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vendredi, 29 juin 2012

Le mal dominant.

Parmi tous les partis qui témoignent de la vivacité de notre belle démocratie, il en est un qui n’ose pas présenter de candidat car tous sont à la fois militants actifs, candidats et élus.
Je veux parler du parti du cul-bénisme, ce cul-bénisme au fond méchant qui se répand dans toutes les couches de la société. 

Un gosse se chamaille dans une cours d’école et est envoyé prématurément ad patres ?
Vite, une « marche blanche » et un petit nuage de ballons blancs lâchés de la cours de récré.
Un car se renverse ?
Vite, un dépôt régulier de fleurs à l’endroit de l’accident.
Un représentant des forces de l’ordre se fait trucider par un bandit ?
Vite, un déplacement ministériel et un dépôt de gerbe à l’endroit du crime.
Chacun de ces drames exige évidemment « une cellule de soutien psychologique ».

Je conçois tout à fait le chagrin de ceux qui sont frappés par le sort.
J’aimerais néanmoins que cette sollicitude soit un peu moins orientée, un peu moins sélective.
D’une part, cette  « cucuterie » ambiante ne réussit pas à masquer le fait que nous vivons dans un monde de plus en plus féroce où chacun doit absolument être en concurrence avec sa consœur ou son confrère, sa voisine ou son voisin, bientôt son épouse ou son mari, sa sœur ou son frère, d'autre part elle est extrêmement hypocrite et agaçante.

Le dernier exemple qui m’a frappé date d’avant-hier, et il m’a coûté la somme colossale de… trois cents, oui 0 ,03 €.
Le jeune homme qui passe à  la caisse du carrouf, devant les deux personnes qui me précèdent,, fait toutes ses poches pour régler deux bouteilles d’eau et une baguette.
De pincée de piécettes en pincée de piécettes il approche de la somme affichée.
Las… Toutes les poches faites, il manque trois cents.
Il demande « une remise » à la caissière, qui n’en peut mais et lui explique que si elle le fait, sa caisse sera fausse et que « la caisse fausse » c’est un crime dans un supermarché, un crime qui risque de lui coûter son emploi.
Les deux devant moi se contentent de soupirer d’agacement.
Je tends à la caissière une pièce de dix cents, histoire de ne pas passer la soirée au carrouf…
Ebloui moi-même par ma générosité, j’en ai la tête qui tourne, les anges volètent autour de mon front nimbé de lumière.
Je crois même à un moment entendre un chœur d’enfants chanter mes louanges.

Bref, je suis surtout surpris que, bien que mon coin ne soit pas très riche, personne n’ait songé à donner les trois cents manquants –oui, je sais, « donner » est un mauvais mot, un mot qui conduit à « l’assistanat », ce « cancer de la société » abhorré par ceux qui ne manquent de rien-.
D’autant que ce jeune homme, pauvre comme Job, achetait deux bouteilles d’eau et une baguette de pain, pas une « cannette de 8.6 », horreur abominable qui eut stoppé net le geste charitable…

Il est vrai que la fausse bienveillance et les conseils ne coûtent pas cher et satisfont l’ego à bon compte…