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samedi, 10 octobre 2015

La grâce mâtinée…

Vous avez remarqué, lectrices chéries ?
Et ça m’a frappé.
Oui, comme ça…
Il y a quelques jours, nous avons croisé une voisine au rez-de-chaussée.
Tout à fait charmante la voisine.
Ne me demandez pas comment elle est pour que je la trouve charmante.
Devinez son teint et la couleur de ses yeux...
D’autant plus charmante, donc, que c’est elle qui m’a alpagué en me disant qu’elle avait apprécié mon style épistolaire pour apostropher « le bringueur du quatrième ».
Ma gorgée de petit lait avalée, Heure-Bleue et moi avons papoté un moment avec la voisine jusqu’à ce que je rappelle que si nous voulions dîner d’autre chose que de « créquouis » il nous fallait aller acheter quelques vivres.
Je vous dirai un autre jour ce que c’est que cette histoire de « créquouis ».
Ce soir là était le soir où Heure-Bleue « a eu envie de cochonneries ».
Hier, j’ai reçu un mail de la voisine.
Elle nous convie « Ce serait agréable de se faire un apéro un soir plutôt que de discuter sur le trottoir si cela vous dit.»
L’idée de picoler gratos et servi par quelqu’un d’autre m’a aussitôt comblé alors j’ai usé de mon meilleur langage de faux-cul « garçon bien élevé » pour lui dire que ce serait un plaisir « mais que nous ne voudrions pas etc… »
Cette voisine a répondu peu après et là où j’ai tiqué, c’est sur la fin de la proposition.
Rien d’insane, rassurez vous, lectrices chéries.
Seulement sur « le vendredi 6 novembre ou le vendredi 13 novembre à votre convenance, vers 19H ».
Nous sommes tous occupés, bien sûr.
Quand nous travaillons, il n’est pas rare, selon son travail d’avoir des occupations planifiées sur des semaines, des mois, voire des années.
Là où je suis de plus en plus surpris, c’est de voir ces agendas remplis à ras bord dans les heures consacrées à la vie privée.
Heure-Bleue et moi, vous aussi lectrices chéries je l’espère, avons connu l’heureux temps où pour convier une connaissance « à un apéro » il suffisait de dire « vendredi, en fin d’après-midi ou en début de soirée, ça vous va ? »
J’ai l’impression que par les temps qui courent, alors que le chômage galope et qu’on nous saoule avec « les trente-cinq heures qui tuent la compétitivité », ceux qui ont un boulot se tapent le leur et celui des cinq millions de chômeurs…
Invitez n’importe qui à un repas ou simplement un goûter et vous le voyez consulter son smartphone afin de vous caser dans ce qui ressemble à un agenda d’ophtalmo.
Oui, l’agenda d’ophtalmo est bien plus rempli que celui d’un ministre.
Sommes nous donc si occupés ou avons-nous si peur de rater quelque évènement que nous sommes contraints de remplir d’avance nos heure au point d’en retirer tout risque de surprise ?
La nouveauté ne devrait elle advenir qu’à travers un écran et un haut-parleur ?
Jamais d’une rencontre sauf à ce qu’elle soit dûment planifiée ?

