vendredi, 30 octobre 2009
La nausée.
Je suis chrétien par ma mère (qui croyait plus au diable qu’à Dieu).
Je suis juif par mon père (qui ne croyait pas en Adonaï, elohenu, melekh ha olam...).
Si ma mère est issue d’une famille du centre de la France depuis des dizaines de générations (faut pas croire, les roturiers aussi ont des aïeux, on ne les connaît pas tous, c’est tout), mon père, lui, est issu d’un mélange harmonieux, j’en suis la preuve, de peuples qui, d’Est en Ouest vont de la Russie à l’Irlande et, du Nord au Sud, de l’Alsace au Maghreb.
Lui-même était fils d’un capitaine de vaisseau de la Royale (d’origine judéo-Alsaco-bretonne) coulé par les Allemands en 1915 (on n’est pas très adroit dans la famille) et d’une juive Espagnole du Maroc.
D’émotion, il naquit en Algérie et eut ainsi la chance de se taper avec les Américains cinquante-trois mois de campagne et quatre débarquements pour sauver la France (l’armée française du moment en Afrique du Nord , soumise au régime de Vichy, ne voulait pas de juifs et mon grand-père, qui se méfiait à juste titre des idées d'Adolf, avait désigné mon père et une des ses soeurs comme volontaires…).
Je suis, du coup, Français par hasard.
Et ça ne m’arrange pas tous les jours.
Notamment quand j’entends parler par le ministre concerné « d’Identité Nationale » et que le même ministre se vante dans la presse d’avoir « piqué ses valeurs » au Front National.
C’est aussi malin qu’ouvrir des camps de concentration pour piquer les électeurs du parti nazi.
Déjà qu'on a tendance à contrôler au faciès les gens de type auvergnat...
Je ne suis pas sûr d’être fier de mon pays (si, si, c’est mon pays aussi) quand je lis dans la presse que des municipalités font appel à la délation.
Je me demande si, en allant chercher des sous dans mon agence bancaire, on ne va pas boucler les portes et appeler la maréchaussée parce que j’ai « look gaulois» défaillant, comme dans n'importe quelle agence de Boulogne.
Jusqu’il y a peu, je pensais avoir de la chance d’être né en 1949 en France de parents français (encore que, par les temps qui courent, ce ne soit plus garanti pour mon père …) plutôt que vingt ans plus tôt.
Vu la tournure des évènements, je n’en suis plus si sûr…
14:59 | Commentaires (13)
dimanche, 25 octobre 2009
Des nèfles au logis
La néphrologie est une spécialité fascisante...
Je ne vous ai pas raconté ma visite chez mini-néphro ?
Eh bien voilà : Je vais cesser de vous écrire très bientôt.
Je sais, je devrais dire « je vais mourir », mais que voulez-vous, je prends toujours des précautions oratoires dès qu’il s’agit de vous annoncer que je vais vous priver de la lecture enrichissante de mes notes…
En fait, je vous dis « très bientôt », mais c’est seulement si je suis les prescriptions de cette émule de Benito ou Adolf.
« Ciel ! Est-ce possible ? » vous entends-je vous exclamer d’ici.
Oui, c’est possible…
Mini-néphro a en effet eu l’air de tomber de l’armoire quand elle a constaté une augmentation du taux d’acide urique dans le sang de votre serviteur.
J’ai eu beau lui dire, avec les précautions d’usage « Loin de moi l’idée de vous apprendre votre boulot, mais c’est le résultat habituel de l’absorption de l’hydrochlorotiazide présent dans le médicament que vous m’avez prescrit… », elle a décrété « c’est vrai mais quand même, il vous faudra éviter, outre de trop saler, d’absorber des purines ».
Pas fou, j’étais allé piocher sur un site universitaire les causes probables de l’augmentation de l’urée et de l’acide urique.
Je fais ça à chaque fois que je reçois les résultats du labo.
En fait je me prépare à plancher devant mini-néphro…
Ca m’a permis de lui répondre « Vous en avez de bonnes ! Si je vous suis bien, je dois éviter d’absorber des protéines pour maintenir un taux de créatinine bas, des graisses animales pour garder un faible taux de cholestérol, les crustacés et les légumes pour éviter les purines et limiter l’hyperuricémie !»
Elle eu le regard incertain de celle qui s’est déjà fait piéger il a un an par le même type…
Je lui assénai l’argument final : « Si j’ai bien compris, le maintien en bonne forme des reins implique la mort par inanition… ».
J’eus donc droit à la question posée il y a près d’un an : « C’est quoi votre métier ? ».
La réponse habituelle apportée, j’eus droit, comme à la visite précédente à « Bon, c’est stable, il faut seulement continuer comme ça et être raisonnable, je vous verrai dans six mois. Même traitement. »
Du coup, je vais tout de même éviter d’alterner, un soir sur deux, le homard et la langouste.
Je vais abandonner le foie gras du midi et le caviar de mon quatre-heures.
Quand on veut rester en bonne santé, il faut savoir se contenter de pâtes et de sardines à l’huile…
10:12 | Commentaires (15)
mardi, 20 octobre 2009
Un quiet...
Bon, j'en ai marre !
On ne parle que de ma fille ici !
Et moi alors ? Je ne compte pas ?
J'ai quand même eu un cancer, moi, un vrai !
Un adéno-carcinome du rein.
Un machin à rétropédalage biconvexe à poil dur.
Pas un cancer de chochotte, un truc d'homme.
D'ailleurs, aujourd'hui je suis de sortie.
Aujourd'hui c'est hosto.
