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jeudi, 31 décembre 2015

C’est jour de repas sage.

Ce matin ça a commencé de travers.
Je me suis « défiguré un pied » contre le bat-flanc où git Tornade qui meurt en silence et en buvant des trucs épouvantables à base de citronnelle que rien qu’à les lui préparer j’ai les yeux qui piquent et les doigts qui brûlent.
Mais bon, hier on avait quand même rendez-vous avec la Tornade au Bon Marché.
Elle était partie le matin, joyeuse pour des courses lointaines et nous l’avons retrouvée, épuisée, dans un fauteuil de la librairie.
A l’idée d’un chocolat au café de La Grande Épicerie, elle ressuscita.
Et c’est là que je me suis dit que Paris est une merveille pleine de choses inattendues, même les plus bizarres.
C’est quand même la seule ville où je peux voir un aveugle faire du lèche-vitrine…
Si, si ! Même qu’il avait son labrador avec l’attelage et tout !
Dingue, je vous dis lectrices chéries !
Alors j’ai dit à Heure-Bleue et Tornade « Vous avez vu ? L’aveugle il fait du lèche-vitrine ! »
Évidemment, mes commensales ont dit que « franchement ! T’es pas sortable ! »
Bon, comme il n’était pas seul, je me suis peut-être fait des idées.
Mais je me fais plein d’idées comme ça tout le temps, alors…
En passant devant un stand d’ustensiles de cuisine, m’est venu une idée, en fait une question.
J’ai repéré dans la foule la petite châtain, claire de peau et d’yeux et noire de robe qui allait me répondre.
Elle était mignonne mais je n’était pas venu ici pour une veste ni un râteau mais pour voir ses poêles.
Ne dites rien, je sais…
Je lui ai donc posé ma question, fort simple :
- Dites moi, jeune fille, une poêle à revêtement céramique sur laquelle je jette un œuf sans rien d’autre et qui va glisser dans mon assiette sans problème, vous avez ça ?
La pauvre, j’en ai encore honte…
Elle m’a jeté le regard franc et honnête du garagiste prêt à fourguer une épave.
- Suivez moi…
Vous me connaissez, lectrices chéries, je l’ai suivie.
Elle m’a montré ses poêles.
Ouais, bon…
M’a juré que « non, elles n’attacheraient jamais pendant des années ».
Hélas, c’était le même genre de poêle que celle que j’avais achetée cet été et qui attache depuis quatre mois alors qu’elle n’a été nettoyée qu’à l’aide d’une éponge.
On a quand même fait quelques courses et, en sortant reprendre le bus, la toux de Tornade a effrayé quelques dames qui ont vite tourné la tête, des fois que…
Du coup, on a eu des places dans le bus.
On a dîné léger, histoire d’avoir un peu de place pour ce soir.

mardi, 29 décembre 2015

Comment petit peut on ?

Oui, c'est ça que j'ai écrasé...

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Sophie, qui hélas n’a pas de blog, me laisse un commentaire dont je retiens ça :
« là je me demande si tu ne traînes pas un vieux remords d'avoir détruit la pièce que ce gentil monsieur t'avait donnée. »
Et Sophie ajoute :
« J'espère qu'il ne t'a pas vu. »

Tandis que Berthoise remarque :
« C'est tout le cas que tu faisais des cadeaux qu'on t'offrait ? »

Et demande :
« Ou était-ce par curiosité ? »

Sophie et Berthoise, sachez que je voulais seulement savoir comment c’était fait.
J’ai failli écrire en plein rêve « j’étais un gamin curieux qui est devenu un adulte curieux ».
Puis je me suis dit qu’adulte, non, on peut pas dire…
Je me suis donc repris et ai manqué de peu lâcher par honnêteté « j’étais un gamin curieux qui vieux est resté curieux ».
Mais ça ne m’a pas trop plu, Heure-Bleue me fait déjà trop souvent remarquer que je ne suis plus un perdreau de l’année alors j’aime bien penser parfois que je ne suis pas si vieux.
Donc j’ai transigé avec moi et ai abouti à la conclusion que «  j’étais un gamin curieux qui est resté curieux »…
Alors voilà, j’ai donc cassé le tube de verre pour « savoir comment c’est fait dedans » et si j’ai vu « comment c’est fait dedans » je n’ai pas compris « comment ça marche » ni surtout « à quoi ça sert exactement ».

