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samedi, 30 mars 2024

« Respice post te! Hominem te esse memento! »

Ouaip ! C’est Tertullien qui disait ça !

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Ce qui est plus réconfortant que le « Memento mori » des chrétiens du Moyen-Âge, toujours prompts à trouver une bonne raison de n’être pas heureux, quasiment des wahabites, en somme…
Tout ça pour en venir là : Lectrices chéries, plus rares lecteurs chéris, je suis navré.
Je n’ai pas le cœur à vous faire apprécier la délicatesse de mon écriture, la finesse de mes analyses politiques ou sociales.
D’autres soucis occupent un esprit dont pourtant la quasi omnipotence me rend célèbre auprès d’au moins onze personnes dont la lumière de mes jours pourtant prompte au doute quand il s’agit de mon intelligence.
Parmi ces soucis je ne dévoilerai pas le plus obnubilant, celui qui nous plombe le moral et pourrit nos nuits, à Heure-Bleue et moi.
Il me reste assez de discrétion pour éviter de vous avouer que je suis déjà bien embêté par le fait agaçant que depuis quelques mois maintenant, disons un an pour rester raisonnablement malhonnête, je n’arrive plus à mettre mes chaussettes en étant debout.
Oui, je suis depuis la fin 2022 obligé de m’asseoir pour enfiler mes chaussettes.
J’étais déjà tracassé depuis 2009 par un remplacement impromptu de ces petits carrés sur le ventre qui plaisaient tant à la femme de ma vie par un grand rond que les spécialistes appellent « l’abdo de comptoir » alors que je n’aime pas la bière.
L’absence désespérante de mon miroir de l’Apollon qui se rasait en même temps que moi il y a à peine quelques décennies me tue le moral aussi efficacement que le manque de souffle qui m’empêche désormais de gravir les centaines de marches qui mènent au Sacré-Cœur.
Bref, l’arrivée des cloches est accompagnée d’une mauvaise nouvelle qui montre que si on fête la résurrection de l’un, le risque d’aller voir le dessous des fleurs se précise pour quelqu’un que je connais depuis que je connais Heure-Bleue…
Donc, vous me pardonnerez j’espère de ne pas avoir pensé à occuper sainement votre week-end avec un devoir qui eut évité à vos méninges de s’endormir dans un bien-être calme, trompeur et débilitant.
Bref, ce matin c’est plus « Bonjour tristesse » que « Noli me tangere » qui me soucie…
Mais franchement, si on ne ricane pas face au malheur, autant mourir soi-même, non ?

mardi, 26 mars 2024

Une histoire sans faim...

Aujourd’hui, comme hier je suis en retard…
Alors, je viens enfin lire le résultat de vos cogitations diverses.
Ainsi Délia, qui ne savait pas encore que l’école maternelle existait attaque de façon très politique avec l’affaire des exactions du mouvement « Occident » qui avait comme toujours une peur panique des « cocos » et des « Moscoutaires » et nous retrace l’histoire du mouvement étudiant qui conduisit aux « évènements de mai 1968 ».
Adrienne, quant à elle reste comme toujours époustouflante de pondération et de concision.
Elle reste sur son « quant-à-soi » avec une prudence de notaire…
 Alainx, lui, a oublié de rêver, a manqué deux slogans essentiels du moment qui étaient « Soyez réalistes, demandez l’impossible ! » et « Sous les pavés la plage ! » et a connu lui aussi une déconvenue encore plus vexante que la mienne.
Ambre-Neige nous écrit un récit qui lui vient de « mamie » et relate sa vision des évènements du moment, une sorte de récré animée avec des barricades et des échanges d’horions entre la maréchaussée et les étudiants.
Fabie était déjà révoltée et n’était pourtant qu’en CM2 !
Quant à La Licorne, je ne sais si elle est pessimiste ou réaliste et çe qu’elle entrevoit me parait insensé mais si probable…
Il ressort de la lecture de vos « devoirs » que vous étiez pour la majorité d’entre vous trop jeunes avoir couru devant la maréchaussée vexée d’entendre « CRS ! SS ! » ou pour ne plus entendre « US go home ! »
L’essentiel, vu que vous étiez trop jeunes et aujourd’hui trop sérieuses pour vous rappeler que, même s’il était prêt à en découdre avec les mouvements fascistes,  
l’essentiel pour l’étudiant de 1967 restait qu’il était hors de question de se faire gauler dans les couloirs de la « cité U » du côté des piaules des étudiantes…
Et de revendications en rébellions puis en révolte, ça finit en bordel généralisé.
Et je remarque aujourd’hui que ça a marché parce qu’on inventa « la participation » pour limiter les inégalités qui atteignaient quarante fois le salaire du plus mal payé d’une boîte pour atteindre le salaire du plus payé de cette boîte alors qu’on en est à plus de mille fois aujourd’hui.
Et je ne compte pas l’écart entre le footballeur vedette et le pauvre hère qui ramasse les canettes de bière qui jonchent les stades après la rencontre.
Ce dernier, qui doit choisir entre emmener son gosse au cinéma ou aller au boulot à pied, voit le « buteur » hors pair » encaisser en un mois mille ans de son salaire et est prié de trouver la chose normale…Il y a des jours où on se demande pourquoi il n’y a pas un « mai 68 » tous les deux ou trois ans.
Lecteur assidu des statistiques, je remarque que le patrimoine et la capitalisation des avoirs des vingt personnes les plus riches de France représentent, avec 731 milliards d’€uros, environ sept fois le déficit du budget et environ le quart du PIB du pays.
Heureusement qu’il ne vient pas du tout à l'idée de notre ministre des Finances de leur demander de payer un impôt à prportion de leurs revenus, ce serait les pousser à aller ailleurs...
Mais sont ils seulement encore là, ou se contentent-ils de nous faire gagner leurs fortunes ?
La progressivité de l’impôt a été suffisamment « tassée » pour que l’actionnaire ou le rentier paie à peine moins d’impôt que celui qui s’échine à faire la valeur de l’entreprise par son travail. 
Personne en ce mois de mai ne voulait voir un Staline au pouvoir mais tous nous voulions voir le travail servir autant celui qui le faisait que le propriétaire de la boîte... 

