dimanche, 06 juillet 2014
Fashion victim…
Pauvre enfant que P'tite Sœur...
Après deux épouvantables journées de douleur dues à la séparation, que dis-je, l’arrachement, Heure-Bleue et moi sommes retournés à Paris ensemble pour tenter de trouver ce fichu « maillot de bain flottant ».
Mal nous en prit !
Nous aurions pourtant dû nous méfier…
De Claudie Pierlot en Bonpoint, de Petit Bateau en Tartine et Chocolat, de Lili Gaufrette en Temps des Cerises, personne ne proposait ça.
D’aucunes car ce sont des femmes qui tiennent ces boutiques, d’aucunes donc m’ont même regardé d’un air qui m’a fait me demander si je n’avais pas pissé sur le parquet de leur boutique ou si je n’étais pas arrivé chez elle la braguette largement ouverte sur un caleçon douteux…
Quelque chose aurait dû pourtant attirer mon attention.
Je suis entré, car Heur-Bleue préfère de loin que ce soit moi qui m'y colle, d’abord dans une boutique Petit Bateau.
Ça commença mal. Pourtant, la porte à peine refermé j’avais, de cette voix qui fait mon charme, dit « Mesdames, bonjour. »
On aurait juré le présentateur de « Rendez-vous à cinq heures » dont la voix fit se pâmer des millions d’auditrices dans les années cinquante.
Le silence seul me répondit. J’ai regardé de plus près l’assistance et les marchandises.
Rien à dire sur les marchandises. L’assistance était en revanche constituée essentiellement de jeunes femmes plutôt mal élevées. Après de longues minutes d’attente j’ai élevé la voix.
- Excusez-moi !
La tenancière a daigné cesser son papotage pour me regarder.
- Auriez vous des « maillots de bain flottant, s’il vous plaît ? »
J’hésite sur l’expression de son visage et celui de maintes pétasses de l’assistance.
Quelque chose entre le mépris pour quelqu’un désireux d’acheter une chose comme ça et la honte qu’on pût la trouver chez elle.
Après un « non, monsieur… » suivi d’un « désolée » de circonstance, je suis sorti.
Je commençai à comprendre pourquoi c’était moi qui m’y collais chaque fois.
On n’est trahi que par les siens…
Le chemin continua jusqu’à une boutique de la rue de Courcelles.
Là, nous vîmes enfin le… la… la chose.
Un épouvantable caparaçon rose vif, d’aussi mauvais goût qu’une vanne de Canteloup et épais comme l’humour de Roucas. Et en plus ils le vendent…
Le machin qui vous pousserait à noyer le bébé plutôt que lui apprendre à nager.
Je suis sorti de la boutique et ai appelé mon fils, horrifié que j’étais.
- Oui papa ?
Là, désolé je suis pour la confrérie des bignoles, espèce envoie de disparition mais je n’ai pu retenir un :
- Mais où et avec qui as-tu pu choper ce goût de concierge !?
- Mais pourquoi ?
- Tu as vu ce que tu veux faire porter à P’tite Sœur ? Tu as vu ce truc hyper moche ?
- Ben c’est J.T. qui en avait offert un à JJF pour Merveille il y a six ans !
- Et alors ? C’est parce que ça vient d’A.P.C. que c’est beau ?
- Ben… Passe moi môman s’il te plaît…
Ce fut finalement une longue et agréable promenade qui nous mena, de Pont Cardinet à la Porte Champerret par de longs méandres boutiquiers.
Cela dit, il va nous falloir trouver autre chose pour l’anniversaire de P’tite Sœur.
Je pressens d'autres kilomètres de marche d'ici la fin de juillet…
07:12 | Commentaires (12)
samedi, 05 juillet 2014
La fusion ? Une énergie matrimoniale…
Heure-Bleue et moi serions, selon certaines sources, un couple fusionnel.
Je me dois néanmoins de rassurer Lili qui semble à la fois stupéfaite et effondrée.
Oui ! Le monde de Lili s’écroule sous l’effroyable nouvelle :
Oui ! Heure-Bleue et Le-Goût peuvent vivre loin l’un de l’autre pendant plusieurs heures !