Je m'en vais expliquer à ma néphrologue miniature que, comme n'importe quel agent commercial, j'ai atteint les objectifs fixés.
Un taux de cholestérol et une tension artérielle impeccables, ceux d'un gamin de douze ans qui n'a jamais mis les pieds dans un McDo.
Je lui dirai que je ne suis pas un rein avec deux pattes qui ne servent qu’à l’amener devant elle deux fois par an.
Oui, je lui dirai.
Enfin, je ne sais pas, je lui dirai peut-être.
Si elle n’est pas trop susceptible.
Je n’en sais rien. Je vais faire un sondage discret pour vérifier qu’elle a bon caractère.
Le truc délicat, le truc qui montre que je suis un peu tracassé mais pas mal élevé.
La claque sur les fesses par exemple, toujours bien vue et qui montre avec brio que l’intérêt n’est pas feint…
Comme Heure-Bleue m’accompagne mais n’entre pas dans le cabinet avec moi ça « devrait le faire » comme disent les jeunes gens aujourd’hui.
C'est curieux, d'ailleurs. Elle ne m’accompagne que pour la visite au type qui m’a éreinté.
D’ailleurs j’ai un doute, tout à coup.
Il est jeune, brillant, beau garçon.
Et si…
Mais bon, il nous faut quand même attendre six semaines pour avoir une idée plus précise du mal qui frappe ma fille.
Oui, contrairement à beaucoup de belles-mères qui ont perdu un fils, je fais partie de ces beaux-pères qui ont gagné une fille, je marche volontiers par agglutination…
07:49 | Commentaires (20)
mercredi, 14 octobre 2009
« y’en a pas un pareil ».
La lutte contre le dopage semble nuire assez sévèrement aux intérêts de certains et ces « certains » préfèreraient que cette lutte ne soit ni publique ni efficace...
Ca donne lieu à des réflexions assez savoureuses de la part des protagonistes, dont ce bijou, finement ciselé par le directeur du Tour de France qui commence ses explications embarrassées sur France-Inter par un tonitruant (tonitruand ?) « L’important, c’est que chacun travaille ensemble ».
C'est-y pas beau, cette maîtrise de sa langue maternelle par le directeur de l'épreuve sportive la plus célèbre du monde et parmi les plus rentables ?
Après ça, étonnez-vous qu'un type titulaire d'un baccalauréat, ce qui, dans n'importe quelle famille, aurait ouvert la porte à un stage de livreur de pizza chez Domino's pizza, se retrouve à la tête d'une boîte publique qui a un CA de trois milliards d'€uros...
13:48 | Commentaires (13)
lundi, 12 octobre 2009
Une droite finalement très gauche…
Bon, assez déliré.
Ce matin, un article de Libé attire mon attention : « Vous n’êtes plus Français ».
Je lis l’article, y apprends qu’un jeune homme de 28 ans, d’origine sénégalaise et Français par « droit du sang » se voit, suite à une lecture tatillonne de la loi, privé de sa nationalité.
Bon, d'accord c'est un nègre il est d'origine sénégalaise, mais tout de même...
Ce garçon vient de se faire trouer la peau pour répandre, sur un monde barbare et plein de bougnoules d’embûches, les beautés de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité et il est viré comme le premier couillon bronzé qui va récupérer ses sous dans une agence bancaire de Boulogne.
Il est médaillé comme un maréchal russe et on vient de lui dire que finalement, s’il faisait partie d’un prochain charter et acceptait de ne pas pester dans un centre de rétention, ça serait bien aussi…
Je lis l’article en détail. Il en ressort que la France s’est trompée en 1960 dans la rédaction de la loi. La France de l’époque n’avait sans doute pas osé penser qu’un jour un « Commissariat aux questions métèques » « Ministère de l’Identité Nationale » verrait le jour et instaurerait un truc qui n’est pas sans rappeler des heures dont l’Etat français n’a pas de quoi être fier.
Donc, comme « la France s’est trompée » en 1960, on colle une baffe à la Constitution en instaurant du même coup deux choses parfaitement étrangères au droit constitutionnel français : Le bannissement et la rétroactivité des lois !
Qu’il y ait erreur dans la rédaction d’une loi est une chose, elle devrait alors s’appliquer dans sa nouvelle interprétation aux seuls nouveaux venus des colonies.
Mais on se heurte à une affreuse impasse :
- Nous n’avons plus de colonies.
- Ceux qui ont acquis la nationalité française parce que leurs parents étaient français ne peuvent être bannis puisqu’aucune loi ne l’autorise.
- La nouvelle interprétation xénophobe de la loi ne peut leur être appliquée puisque la Constitution ne permet pas l’application rétroactive des lois (jusqu’à la prochaine modification de ladite Constitution, dont on a pu apprécier récemment que dans la dernière modification, ce qui arrange l’exécutif voit sortir illico la loi et son décret d’application tandis que ce qui nous arrange nous n’est pas près d’être voté et encore moins appliqué…).
Cela dit, pour malheureux que ce soit pour ceux qui vont devoir retourner dans le pays de leurs parents ou plutôt grands-parents, cette nouvelle interprétation fait naître chez moi, incurable optimiste, un espoir.
Cette nouvelle interprétation ne permettrait-elle pas de renvoyer dans des foyers hongrois la famille spécialisée dans les présidences, depuis celles de la Défense pour le fils à celle de la République pour le père en passant par une compagnie d’assurance pour l’oncle ?
Après tout, la loi n’est-elle pas censée être la même pour tous ?
18:27 | Commentaires (12)