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dimanche, 17 janvier 2016

Tant va la cruche à Eylau qu'à la fin elle se case...

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- Mamie…
- Ma chérie ?
- Tiens, lis… Il me dit qu’il a reçu sa feuille de route, il part au front.
- Il est officier, ma chérie, il doit ! C’est son devoir !
- Mais il m’abandonne, mamie !
- Comment ça, « il t’abandonne » ?
- Oui je…
- Tu n’as pas… ne me dis moi que tu as…
- …
- Eh bien… Tu sais que même les officiers ne reviennent pas tous !
- J’en mourrai, s’il lui arrive quelque chose !
- Mais non ma chérie, tu verras... Viens plutôt dimanche matin.
- Oui…
- En deux messes à Saint Honoré d’Eylau, tu seras entourée d’une cour de nouveaux gandins…
Un sourire d’espoir éclaira le visage de la jeune fille.
Elle tenta malgré tout :
- Mais mamie ! Il vient à peine de partir à la guerre ! Et puis je l’aime !
- Tu sais, ma petite fille, l’amour, c’est très surfait et on n’en meurt pas si facilement…
Et mamie de clore d’un impératif :
- Allons, jeune fille, en ordre de bataille ! A dimanche dix heures !

jeudi, 14 janvier 2016

Oh les filles, oh les filles !

Ouaip ! C'est exactement ça...


Hier, c’était Merveille.
Comme souvent, nous allons chercher Merveille à l’école.
Cette fois ci, le palmarès de la classe a montré que si Merveille est toujours dans le peloton de tête, il s’en faut d’une place pour qu’elle fût sur le podium.
Alors elle a fait un peu la tête…
Comme elle est assez susceptible je n’ai rien dit  puis j’ai déposé son cartable chez ses parents avant de nous en aller manger quelque chose.
Depuis quelque temps et pour un long moment je le crains, « L’Opération Cartable » est plus délicate.
Il n’est plus question que je monte chez l’Ours, le cartable de Merveille à la main sinon, à peine la sonnette pressée on a droit à « Papiiii !!! Papiiii ! » et une P’tite Sœur qui court partout à la recherche d’habits pour sortir avec Merveille et nous.
Je suis donc allé déposer le cartable sur le palier, ai appelé l’Ours au téléphone et l’ai prévenu pour qu’il le récupère
L’humeur de Merveille s’adoucit en allant manger une crêpe et en revenant à la maison par la « Coulée Verte ».
Heure-Bleue, souffreteuse au lever, avait d’avance laissé tomber son imitation de Violetta dès qu’elle vit qu’il faisait beau et qu’on allait sortir de la maison.
J’ai eu froid tout au long du chemin de retour.
Le temps était beau mais sec et froid.
Merveille dansait, sautillait et vidait la batterie de mon appareil photo, s’attachant à fixer de petites choses à peine vivantes.
Ça nous a pris exactement, de retards en retours vers des choses intéressantes, près de deux heures.
Cent-dix minutes exactement.
Heure-Bleue marchait, le manteau largement ouvert, vêtue d’une chemise et d’un vague truc aussi épais que sa retraite.
Tout ça m’a fait une nouvelle fois me poser la question que je me pose depuis  que j’ai croisé une « claire » de près pour la première fois : « Mais elle n’a donc jamais froid ? »
En vrai, comme je suis « malpoli » quand je cause in petto, je me suis dit « P… ! Mais jamais elle a froid ? »
Pris d’un doute quant à ma complexion j’ai demandé à mes deux amours ce qu’elles pensaient du temps.
« Mais il fait très bon ! » m’a dit Heure-Bleue.
« Maiiiiis enfin Papi… !!! Mamie s’est trompée, il fait tiède !!! » a affirmé Merveille.
Arrivées à la maison, Heure-Bleue et Merveille se sont livrées jusqu’au soir à une activité « de filles », le tri et le commentaire du tas de sacs à mains entassé au cours des années par Heure-Bleue.
Charge à moi évidemment de le ranger dans le haut du placard, les deux dérangeuses étant trop petites pour le faire.
Alors quand la lumière de mes jours me dira –ce qui ne saurait prendre plus de deux heures- « tu ne ranges jamais, tu mets le souk ! » je saurai quoi dire.
Enfin, je saurai pourquoi je me tais…
Le plus dur, dans cette journée est le moment où Merveille commence à être fatiguée.
Comme vous le savez, Merveille mange comme un moineau, c'est-à-dire tout le temps.
D’ailleurs, comme les oiseaux, il lui faut du carburant en permanence.
Ça ne paraît pas mais maintenir une ablette à 37°C, faut de l’énergie..
Elle dormait debout quand je l’ai ramenée chez ses parents.
Ça, ça m’a bien reposé.
Ça fait comme Heure-Bleue, quand elle dort ça repose tout le monde…