Aujourd’hui je vais même lancer un rocher dans l’océan sans fond des croyances sans fondement.
Bon, honnêtement, il s’agit plutôt d'un pavé dans la mare.
Hier, c’est moi qui ai disparu pour l’après-midi.
Quand je suis revenu, pas livide mais échevelé comme d’habitude et l’épaule droite démontée par le poids des achats au Monop’ de la Chaussée d’Antin, Heure-Bleue était toujours vivante.
J’ai rêvé un instant d’être accueilli comme un type extra, genre le Messie, le mec qui manque à tout le monde.
La réalité hélas fut moins enthousiasmante et en aucun cas ne dépassa la fiction contrairement à une idée répandue par Mark Twain (si, si, j’ai vérifié que ma mémoire ne me faisait pas défaut).
On me demanda, alors que je venais d’entrer dans l’appartement « tu veux que je t’ouvre, Minou ? »
Comme j’étais déjà dans la place, l’autre signification possible de ce « tu veux que je t’ouvre, Minou ? » m’a un instant inquiété. J’ai imaginé la lumière de mes jours, armée du couteau à rosbif et animée d’intentions homicides…
Mais non, Heure-Bleue était simplement contente de voir réapparaître sur le seuil le seul homme capable de lui faire des… des petites crèmes à la pistache.
Ça m’a semblé insuffisant sur le coup mais, hein…
Mais vous savez, lectrices chéries, que si nous passons beaucoup de temps ensemble, nous en passons aussi beaucoup chacun de notre côté.
Sinon, comment pourrions nous passer tant de temps à papoter, à rire, à nous chamailler si nous n’avions pas recueilli, chacun de son côté, de nouvelles du monde extérieur ?
Vous n’aviez jamais pensé à ça, j’en suis sûr…
10:19 | Commentaires (8)
vendredi, 04 juillet 2014
Jour de fête…
Hier fut une journée plus qu’agréable.
Heure-Bleue n’était pas là.
Partie voir quelqu’un d’autre. Qui ? Mystère.
J’ai profité largement de cet après-midi de liberté. Je me suis fait un « mix » musical étrange mais génial.
Elle est arrivée à destination après moult coups de téléphone la lumière de mes jours, fâchée qu’elle est avec la droite et la gauche, ce qui lui joue des tours quand elle est dans des coins de Paris qu’elle ne connaît pas.
Ça a du coup éclairé d’un jour nouveau ses indécisions politiques…
Puis j’ai pu commencer à songer à quoi j’allais occuper mon temps.
D'abord de la musique !
J’ai d’abord écouté l’enregistrement d’une partie du concert de Dire Straits en France en 1992. « The walk of life » avec ses fautes d’anglais qui m’arrachent les oreilles m’a particulièrement plu, avec un Mark Knopfler dans une forme éblouissante, avec encore des cheveux tenus par un bandeau qui aujourd’hui serait inutile, sauf à cacher les rides de son front…
Et puis, j’ai enfin pu écouter quelque chose d’extraordinaire, qui me manque et que je ne peux écouter que seul car Heure-Bleue n’aime pas du tout ce genre de musique.
En plus, je profite qu’elle n’est pas encore levée pour vous le chuchoter, lectrices chéries : Heure-Bleue n’a jamais vraiment compris pourquoi la musique changeait de niveau, fâchée qu’elle est avec la gradation qui va de pianissimo à fortissimo.
C’est sans doute pour des raisons de confort qu’elle préfère le jazz. Les variations sont sensiblement plus faibles et heurtent moins ses oreilles.
Les jours où le temps est à l'orage à la maison, je lui jetterais volontiers à la figure qu’elle aime la musique d’ascenseur…
Mais hier c’était bien. J’ai alors clos mon concert perso par le trio dit « À l’Archiduc » interprété par des vieux tellement vieux qu’ils sont morts. Sauf un, qui est mort jeune mais qui, s’il avait survécu serait mort vieux il y a des années, alors hein…
Grands dieux ! Ce piano joué par Arthur Rubinstein, ce violon tenu par Jascha Heifetz et ce violoncelle par Emmanuel Feuermann.