Là, je dois dire à Sophie que « bien sûr qu’il m’a vu ! »
Et à Berthoise que « bien sûr que c’est la curiosité ! »
Je le sais bien parce qu’il me l’a dit des années plus tard, il en riait encore.
Je lui ai rendu visite il y a longtemps.
Je venais de croiser Heure-Bleue.
Madame B. avait laissé tombé le ménage de la boutique et était repartie à Bourganeuf depuis quelques années.
Mon copain Bernard, celui qui habitait juste à côté, était parti vivre en Angleterre, là où son british amour l’avait entraîné.
Le boutiquier m’a dit « Tu te rends compte depuis quand tu viens, le Goût ? Tu étais tout gosse quand je t’ai donné ce condensateur ! »
J’étais en sixième et je me rappelais bien.
Il a ajouté :
- À peine dehors, tu l’as écrasé avec un coup de pied pour voir ce qu’il y avait dedans… Ça fait combien d’années ? 
- J’étais en sixième, c’était au début de l’été 1959…
- Maintenant, tu sais comment ça marche et à quoi ça sert, ces trucs là, hein…

lundi, 28 décembre 2015

Perroquet philosophe, la radio gêne…

Aujourd’hui, il faut que je vous dise, lectrices chéries.
Un des avantages qui a profité à mon grand-père paternel, mon père, mon fils et moi semble perdre de son efficacité chez moi.
Oui, nous avons une mémoire un peu comme une bibliothèque bien rangée où on retrouve à coup sûr et facilement ce qu’on y cherche mais où, hélas on a tendance à musarder.
C’est quand même bien pratique.
Bon Heure-Bleue aussi a une excellente mémoire mais j’aime moins car elle ne se rappelle que mes tours pendables.
Et dieu sait qu’en bientôt quarante-cinq ans, il y eut de quoi emmagasiner des sujets de dispute…
Et voilà pourquoi je vous parlais de ça, lectrices chéries :  Cette mémoire dont j’usais comme de l’eau du robinet a un comportement bizarre ces temps-ci.
Je ne suis pas encore rendu à cet état où je ne sais plus si j’ai déjà bu mon verre ou si je ne l’ai pas encore rempli, non.
Simplement, ce robinet bien pratique semble avoir des fuites, comme si les joints avaient vieilli.
Je trouve parfois au matin, comme de petites flaques de souvenir, éparses sur l’évier de ma cervelle.
Je me sers de mon blog pour les essuyer.
Et ce matin, levé tôt, je me suis revu, le cartable battant la cuisse, descendant la rue Rodier.
Je descendais assez souvent la rue Rodier jusqu’à la rue Condorcet que j’empruntais jusqu’au croisement avec la rue de Rochechouart, là où il y a l’arrêt du 85.
Je faisais ça l’été parce que j’aimais bien prendre le bus à plateforme.
Et j’aimais aussi passer rue Rodier parce qu’il y avait une boutique de merveilles.
De pures merveilles pour un petit garçon comme moi.
Une boutique de « réparateur de tout » avec une vitrine pleine de machines à coudre démontées, de postes de radio à l’arrière démonté, exposant des tas de choses comme des « lampes », des élément bizarres que je sus plus tard être « des condensateurs variables », des « selfs », des « transfos » et même un « haut-parleur ».
Un jour, un jeudi en revenant de « colle », j’avais dû me faire « serrer » dans un couloir, je suis entré dans cette boutique.
Mon cartable pesait une tonne car j’avais dû y mettre mon « Gaffiot », c’est pour ça que je me rappelle l’épisode car je tirai la patte en entrant dans la boutique.
J’ai dit
- Bonjour monsieur… 
On m’a grogné
- Oui ? C’est pour quoi mon garçon ? Qu’est-ce que tu veux ? 
- C’est pour savoir… Comment ça marche, la radio ?
- Hou là ! Comme tu y vas ! Tu vas au lycée, plus haut ?
- Oui, je voudrais faire un poste.
- T’es bien trop petit, allez file, j’ai du travail…
Je suis revenu à la maison. Dans l’après-midi je suis redescendu, j’ai pris la rue Championnet jusqu’au bout, là où mon père avait acheté le poste de la maison.
Dans cette vitrine là, il y avait aussi de ces merveilles.
Je suis entré, un homme gentil avec un accent que j’ai su plus tard être du sud-ouest m’a demandé ce que je voulais.
- Faire un poste de radio monsieur…
Il a soupiré, ouvert un tiroir et en a tiré une chose étrange qu’il m’a tendue.
- Tiens, c’est un condensateur. C’est la première pièce, c’est le début de ton poste.
- Merci monsieur…
C’était un tube de verre dont sortait un fil à chaque extrémité.
Un papier jaune l’entourait, imprimé de noir qui disait « 100.000 pF 1.500 V »
A peine sorti, je l’ai posé sur le bord du trottoir et l’ai écrasé de ma chaussure.
Un petit rouleau de « papier chocolat », deux feuilles isolées par du papier.
Ce composant a gardé son mystère ce jour là.
Je ne voyais pas comment on pouvait recevoir la radio avec ça.
Ce jeudi là je suis remonté pensif à la maison…

