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jeudi, 22 décembre 2016

Faire tourner l’étable...

Je suis passé devant la ferme.
Tout était éteint.
C’est un peu plus loin, devant une des dépendances, peut-être bien une étable, que j’ai entrevu une lumière vacillante.
Je me suis approché, craignant qu’un incendie ne se soit déclaré.
J’ai jeté un regard à l’intérieur, entre les planches disjointes de la porte.
Et non, ce n’était pas un incendie mais compte tenu de la société, probablement une longue vie d’emmerdements débutait là.
Un môme, vaguement enroulé dans un chiffon, était posé sur la paille.
Un bœuf, se penchait sur lui, soufflant.
Ça commençait bien, j’étais sûr que le môme allait débuter directement par la fièvre aphteuse.
Ou il allait finir piétiné par le bœuf.
A moins que ce ne soit par l’âne qui attendait que le bœuf ait fini de lui souffler ses miasmes pour en faire autant…
Pour ne rien arranger, sa mère était voilée et le mec à côté, probablement son père, portait une djellaba et avait l’air très emmerdé.
C’était mal barré pour ce gosse, à tous les coups, encore un petit rebeu…
Ça sentait le couple « d’étrangers en situation irrégulière ».
Des migrants moyen-orientaux.
En plus, ça avait beau être silencieux, ça faisait quand même un peu nouba, dans l’étable.
Et puis il y a ces trois autres types bizarres.
Déjà il y a un black, ça détonne parce que dans ce bled, si t’es pas blanc, tu te fais salement regarder de travers.
Déjà rien que si t’es basané t’es mal vu.
A tous les coups, demain on va lancer un avis de ratonnade…
En plus, il y a un « noich », le troisième, c’est un Gaulois, comme vous et moi.
Ils sont fringués zarbi mais bon, aujourd’hui tout le monde s’en fout.
Quand même, je ne peux pas laisser ce môme comme ça.
Maté par des types bizarres et mal surveillé par des parents complètement paumés.
Je sors mon portable et j’appelle Emmaüs avant qu’il y ait un drame.
Sinon ce gamin va mal finir, c’est sûr et on va encore en parler pfff… des siècles...

mercredi, 21 décembre 2016

T’as d’beaux vieux tu sais…

De rien Mab, de rien...
Quand j’ai entendu hier que Michèle Morgan était morte, je dois avouer à ma grande honte que j’ai pensé fugitivement « Ah quand même ! Aznavour va pas traîner…»
Reste Danielle Darrieux qui est quand même née pendant la guerre de 14-18…
Y penser m’a réveillé car je dormais depuis des jours.
Endormi près du radiateur comme tout cancre qui se respecte.
Interpellé par une Heure-Bleue bonne élève, je fus sorti de mes rêves le temps de faire le devoir de Lakevio.
Je m’y suis mis de mauvaise grâce.
Je dois même avouer avoir bâclé le travail.
Aujourd’hui c’est autre chose.
Tout va mieux, du moins va aller mieux.
Non que la paix se soit soudainement étendue sur le monde, non.
Mais quelque chose d’important tout de même.
Aujourd’hui, ou hier je ne sais exactement, c’est le solstice d’hiver.
Et ça, c’est vachement bien lectrices chéries.
Parce que ça veut dire qu’à partir de maintenant si ce n’est de tout de suite, les jours allongent.

Oui ! Les jours allongent dès aujourd’hui !

Encore trois ou quatre mois de patience et les jours auront tant allongé que les habits vont raccourcir.
Même si depuis plusieurs années mes espoirs ont été bizarrement déçus.
J’attendais le passage des ourlets au dessus des genoux des filles.
Hélas, trois fois hélas, c’est la ceinture des jeans qui descendait jusqu’à montrer le sillon fessier des garçons.
Mais je fais contre mauvaise fortune bon cœur.
Les jours allongent...

lundi, 19 décembre 2016

Postraphaélite…

lakevio.jpg

Quand j’ai vu ce tableau la première fois, je me suis dit « tiens, le « peintre des femmes » vieillit ! »
Je me rappelle ses toiles plus anciennes.
Il y peignait des femmes plus minces et plus souriantes.
Aussi belles que celles des Préraphaélites.
On pouvait les prendre pour celles si tentantes et si bien peintes sur les toiles de lord Alma-Tadema.
Mais ce détail d’Eurypyle a quelque chose « d’Eurypylant ».
Oui, le cou de cette femme.
Et le tissu qui couvre les salières de la reine des Amazones.
Il n’est pas à la portée de n’importe qui de rendre aussi bien la texture et l’aspect du « linon ».
Ce tissu qui est si doux qu’il était réservé aux petites chemises des nouveau-nés et au « linge de corps » des dames.
Cette chemise…
Et ce col qui incite à l’indiscrétion.
Avec ces plis parfaits et un peu lâches qui laissent juste de quoi y passer un doigt et tirer légèrement pour admirer ce qu’il cache.
Et ce cou ! Mon dieu, ce cou !
Penché juste ce qu’il faut pour montrer qu’il n’attend que les lèvres qui ne manqueront pas de se poser délicatement dessus.
Je suis sûr qu’il l’a peinte comme ça, exprès.
Exprès pour qu’on ait envie d’y passer un doigt et tirer sur ce col.
Histoire de vérifier qu’on a autant envie d’embrasser la peau qu’il y a dessous que celle du cou, largement exposée.
Bien sûr, il faudra retirer ce collier...
 