Et il faut reconnaître que ce Beethoven, il était sacrément fort dans son job !
Bref, comme disent les djeun’s, je me suis éclaté.
Puis, l’émotion retombée et le soleil m’appelant du côté de dehors, je suis parti joyeux vers le Monop’ chercher les choses indispensables.
Je les ai pratiquement toutes oubliées et n’ai ramené que le superflu…
Il y avait tout de même de quoi faire les petites crèmes à la pistache qui font les délices de la lumière de mes jours et un melon qui s’est révélé plutôt bon alors que je pressentais un truc au vague goût de flotte et dur comme un croissant SNCF.
J’ai ensuite préparé la cuisine et ai attendu la lumière de mes jours.
Qui est rentrée tard.
Nous nous sommes mis à table, avons allumé la télévision pour nous apercevoir que les infos étaient terminées depuis une demi-heure. Comme nous ne nous étions pas vus depuis longtemps, nous avions des tas de choses à nous dire.
Alors nous avons éteint la télévision et avons raconté notre journée jusqu’à pas d’heure…
Passionnant, hein, lectrices chéries ?
08:56 | Commentaires (9)
jeudi, 03 juillet 2014
C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit...
Ce matin, lectrices chéries, je suis horrifié.
Ce mois ci fut long entre tous pour des tas de raisons.
Notamment les sous que le WWF devrait classer parmi les espèces en voie de disparition…
Ceci expliquant probablement cela, pour la troisième fois de ma vie, et trois fois ce même mois, je me retrouve avec un de ces petits machins douloureux qui poussent dans la bouche. Un aphte !
Heure-Bleue, incessamment consultée, diagnostique immédiatement :
- Minou ! C’est une allergie !
- Mais à quoi ? Je ne suis pas allergique. Sauf à la pauvreté et à la bêtise…
- Qu’as-tu mangé hier ?
Nos souvenirs d’hier soir nous conduisent à penser que rien de ce dîner n’est responsable. Nous évoquons notre déjeuner. Rien non plus.
Nos cogitations nous amènent à penser à notre déjeuner de l’avant-veille.
Et là, c’est l’illumination !
Les produits alimentaires que nous avons achetés chez S.mply.
Ce n’est pas cher mais ça ne vaut pas plus !
Cette découverte brutale et aphteuse des défauts des produits alimentaires de cette filiale d’Auch.n me conduit donc à écrire illico à la Présidence de la République.
Ça devrait donner quelque chose comme ça. A peu près.
Monsieur le Président de la République.
Vous sachant aussi soucieux du sort de tous les Français que de votre prochaine élection, je dois vous demander de surseoir à la publication du décret d’application de la loi hier votée instaurant le gel des retraites.
En effet, je viens de découvrir avec stupeur que mon organisme rejette avec énergie la qualité toute relative des produits alimentaires de la grande distribution.
Afin d’éviter un approfondissement sensible du trou de la Sécurité sociale, plutôt que songer à le réduire en malmenant le retraité, il me paraît plus profitable pour les finances de la solidarité nationale, de préserver la santé du retraité grâce à une alimentation de qualité.
Loin de moi l’idée de souffler la solution au brillant intellectuel que vous êtes.
Néanmoins, l’expérience m’a montré en maintes occasions que je me sentais en bien meilleure forme quand mes moyens me permettaient de me sustenter en achetant des produits de qualité dans des épiceries dignes de ce nom.
Je ne saurais donc que vous suggérer d’accéder à ma demande d’augmenter ma retraite de façon que je puisse faire mes courses exclusivement au Monop’ ou au Lafayette Gourmet.
Soyez néanmoins persuadé que tout supplément me permettant de les faire à la Grande Épicerie sera accueilli avec joie.
Ne sachant si l’aphte est une affection contagieuse, je ne vous embrasse pas, Monsieur le Président de la République mais soyez sûr que le cœur y est.
Votre citoyen dévoué et bientôt préféré.
Le Goût.