mercredi, 07 octobre 2015

Je ne boirai pas de tonneau…

Hier, je suis allé déjeuner avec un copain.
Il m’avait invité pour me raconter quelque chose.
Des trucs de mec que les meufs peuvent pas piger vu que ce sont des meufs et qu’on est des mecs.
Comme c’est un homme très occupé par son boulot d’ingénieur dans l’industrie pharmaceutique, je n’ai pu lui consacrer que deux heures.
Ne dites rien, lectrices chéries, je sais bien ce que peut avoir de bizarre la tournure de la phrase.
C’est pourtant exactement ça.
Quoiqu’à mon âge, je doive éviter de gaspiller le mien, c’est parce que son temps est précieux que je n’ai pu lui consacrer que deux heures et quart exactement.
Comme avec l’ami que je rencontre à Paris, l’essentiel, à part nos désaccords perpétuels, est le repas que nous partageons.
Il y a, près de son gagne-pain, un restaurant agréable où une serveuse, agréable elle aussi, vous accueille avec un sourire charmant.
Mais il y a mieux. La cuisine.
Mieux encore. Le vin.
Mon copain, très en cour dans ce qui est devenu sa cantine, m’a fait apprécier le talent avec lequel le mastroquet choisit ses vins.
Il avait décidé que ce serait un « repas blanc », à peine un demi hors d’œuvre pour deux et un plat.
Bon, le mulet grillé accompagné de carottes émincées était bon mais était surtout l’excuse rêvée au Puligny Montrachet qui l’accompagnait.
Que je vous dise, lectrices chéries.
Ce vin, rien qu’à le sentir, m’a ramené plus de cinquante ans en arrière.
J’ai raconté à mon copain, qui devient sentimental dès qu’il s’agit de pinard, ce qu’a rappelé l’odeur de ce cru de Bourgogne. Il y fut très sensible.
Dès que j’ai plongé le nez dans mon verre, j’ai été transporté en Bourgogne, dans la cave du café  de ma tante Olga.
C’était encore l’époque où on livrait le vin en barrique dans les cafés du coin.
Quand il fallait encore remplir les tonneaux « au cul du camion » à partir « d’une pièce », le truc de quatre cents litres.
Vous ne croyiez tout de même pas, lectrices chéries, que nous étions devenus champions du monde de l’alcoolisme à coups de « mignonettes » genre « vol en classe éco », non ?
Il fallait alors commencer par préparer les tonneaux. Ma tante prenait un grand fil de fer, accrochait à un bout un morceau de coton imbibé d’alcool de fruit, y mettait le feu et le promenait à l’intérieur du tonneau.
Ensuite, elle prenait une petite coupelle suspendue à un autre fil de fer, y mettait un peu de soufre qu’elle enflammait et l’accrochait dans le tonneau.
Quand le vigneron arrivait avec son vieux GMC, elle surveillait le remplissage des quelques tonneaux qu’il emmènerait à la cave avec l’aide de mon oncle Fernand. Oui, celui de mes vacances.
Après quelques jours, de repos. A la demande du client, elle remplirait les bouteilles et les « chopines » avec un entonnoir tapissé de coton pour retenir « la fleur » du vin.
Voilà ce que tout ce que j’ai senti et revu quand j’ai promené mon nez sur le verre de Puligny Montrachet.
Voilà ce que j’ai dit à mon copain.
Il m’a dit « t’as du pot, toi, d’avoir vu des choses comme ça. »
Je me suis dit que oui…
On se le dit toujours un peu tard.