jeudi, 15 décembre 2016

Les mères veillent…

Heure-Bleue est malade et elle a eu envie de croissants.
Alors ce matin, je suis allé chercher le pain et deux croissants au beurre.
Là, j’ai croisé un chat qui traversait la rue.
Ça m’a rappelé que non, ma mère n’avait pas toujours été étouffante, jalouse et indiscrète.
« Rrrhhhoouuuu !!! Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon dieu ! »
On ne l’a jamais vraiment su.
Ma mère était comme ça.
On était des enfants, on faisait des bêtises.
Bon, des fois des grosses.
Comme le jour où on a failli tuer le chat.
Oui, on a voulu voir s’il pouvait faire comme notre père, sauter en parachute.
Alors on l’a pris, on l’a attaché aux coins du plus grand carré de soie que ma mère avait et on l’a jeté par la fenêtre.
Il s’en est tiré sans mal.
Pas nous parce que quand on est remonté avec le chat, il a bien fallu expliquer pourquoi le chat était dehors attaché à son écharpe et pourquoi il s’est précipité sous le lit à peine arrivé à la maison.
Evidemment ça s’est gâté, on a tous pris une volée, enfin ceux qui étaient là.
Et c’est là que ma mère a recommencé ses « je ne vous souhaite pas de mal mes p’tits enfants ! Seulement d’avoir des enfants comme vous ! »
On n’a rien dit sur le coup parce qu’on savait que quand suivait le « Je ne vous laisserai pas devenir comme ces voyous ou ces filles de la Porte de Clignancourt ! », on avait intérêt à se faire oublier.
On savait qu’elle s’était un peu calmée quand arrivait ce « Rrrhhhoouuuu !!! Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon dieu ! »
On attendait le « pour avoir des enfants comme ça ! »
Là on ne disait rien.
Mais si ça s’arrêtait avant le « pour avoir des enfants comme ça ! », on savait qu’on pouvait jouer au lieu de faire semblant d’être sage.
Pour être franc, comme j’étais beaucoup plus crédule qu’aujourd’hui, je me suis longtemps demandé ce qu’elle avait bien pu faire au bon dieu.
J’ai failli le savoir une fois quand mon père était là.
On avait encore fait une bêtise.
Ma mère a dit le « Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon dieu ! »
J’ai demandé tout bas à mon père « mais qu’est-ce qu’elle a fait au bon dieu maman ? »
Il m’a dit à l’oreille « maman s’est mariée avec moi, alors il a été jaloux. »
J’ai regardé mon père avec admiration.
Ma mère a dit :
- Pas de messes basses sans curé !
- Rien ma poule, il a juste demandé ce que tu avais fait au bon dieu.
- Et qu’est-ce que tu as encore inventé, Gaby ?
« Gaby », c’était un mauvais plan.
Mon père le savait mais il lui a répété.
Ma mère a secoué la tête avec une espèce de sourire bizarre, avec juste les lèvres fermées qui bougent comme si elles tremblaient et elle s’est contentée de dire « Aaah… Lemmy… Tu ne changeras jamais… »
Là, j’ai compris le bon dieu…

mercredi, 14 décembre 2016

Boulevard du rhume.

Aujourd’hui comme hier, Heure-Bleue et moi mourons tranquillement.
N’attendez rien de moi.
Elle agonise à grand bruit.
Je meurs en silence.
Si, si, lectrices chéries, en silence !
Elle a 38.5 °C au réveil.
Tant que ce n’est pas 39.6 °C, elle vit.
J’ai 37.2°C, je suis à l’article de la mort.
Je soupçonne que le ciment de notre mariage, c’est ce degré d’écart entre nos températures centrales.
Assez curieusement, celle qui a le moins tendance à s’enflammer est normalement
à 37.2°C alors elle a besoin de fraîcheur.
Celui qui rêvasse, qui s’enflamme, tout ça, eh bien, lui est normalement
à 36.2°C alors il a besoin de chaleur.
Alors peut-être à demain…