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vendredi, 31 août 2018

Danse macabre…


Je ne vais pas vous parler de musique, quoique…
Non, je ne vais pas vous parler de Duras non plus mais d’une autre petite musique.
Hier soir, en véritables adultes, Heure-Bleue et moi, quasiment nous rongeant les ongles, c’est dire si « on est grand », nous avons regardé « Harry Potter et les Reliques de la Mort (2) ».
Bon, il gagne à la fin, comme n’importe quel PSG.
C’était chouette, ça nous a occupés pendant cent-trente minutes, sans compter la publicité.
Mais, conséquemment, ça m’a occupé le reste de la nuit.
C’est fou ce que, les yeux fermés, j’ai croisé comme gens qui sont morts.
Evidemment, il y a ceux qui ne me manquent pas.
Evidemment il y a ceux dont je n’aurais même jamais soupçonné qu’ils pussent rester coincés entre deux quelconques de mes neurones.
Certains même dont je n’aurais jamais soupçonné que dans mes rêves, la fin pût me soulager.
Pourtant je ne me rappelle pas avoir cette nuit rêvé d’un huissier de justice ou d’une mauvaise petite brute de cour de récré.
Et puis il y eut les autres.
Tous les autres.
Tous ces proches arrachés les uns après les autres.
Et pas que les proches.
Il ya aussi parfois de très proches que les années et la mort n’ont pas réussi à ôter de ma cervelle.
Il y a ceux qui sont enterrés dans ma mémoire et qui, comme des surgeons de lilas ressortent au mois de mai.
Il y a celui avec qui je suis allé au lycée et qui est mort à trente ans en se jetant sous un train.
Une autre encore, morte d’un cancer, que je connaissais depuis 1966.
Il y a ma cousine, Süzel, morte il y a peu, bouffée par un crabe.
Il y a de moins proches, bien sûr et que j’aimais aussi.
Il y a évidemment cette affaire de rue Turgot qui n’arrive jamais à être nette au point d’être un souvenir clair.
Je sais seulement que ça a fini tragiquement.
J’étais déjà plein de cicatrices récoltées sur les tables d’opération.
J’ai en plus la mémoire couturée de partout par des pertes irréparables.
J’oublie parfois ce que j’ai fait de mes lunettes.
Elles sont sur mon nez.
J’aimerais bien parfois oublier tous ces gens.
Nous nous sommes connus.
Nous nous sommes aimés.
Nous nous sommes parfois détestés.
Ils sont comme mes lunettes.
Je crois les avoir perdus, ils sont juste sous mon crâne…