mardi, 06 octobre 2015

Le bêta dîne…

Heure-Bleue a eu une lubie, hier.
Elle a dit « ce soir, j’ai envie de cochonneries ! »
Je l’ai regardée, hyper intéressé.
Elle a haussé les épaules et rectifié illico « J’ai envie de manger des cochonneries ! »
J’ai réfréné un soupir de déception.
Mais non, lectrices chéries, je vous assure que je n’avais pas la langue pendante, les mains moites, la cervelle en train de battre le rappel de tas de trucs pas racontables et le regard lourd.
Pfff… Vraiment…
Nous sommes allés sous la pluie au Franprix du coin en quête de cochonneries.
Nous les avons hélas trouvées...
Néanmoins je dois vous le dire, lectrices chéries.
Ce fut une réussite parfaite.
Du moins en matière de cochonneries.
Tout était absolument dégueulasse !
Nous avons commencé, en guise de toasts pour l’apéritif, par une tranche d’un pain de mie « de mince » grillée par mes soins puis tartinée de rillettes bas de gamme.
Le temps a passé, à nous dire que « franchement, si c’est sympa c’est pas top ».
Puis, la « chose » passée grâce à un verre de « Moulin d’Auguste » nous avons, plutôt j’ai mis, l’eau à bouillir pour des raviolis frais au jambon.
Le temps d’attendre de l’eau qu’elle bouillît enfin, j’ai préparé une seconde tartine de ces rillettes qui prouvent que décidément, nous n’avons pas les mêmes valeurs…
Nous nous sommes mis à table pile poil au moment où un cadre d’Air France entamait un numéro de strip-tease forcé.
Là, dégouté car ce type n’avait rien à voir, aux dires d’Heure-Bleue, avec les Chippendale, j’ai amené la suite prévue par la lumière de mes jours.
Elle avait eu pour les éléments du dîner ce goût si sûr, celui qui l’amena sans doute à m’épouser.
Elle avait choisi, après un amuse-gueule qui n’amusait que l’actionnaire de Carrouf, un saumon qui ne connaissait de la mer que le discours du commercial chargé de le vendre.
Pour arranger les choses, elle l’avait choisi mariné dans je ne sais quoi.
Elle non plus.
De fait nous n’avons jamais élucidé la marinade…
A peine remis du hors d’œuvre, nous avons entamé quelque chose qui eut dû être une vengeance envers le hors d’œuvre mais non.
J’avais pourtant surveillé l’eau, son frémissement, le temps de cuisson.
J’y avais jeté le troisième élément choisi par Heure-Bleue.
Des raviolis de jambon, censément faits de pâtes fraîches et de jambon frais lui aussi.
Nous attendions avec impatience que les trois minutes recommandées soient écoulées.
Las ! C’était aussi immonde que le reste.
Heureusement, nous avions choisi pour accompagner cette Bérézina, un Mouton-Cadet fort agréable.
Comme nous sommes malgré tout raisonnables, nous nous sommes sentis obligés d’avaler un tas de trucs dégueulasses histoire de ne pas passer pour des ivrognes à nous jeter sur la seule chose vraiment bonne de ce dîner.
Il en est ressorti au moins une chose intéressante pour moi : C’est la lumière de mes jours qui avait tout choisi.
Pour une fois que ça tourne mal et que ce n’est pas ma faute, je biche sévère…
Voilà ce que c’est qu’avoir abandonné son boulot pendant trop longtemps.
Après on ne sait plus le faaiiireuuu gnagnagna !!!

lundi, 05 octobre 2015

Famille, je vous ai…

Samedi, je suis allé tout seul au Monop’ chercher quelque chose pour dîner.
J’ai trouvé un truc super.
Un machin qu’on accroche au siège des toilettes et qui colore l’eau en bleu .
Bon, en fait je trouve ça super chouette parce que quand je fais pipi, ça prend une jolie couleur turquoise.
Ça doit être l’âge qui fait ça.
Ou alors je deviens gâteux… Mais quand même, j’ai bien dormi.
Je dors toujours bien d’ailleurs.
Puis, hier, Heure-Bleue et moi sommes allés à un vide-grenier du côté de chez les enfants.
L’Ours et JJF avaient décidé de faire un peu d’espace dans leurs placards et dans les coffres à jouets. Ils avaient donc loué un emplacement.
Innocents comme l’agneau qui vient de naître, ils ont posé vers six heures et demie un étal et deux chaises pour signifier que l’endroit était occupé.
Ils sont partis prendre un café et chercher leurs « marchandises ».
Ça a pris juste le temps nécessaire pour qu’ils se fassent étouffer leur table et leurs chaises…
Tout s’est arrangé avec les gens du vide-grenier.
Merveille a voulu prendre un « p’tit bénéf’ » sur l’écharpe que JJF a donnée à Heure-Bleue.
Cette petit semble avoir le sens du négoce affuté qui fait défaut au reste de la famille.
Nous avons emmené Merveille, puis après avoir fait le tour de la brocante, fait une queue monstrueuse pour acheter à Merveille et l’Ours un sandwich  et attendu un moment le temps que les toilettes soient libres pour Merveille, nous sommes revenus vers chez nous.
On est revenu à pied, tranquillement. Très tranquillement.
Nous regardions autour nous.
Nous avons remarqué que les feuilles mortes étaient rares.
Et même, à un moment, Heure-Bleue a remarqué :
- Tu as vu ? Les « merdouniers du Japon »  refleurissent.
Évidemment, je me suis lancé dans des considérations oiseuses sur la floraison tardive dont je ne sais absolument rien.
Heure-Bleue s’en fichait, elle m’a juste répondu :
- Merveille me dirait « Maiiiis… Maaammiiiie ! Ce sont des « corètes du Japon », pas des « merdouniers » enfiiiiinnnn !!!! »
Puis un couple qui venait à notre rencontre sur le trottoir a attiré notre attention
La lumière de mes jours a regardé ce couple qui s’avançait vers nous d’un pas alerte, se tenant par la main.
- Tu as vu ?
- Hon hon…
Lui, très brun, barbe de deux jours, blouson de cuir et jean.
Elle, jupe rouge assez courte, imper trois-quarts beige, cheveux châtain clair, peau claire.
Je n’ai pas vu ses yeux, elle était tournée vers son petit camarade de jeux.
Je les au supputé clairs, au feeling…
Mon ardente houri a ajouté :
- Tiens ! Elle a boutonné dimanche avec jeudi.
Puis de nouveau :
- Tu as vu ? Ça sent le rhabillage vite fait, ça ! Et apparemment c’était bien…
- Hon hon…
- Quand même, tu as vu comme ils se regardaient avec reconnaissance ?
- Oui, j’ai vu ça, ils semblaient contents d’eux…
- Je me doutais bien que tu avais vu…
Elle est comme ça, Heure-Bleue, elle me connaît.