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dimanche, 27 décembre 2015

Quand les vieux convolent…

Hier soir, Heure-Bleue et moi papotions au lit.
Oui, lectrices chéries, on papote partout.
Même au lit.
- Minou, je crois qu’on vire « vieux cons »…
- Ben tu sais, je suis comme toi, je préfèrerais qu’on vire « jeunes cons »…
- Oui mais non, c’est pas ça.
« Aïe » me suis-je dit, ça doit être sérieux, si ça commence par « oui mais non »…
- Hon hon…
- C’est pour Merveille…
- Hon hon… Oui, Merveille…
- Quand l’Ours allait à la communale, et qu’il a dit « On est que cinq Français dont trois Yougoslaves », ça ne nous a pas frappés plus que ça.
- Et ?
- Quand il est allé au collège et au lycée, pareil, on lui a fait confiance.
- C’est vrai, pourtant dans ce lycée il y avait un sacré mélange de rebeus, de blacks, de « noiches », de juifs, de musulmans, de boudhistes, de chrétiens et de riens du tout…

J’ai repensé à ses copains, Memet, le Turc aux yeux gris qui a une boîte de textile à présent, à Cao, le Viet qui était venu tout petit à la maison, à Li Sing, le Chinois qui a maintenant une boutique de bijoux fantaisie dans le IIIème, son pote Togolais, jamais vu un type aussi noir, carrément bleu-marine, le mec, à qui ma mère avait dit « Mon dieu que vous êtes noir ! Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi noir ! »
Et cette petite rouquine kabyle qui regardait l’Ours comme un gâteau et qu’il ne voulait pas approcher parce qu’elle avait « des tas de frères à embrouille avec des rasoirs plein les poches ».
Nous lui avons fait confiance et il n’a pas « mal tourné ». Nous l’avons élevé avec un peu de principes, c’est tout.
J’ai dit :
- C’est vrai on lui a fait confiance…
Heure-Bleue a lâché, en me serrant le bras :
- On devrait faire confiance à Merveille, elle va s’en sortir.
- Oh, mais ce n’est pas en Merveille que je n’ai pas confiance, c’est dans ceux qu’il y a autour… Mais après tout, on peut travailler partout…
- Et puis elle a des parents…
- Et finalement, l’environnement n’est pas pire que celui de l’Ours à l’époque, le coin n’était pas ce qu’il est devenu, un ghetto de bien lotis.
Oui, le coin de Merveille n’est pas un ghetto de voyous dangereux.
Beaucoup sont « mal élevés » et savent sur « le camp d’en face » des choses qu’on ne devrait pas savoir à leur âge, et fausses de surcroît vu qu’ils les ont apprises sur le Web mais la sortie du lycée Turgot, pour ce que je me rappelle ne ressemblait non plus à une réception à Buckingham…
Alors…
- Alors oui, Minou, faisons confiance à Merveille.
- Oui ma Mine, vu sa façon de s’exprimer elle va faire comme son père, elle va les manipuler.
- Je me demande de qui elle tient ça, Minou…
- Ben…Tu me manipules bien, toi…