10:32 | Commentaires (9)
mercredi, 02 juillet 2014
Vent d’ange ou le coup des pets dans l’eau…
Une de mes lectrices chéries, celle qui prête parfois une oreille attentive –et j’adore ça- à mes ratiocinations, a remarqué à propos d’un commentaire que j’ai laissé chez une de ses amies qu’il ferait une note à lui tout seul.
Aujourd’hui étant de ces jours où le désert de mon esprit m’effraie au point que le soupçon même d’une note n’affleure même pas, je saute sur l’occasion de radoter si gentiment offerte par cette lectrice chérie.
En ce jour de disette imaginative, je me dois donc de remercier chaleureusement « Lilas » pour m’avoir tiré une sérieuse épine du pied…
Une autre blogueuse dont j’ignore tout chez qui j’avais laissé un commentaire s’était enquise de ce que pouvait bien être ce « délit d’outrage » dont j’avais parlé.
La vocation didactique qui agace tellement Mab et Heure-Bleue a alors refait surface et a donné naissance à une de ces pages de littérature dont vous êtes, lectrices chéries, si friandes je le sais.
Boum ! Fermez le ban et admirez le délayage !
J’avais choisi pour ce délit, l’illustration plutôt que le texte désespérant de la Loi n°54-612 édictée sous la présidence de Monsieur le Président René Coty.
Texte tombé en désuétude et sérieusement ravivé par un précédent Président particulièrement susceptible et assez peu sensible à la susceptibilité des autres au point de dire à un électeur « Casse toi pauv’con ».
A ce texte rébarbatif j’ai préféré cette saynète tirée d’un fait divers qui s’est produit il y a environ trois ans à Saint Germain en Laye et qui me semble illustrer parfaitement le propos.
Je disais donc à « Mèche », cette blogueuse dont j’eus aimé qu’elle fît partie de mes lectrices chéries, que le délit d'outrage intervient de manière impromptue et est généralement une entreprise délibérée de la maréchaussée.
Exemple :
- Madame, vous vous garez sur un endroit interdit !
- Oui Monsieur l'agent, bon, je m'en vais…
- Papiers ! Les vôtres et ceux du véhicule s’il vous plaît !
- Mais je n'étais pas garée et je m'en vais, je venais juste prendre mon fils à la crèche !
- Vos papiers madame !
- Mais enfin...
- N'insistez pas madame, vos papiers et ne discutez pas !
- Mais mon bébé, il est là, en face à la crèche ! Ils vont fermer !
- Vos papiers !
- Mais mon bébé ! Monsieur l'agent !
- Je viens de vous demander vos papiers ! Ne m'obligez pas à appeler les collègues !
- Mais vous êtes bouché ou quoi ?
- Aaahhh Madame, vous venez de m'insulter, là ! C'est passible d'une amende de 7500 € !
- Mais enfin ! Vous comprenez ce que je vous dis ? Mon bébé est là, en face et vous m'empêchez d'aller le chercher alors que la crèche ferme ! C'est pourtant clair !
- Allo ? Venez, j'ai un justiciable récalcitrant ! Elle m'a insulté !
- Non ! C'est lui ! Il est con comme une huitre, j'ai mon gosse enfermé et cet abruti m'empêche d'aller le prendre parce que je me suis arrêtée devant la crèche ! J'en ai marre.
- Ah ! Ça y est ! On le tient, là, le délit d'outrage !
Alors tu vois, Mèche, quand ça tourne comme ça, ça finit au tribunal et le contrevenant paie très cher sa sensibilité aux provocations des chaussettes à clous.
Il y a des circonscriptions judiciaires où ça marche bien parce que les juges sont plutôt réactionnaires et prennent systématiquement la défense de la police, quelles que soient les exactions qu'elle commet.
Dans d'autres juridictions, ça ne marche jamais.
Les flics parlent alors, dans le même cas de « laxisme coupable » forcément coupable...
Voilà, c'est un peu long mais je pense que ça explique assez bien ce qu'est le délit d'outrage et ce qu'il comporte de risque de dévoiement de la justice.
Merci encore « Lilas ».
08:46 | Commentaires (5)