samedi, 03 octobre 2015

Les moustiques errent ou le jardin des piqûres.

J’hésitais, lectrices chéries.
Devais-je  vous parler des moustiques, ces bestioles qui comme moi craquent pour la peau d’Heure-Bleue ?
Ce qui m’arrange bien car c’est elle qui fut dévorée…
Devais-je vous raconter nos pérégrinations dans le quartier de l’Opéra ?
Je vais vous confier quelque chose.
Je crois avoir croisé mon ancien patron.
Heure-Bleue m’appelait, c’est elle qui l’avait vu.
Je n’ai pas entendu, je continuais pour vérifier quelque chose, sur le petit pont de la rue du Rocher quand elle croise la rue de Madrid.
Oui, c’est bizarre mais ce n’est pas un carrefour.
Non, on dirait que la rue de Madrid a été creusée et qu’on s’est aperçu trop tard que la rue du Rocher passait là.
Alors on a fait un pont, histoire de ne laisser un ravin couper la rue…
J’ai vu trop tard le conducteur qui hésitait à partir et me regardait.
Tant pis. Nous avons continué notre route et, après quelques achats, nous nous sommes assis sur un banc, histoire d’éviter que la lumière de mes jours ne s’éteigne à cause de mal aux pieds.
Ce banc de la rue Tocqueville, là où elle croise la rue Cardinet, était occupé par trois femmes.
De ces Parisiennes dont je croyais avoir vu le dernier exemplaire dans le personnage central de « Chacun cherche son chat ».
L’une semblait avoir abandonné l’idée de quitter l’enfance dès la sortie de la maternelle. Où bien elle y retournait à grand pas. A l’enfance, pas à la maternelle.
Les deux autres, je n’ai pas regardé attentivement, je les écoutais, mais je suis sûr qu’elle avaient leur cabas entre les pieds.
Imaginez, lectrices chéries, « Les vamps » mais en trio.
Elle avaient trouvé un sujet de conversation.
La lettre de la Sécu leur demandant instamment de se faire vacciner contre la grippe.
Sujet d’autant plus inépuisable que les mêmes mots revenaient régulièrement.
On aurait dit une « playlist », telle celles proposées par « youtube », mais réduite à six phrases.
Tout y était.
Un accent que je croyais disparu depuis des décennies.
La simplette qui répète après chaque intervention d’une autre « Ah ben moi j’y vais pas… »
Une autre, plus hargneuse, qui, quand son tour dans la « conversation » revient, assène « moi je l’ai même pas ouverte ! »
La troisième qui insiste « Moi je l’ai reçue une fois et puis c’est tout ! »
Au tour suivant, « simplette »  d’affirmer « Ah ben moi j’y vais pas… »
« Hargneuse » d’insister « Ah ben non alors, moi je regarde même pas ! »
La troisième, histoire de changer, « Quand même, pourquoi y m’en envoient plus ? »
Il était temps qu’Heure-Bleue soit reposée, depuis le temps qu’elle retenait son fou-rire, il allait finir par éclater et c’est terriblement contagieux.
Ça aurait fait des histoires.
Alors on s’est levé et on a repris notre chemin…