samedi, 26 décembre 2015

Si l’époux l’est, l’es tu ?

Comme disaient ma salade et la femme d’Horace
« Je suis romaine hélas puisque mon époux l’est »
Brin de Broc est vraiment très gentille.
J’adore quand une de mes lectrices chéries me pose une question.
Je n’y réponds pas forcément mais les jours comme aujourd’hui, où je ne sais absolument pas quoi vous dire –si, si, ça arrive- ça me donne un sujet.
Je ne suis pas sûr que ça va vous intéresser mais je vais vous le dire quand même.
Ceux que ça ne branche vraiment pas peuvent lire autre chose.
D’autres blogs, par exemple.
Même des livres, c’est bien les livres.
Cest même très bien.
Bon, pour en revenir à mon mouton, Brin de Broc me demandait
« Alors ???? Qu’avez-vous donc mangé ? »
Eh bien, nous avons commencé avec une salade accompagnée de gésiers tièdes et d’œufs pochés tièdes eux aussi.
Vu que nous avions bu plus que d’habitude la veille que c’était même pas la veille puisque c’était déjà demain c'est-à-dire hier quand nous somme arrivés à la maison alors on est revenu à pied pour dissiper des vapeurs de Croze-Hermitage qui valaient au moins quatre points de permis.
Vous avez vu ? Je m’entraîne à parler comme le petit Nicolas. C’est pour quand je serais gâteux.
Après cette salade, engloutie avec un Chardonnay qui a duré quasiment le repas car on ne peut pas picoler comme ça chaque repas, tout le monde a fait honneur au plat.
Heureusement parce que le menu avait été choisi il y a une semaine par Merveille.
J’aime bien préparer à Merveille ce qui lui fait envie.
Quand c’est prêt, elle « pignoche » et je suis presque déçu mais quand je la ramène chez elle je m’aperçois qu’elle a tout mangé parce qu’elle n’a pas arrêté de picorer toute la journée.
Elle a un petit estomac, elle est vite rassasiée, c’est vite digéré et elle a rapidement « un petit creux ».
Un piaf vous dis-je.
Hier, toute la famille, sauf moi qui suis très sage, a pris et repris du poulet que j’avais préparé.
Une volaille farcie.
C’était une farce faite avec du bœuf, des foies de volailles et du foie gras, une gousse d’ail, un oignon, du sel, du poivre, du persil et une pincée de cumin.
Ça paraît compliqué mais non, le plus dur, ce n’est pas de faire la farce ni de refermer le poulet avec cette andouille de ficelle élastique qui fout le camp et que ça déborde, non, ça, ça va.
Non, le plus em…bêtant, c’est éplucher des grenailles.
C’est bon mais c’est petit.
C’est vrai quoi, personne n’aime les pommes de terre cuites avec leur peau.
Franchement, lectrices chéries, ça vous viendrait à l’idée de faire cuire des pommes de terre avec leurs épluchures et d’habiller votre flemme de noms ronflants genre « robe des champs » ou « pommes en chemise » pour faire passer la chose ?
Bref, il n’y a plus rien.
Ne restent que des millions de traces de doigts de P’tite Sœur sur toutes les vitres.
Et Merveille qui a fait un peu la tête parce qu’elle n’aime pas partager notre maison avec des autres, surtout sa petite sœur…