mercredi, 13 janvier 2016

J’ai un petit creux qui n’est pas gué mais pas profond…

La petite « note de cent mots » de Coumarine m’a, comme disent les psys, surtout ceux qui se piquent de psychologie, « interpellé quelque part au niveau du vécu. »
Et puis j’aime quand une de mes lectrices chéries souffle le sujet d’une note dans le désert matinal de ma cervelle.
Et celle que je viens d’entendre penser « pourquoi matinal ? » est priée de garder ses réflexions pour elle…

Elle y parle du comportement humain, semble surprise par sa diversité.
Que ce soit le comportement du gamin qui écrase une coccinelle ou Saint Vincent de Paul qui prend la rame du galérien épuisé.
Je suis moins surpris car gamin chez ma bourguignonne tante Olga j’ai, sur le feu de la lessive qui bouillait, aidé par ma « bonne amie », oui cette Arlette là, fait frire des chenilles vivantes.
Les vertes, dont je ne savais pas encore qu’elles donneraient ce papillon blanc, la « piéride du chou ».
Enfin, celles qui n’étaient pas cuites par nos soins.
Vu la façon dont elles gigotaient, je sais maintenant qu’elles n’aimaient pas ça.
Je le savais aussi, tout comme « ma bonne amie » qui m’aidait activement à les mettre sur la boîte de pilchards posée sur les braises à l’aide longues tiges de chardon sèches..
Ma tante nous sortait d’une taloche de notre activité, si occupés que nous ne l’avions pas entendue venir.
Mais, comme tous, nous n’avons pas été que monstrueusement cruels.
Oui, nous avons été aussi par moment monstrueusement cons.
J’ai comme ça, souvenir d’une engueulade collective du censeur car, montés sur les tables amenées près de la fenêtre donnant sur la rue Bochart de Saron, nous avions salué un enterrement de « vive la mariée !!! » particulièrement stridents…
Mais à d’autres très gentils et même humains.
On a même aidé des fois des gens dans une merde noire.
Mais ça, plus rarement…
Coumarine commence donc à penser à toutes ces merveilles de la variété de l’espèce à laquelle elle appartient.
Je suis sûr que ça a commencé comme ça.
Quelque chose comme « mais c’est dingue quand même ! A y réfléchir… »
Puis vous savez quoi, lectrices chéries ?
Elle s’est embarquée, exactement comme vous j’en suis sûr et votre serviteur, dans la galère de ses rêveries.
Elle en a tiré quelques lignes.
Puis elle s’est relue.
Puis elle s’est dit « mais qu’est-ce que c’est ch… !!! »
Je le sais, j’ai lu la fin de ses réflexions chez elle.
Vous savez bien, cette impression qui me saisit plusieurs fois par jour hélas trop tard pour m’éviter de sortir une ânerie pontifiante.
On croit avoir écrit quelque chose de profond.
On a juste écrit quelque chose de creux.
Du coup on saisit bien la nuance entre creux et profond.
On n’a pas perdu son temps, on a fait un progrès langagier…
Par les temps qui courent, ce n’est déjà pas si mal.
Et puis, il n’y a pas de raison que seuls les personnages politiques nous sortent des tirades vides de sens et ennuyeuses avec un sérieux papal…

mardi, 12 janvier 2016

Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause !

Emporté par le flot des célébrités qui calanchent ces temps ci, l’Ours prépare déjà ses regrets de notre disparition prochaine qu’il détaille à la lumière de mes jours.
Il semblerait qu’au cours d’une discussion avec Manou, il ait émis l’avis péremptoire, sûrement à propos de son éducation :
- Papa, il est ch…
Merveille aurait alors pris vigoureusement ma défense en assénant :
- N’empêche, vous serez drôlement tristes quand papy « mourira ».
Et l’Ours, scandalisé de répondre :
- Je serai triste, mais moins qu’entendre comment parle ma fille en CE2…
Heure-Bleue et moi nous sommes fait la réflexion que Merveille parlait bien mieux avant de mettre les pieds à l’école.
Cela dit, nous nous étions fait la même réflexion quand l’Ours est allé à l’école.
Puis ça s’était aggravé quand il est entré au lycée où il apprit nombre de grossièretés.
Son langage atteignit le sommet, plus exactement il toucha le fond, lorsqu’il alla à la fac.
Mais là, nous n’avons rien dit.
Nous savions bien que le langage estudiantin est une altération sauvage du langage de corps de garde…

lundi, 11 janvier 2016

Les tas d’urgences

Hier, rassurée par la visite du médecin passé la veille, Heure-Bleue allait nettement mieux.
Je le sais, elle m’a tanné pour que je coupe en quatre sa pilule d’antibiotique.
Elle me demande ça quand ce sont de gros cachets, elle a la phobie de l’étouffement depuis que dans sa précipitation elle a ingurgité il y a des années, bientôt vingt ans, un morceau de viande trop gros et que j’ai dû la faire régurgiter…
Mais là elle exagère, la pilule, un « smartie » à l’échelle 1/10, c’est galère à couper en quatre.
Elle insiste en disant « oui mais toi, tes ongles sont durs, j’ai que des petits ongles tout fins et puis je ne peux pas avaler ça tout rond, voilà ! »
Ce « Ça tout rond », c’est quand même grand comme un bouton de col de chemise de Merveille.
Genre six millimètres de diamètre, la section d’une cigarette russe…
Et puis elle m’a cherché des histoires à propos de deux-mille-huit-cent-seize petites choses qui vont des miettes pas ramassées à la serviette de toilette toute propre tombée dans le panier de linge à laver en passant par je ne sais quoi.
Bref, tous ces trucs que les mecs, sauf les maniaques, ne pensent jamais à faire quand ils sont chargés « d’aider », c’est- à dire se taper le boulot sous les ordres du chef…
Ça s’est arrangé quand je lui ai lavé les cheveux.
C’était la bonne température du premier coup et comme je suis gentil et qu’elle est malade, je ne l’ai pas embêtée quand elle s’est déshabillée.
Oui, je fais ça chaque fois et ça l’agace, mais ça l’agace… Vous ne pouvez pas savoir, lectrices chéries…
Alors je le fais.
Mais là non.
Puis, comme chaque soir, je me suis mis à la préparation du dîner.
La lumière de mes jours n’a pas d’appétit et ne sais même pas quoi désirer.
Alors elle me demande, jouant de l’air « chuis malaaaade ».
- Minouuuu… Qu’est-ce que tu pourrais me faire ?
Comme toujours quand je vois Heure-Bleue en état de faiblesse, j’ai tendance à vérifier qu’elle ne va pas si mal, alors j’ai tenté de la jouer vulpin :
- J’ai bien une idée…
Elle ne va pas si mal finalement qui me jette :
- Ne rêve pas !
Donc elle va presque bien, sauf qu’elle n’a pas très faim.
Mais dès cette nuit j’ai su qu’elle allait quand même mieux.
Je le sais parce qu’elle m’a viré quand j’ai voulu coller.
Et ce matin j’ai coupé sa pilule en quatre alors qu’elle n’avait même pas gémi un truc comme « je ne peux pas avaler ça tout rond » et qu’elle s’est mise à rédiger sa note du jour.
Évidemment, le moral est retombé en apprenant que David Bowie est mort tout jeune…
Ah ! J’allais oublier ! Juliette et moi sommes « défâchés » depuis un bon moment et je ne saurais trop vous dire de lire sa dernière note.
En plus elle montre avec brio qu’il vaut mieux lire avec son cerveau qu’avec ses tripes.