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mercredi, 30 janvier 2013

Souvenirs, souvenirs…

J’ai beaucoup aimé le billet de Seringat.
Celui qui est paru hier matin.

C'est beau les souvenirs.
Même les mauvais.

Mais là c'est un bon.
Un coin de ciel, occupé en partie par une branche d'acacia, me ravissait.
Les matins de printemps, particulièrement ceux du dimanche où j’avais la chance de partager le pensionnat avec une poignée de « pas sages ».
Du fond de mon lit, collé à la fenêtre, je regardais ce ciel et cette branche d’acacia.
Elle était fleurie et embaumait un dortoir qui en avait bien besoin.
C’était une époque où les impératifs de sécurité n’empêchaient pas encore de vivre.
Dès le mois de mai, les fenêtres des dortoirs étaient maintenues ouvertes jour et nuit.
Le seul vrai risque que je courais n’était pas de tomber par la fenêtre, non.
C’était essentiellement d’être réveillé par une averse soudaine, poussée vers mon lit par un coup de vent.
C’était le prix à payer pour voir ce coin de ciel…
Ce n’était pas cher payé, ceux qui « habitaient » contre le mur du fond ou près des toilettes étaient souvent réveillés par le « frère » qui faisait sa ronde ou ceux qui se rendaient aux toilettes.
Mais ces dimanches, aaahhh ces dimanches !
Il fallait bien sûr sacrifier à la messe, mais elle se déroulait dans une atmosphère bien plus décontractée que celle du jeudi ou celle du samedi.
Oui, la messe avait lieu le samedi pour être certain que la bonne parole nous atteindrait tous sans distinction.
Le risque existait bien, que ce petit ange tombât dans une famille qui préférait profiter du dimanche pour paresser au lit plutôt que rendre grâce au ciel.
Pire encore, je m’étais laissé dire que certains prétendaient être allé à la messe alors qu’en fait ils étaient allés jouer au foot…
Ils gagnaient chaque dimanche un aller simple pour l’Enfer. Et pas celui qui est pavé de bonnes intentions.
Non, l'autre, plein de paquets de « cent lignes » et de « une heure avec ».
L'enfer, quoi...
Notre dimanche à nous, les réprouvés, les maudits, était finalement fort agréable.
J’avais même le droit de prendre des libertés avec l’air sur lequel chanter ce foutu « miserere ». La reprise « à la quinte » me plaisait beaucoup, ça faisait « genre chanteur ».
En tout cas mes camarades de géhenne et moi y éprouvions un sentiment de liberté rare.
Imaginez une pension abritant des dizaines et des dizaines de gamins, tous turbulents, certains féroces.
Imaginez cette pension, dans laquelle il n’aurait dû se trouver, le dimanche, que quelques religieux occupés à souffler avant de reprendre le collier, que dis-je le joug.
Imaginez-là, occupée seulement par ces frères et une dizaine de gamins, du coup fort calmes et assez heureux. Beaucoup d’entre nous préféraient parfois passer le week-end là que dans un logement si exigu que quand on ne se cognait pas aux meubles on se frottait à ses parents ou ses sœurs.
Imaginez surtout la cour, immense et vide, embaumée par un parfum qui m’émeut encore aujourd’hui, celui des tilleuls.
Ces tilleuls étaient censés meubler la cour mais surtout calmer un tas de barbares occupés à se courir après et se battre.
Quand nous habitions près du Père Lachaise, c’est le parfum des acacias qui meublent la rue des Pyrénées qui me charmait.
Aujourd’hui, près de chez moi, il y a une espèce de petit parc dans lequel poussent quelques tilleuls.
Au printemps, et j’en sens déjà aujourd’hui le réveil, ces tilleuls dégagent un  parfum qui me ramène près de soixante ans en arrière.
Ce parfum réussit à traverser à la fois les effluves bagnolesques et les décennies.
C'est dingue, non ?

Merci Seringat…

 

Commentaires

Quel poète ce matin!

Écrit par : mab | mercredi, 30 janvier 2013

Je n'ai pas lu Seringat, - toutes mes excuses mais mon temps est mesuré ! - mais le tilleul de la cour d'école me ramène bien loin aussi...

Écrit par : lakevio | mercredi, 30 janvier 2013

Les odeurs, rien de mieux pour raviver les vieux souvenirs.... Dis donc, si j'ai bien tout compris, tu ne faisais pas partie des "pas sages" !! je savais bien que t'étais pas un bad boy !!
J'aime bien ce texte, joliment écrit !!

Écrit par : ysa | mercredi, 30 janvier 2013

Ysa, d'après toi, je passais mes dimanches en pension pour quoi ? Parce que j'étais trop sage ?

Écrit par : le-gout-des-autres | mercredi, 30 janvier 2013

je connais bien l'odeur du tilleul; Il y en avait un collé à ma maison de campagne; Nous avons dû le faire abattre, dommage...

Écrit par : liliplume | mercredi, 30 janvier 2013

ha les tilleuls dans les coures d'écoles...s'ils pouvaient parler...quel pied! dommage de préférer passer ses dimanche en pension...la vie était dur après la guerre, je confirme...tu sais que tu as une très belle voix au téléphone...? grave et charmeuse...kisss

Écrit par : mialjo | mercredi, 30 janvier 2013

Plus que l'odeur des tilleuls, c'est l'odeur des acacias qui m'émeut.
J' ai longtemps habité dans des écoles, dans la première, il y avait des acacias. Le voisin faisait des beignets avec les fleurs.

Écrit par : Berthoise | mercredi, 30 janvier 2013

Alors tu faisais exprès de faire le c.n pour rester le dimanche , Je ne sais pas si l'air des tilleuls m'aurait suffi !

Écrit par : Brigitte | mercredi, 30 janvier 2013

ah! oui! les odeurs, rien de mieux pour raviver les souvenirs ! Pour moi, c'est l'odeur des fougères avec lesquelles nous faisions des cabanes lorsque j'allais à la garderie. C'est les seuls moments ou j'ai pû avoir la sensation de liberté, j'avais 11,12,13 ans!

Écrit par : emiliacelina | mercredi, 30 janvier 2013

J'aime aussi le parfum des tilleuls et celle de l'acacia. Je ne savais qu'on pouvait les manger en beignet. Par contre siffler avec une feuille. Tous les arbres et les arbustes en fleurs au printemps.

Écrit par : Seringat | mercredi, 30 janvier 2013

quelle jolie note, tu nous as emporté dans le monde des senteurs de ton enfance, et c'était très agréable !!!! les weekends en pension pour fuir la Mère et les soeurs chéries ?

Écrit par : Rivka | mercredi, 30 janvier 2013

Les commentaires sont fermés.