’allais pouvoir enfin vérifier de mes yeux la véracité des lois édictées par le premier et l’efficacité des bidouilles des deux autres.
Pour être honnête, j’allais surtout le vérifier de mes doigts… Ah la vache ! Ces bonds d’antilope !
Mais il faut bien se sacrifier pour faire avancer « La Science » non ?
Quelques autres expériences m’avaient appris qu’il vaut mieux mettre tout de suite un interrupteur et un fusible sur un montage plutôt que compter sur sa célérité pour arracher la prise avant de transformer l’expérience en un tas de déchets noircis qui en plus me valaient des engueulades car ils empestaient toute la maison de façon tenace.
Afin d’éviter tous ces désagréments, je pris toutes les précautions requises.
Toutes ? Non ! Un petit village, etc…

mercredi, 19 février 2014

De bouteille de lait en bouteille de Leyde.

Eh bien voilà, lectrices chéries, j’étais jeune.
Mais si ! Lectrices chéries, j’ai été jeune à un moment !
Je ne me souviens plus quand exactement, mais je l’ai été, c’est sûr.
Et à ce moment de ma vie estudiantine, celui où je traversais souvent le Jardin des Plantes, je n’étais pas passionné que par les filles.
J’étais aussi passionné par la physique.
Les forces exercées par la pression ionique créée  par un champ électrique élevé –rappelez-vous la fameuse équation de Maxwell- firent surgir en moi une idée qui, expérimentée par mes soins, ne demandait qu’à devenir saugrenue.
Il m’était venu à l’esprit que, d’après mes calculs, à une distance d’un mètre, une tension dont la valeur restait à vérifier était suffisante pour éteindre la flamme d’une bougie.
Bien sûr, les calculs, c’était bien mais l’expérimentation c’est tellement mieux…
J’ai décidé de faire moi-même le générateur de tension qui me permettrait d’éteindre une bougie placée entre deux électrodes écartées de un mètre.
Lectrices chéries, je vous en prie, ne venez pas me sortir un truc du genre « Mon dieu qu’il est bête ! Suffit de souffler la bougie ! ».
Pas ça ! Pas à moi ! Vous manquez de plus élémentaire curiosité pour le choses du monde de la physique…
Et c’est là que j’ai entamé l’élaboration d’une expérience qui marqua la famille.
Surtout ma mère qui, si elle s’en tira vivante, ce n’est pas grâce à moi mais à une Providence pour une fois clémente.
J’eus d’abord recours aux carafes de lait pour réaliser des « condensateurs » capables de « tenir » les milliers de volts nécessaires sans devenir des petits machins noircis en deux secondes.
Puis j’allai voir le tenancier de la boutique qui assurait parfois ma matérielle en me confiant le montage de kits d’amplificateurs demandés par des clients incapables de tenir un fer à souder sans se brûler sévèrement.
Ce marchand de kits électroniques et de quelques appareils haute-fidélité me confiait ces montages à réaliser qui m’aidaient à financer ces diabolos fraise si utiles en cas de disette sentimentale, je crois vous avoir déjà parlé de l’effet « diabolo fraise »…
Il me donna sans sourciller la cinquantaine de tubes DY86 et un vieux transformateur d’alimentation de poste de radio dont j’avais besoin   pour mener à bien ce funeste projet. Le tout issu des surplus de production de la société « La Radiotechnique-Philips » sise à l’époque à Evreux.
J’achetai au BHV tout proche, la vingtaine de piles de 1.5V nécessaires.
J’allai au Puces de Saint-Ouen acheter un relais téléphonique dans une boutique du Marché Malik que je connaissais depuis l’enfance pour y avoir acheté quelques  bidouilles à démonter et dont le tenancier donnait un tas de saletés à dépiauter à l’enfant que j’étais alors.
Avant de continuer, il faut que je vous explique, lectrices chéries, comment on fait un « condensateur » capable de supporter ces tensions aux effets parfois inattendus.
Vous prenez une carafe de lait que vous nettoyez et séchez soigneusement.
Vous préparez un bouchon de caoutchouc, ce qui n’est pas une mince affaire.
Vous appliquez ensuite à partir du bas de la bouteille une feuille de « papier à chocolat » jusqu’à mi-hauteur de la bouteille.
Puis vous remplissez la carafe à mi-hauteur d’une solution d’eau et de « débouche évier » à quelques pourcents.
Vous avez enfin, après avoir  planté une aiguille à tricoter dans la solution au travers du bouchon, un « condensateur » de faible capacité mais qui fonctionne très bien.
Vous verrez, on arrive très bien à éteindre une bougie et faire de grosses bêtises avec un assemblage de tous ces trucs…