lundi, 25 mars 2024

Devoir de Lakevio du Goût N°189.

Devoir de Lakevio du Goût_189.jpg

Ce vendredi nous sommes le 22 mars.
Ce fut un moment où quelque chose d’important arriva.
Mais pas que pour moi.
Mais pour vous ?
Je suis sûr que nombre d’entre vous se rappelle quelque chose d’un 22 mars.

Ce matin, comme tous les matins, j’écoute France-Inter.
L’indicatif du bulletin d’infos de sept heures est celui de mes dix-neuf ans.
Car ce matin j’ai dix-neuf ans.
J’entends Daniel Cohn-Bendit, qui n’est encore que « Dany le Rouge », « ce Juif Allemand » comme disait Peyrefitte, renvoyer Charles de Gaulle à ses chères études.
Je me rappelle que ce mouvement avait pour origine l’interdiction pour les étudiants d’aller vérifier les différences entre les étudiants et les étudiantes.
Surtout d’aller étudier la chose dans les piaules des étudtantes.
Bref, une vieille histoire de curiosité légitime brimée par de vieux…
De Gaulle est en train de m’expliquer, alors que le temps est superbe, que je dois renoncer à « courir le risque de l’aventure » et, piquant le mot à Rabelais s’exclame « Mais c’est la chienlit ! » .
Pfff... Vieux con, va...
Je me rappelle que j’étais indigné par le fait que Violette Leduc et Roger Peyrefitte risquent la taule pour leurs préférences en matière amoureuse, occupé que je suis à essayer de donner corps aux miennes.
Je suis tout de même moins fainéant que je ne le deviendrai car je persiste à lire Sartre, Balzac et Châteaubriand.
Et se taper les Mémoires d’Outre-tombe en y prenant plaisir, faut être un peu dingue...
Cela dit, c’est une époque saine, où les forces de l’ordre jouent un rôle actif dans la discipline sportive de la gent estudiantine, toujours prompte à s’avachir.
Ces braves gens en uniforme nous assurent un entraînement à la course quasi quotidien, et, en échange, reçoivent quelques cailloux qui leur donnent du cœur à l’ouvrage.
C’est là qu’on constate hélas que l’étudiant romantique et maigrelet, plus musclé de la langue que des mollets, court nettement moins vite que le CRS entraîné et bien nourri...
Une fois ils entrèrent à la Sorbonne.
Ils en sortirent aussi peu diplômés qu’ils y étaient entrés.
Nous en sommes sortis avec plus de bleus qu’à l’entrée…
Pour ma part, je suis plus tracassé par d’autres soucis que les exams ou l’éducation de la maréchaussée car j’ai au cœur l’angoisse que ma copine du moment ne se jette dans les bras d’un trotskyste qui la regarde comme un gâteau.
Ce petit bourge est un traître à la cause du peuple, moi.
Elle me laissera sans doute le cœur brisé, la cervelle vexée et les convictions politiques ébranlées.
La suite donnera raison à mes angoisses, cette hyène se maqua avec un maoïste, fanatique de la « Révolution Culturelle ».
Bon, c’est surtout parce qu’il avait les yeux bleus et qu’il en avait deux, lui…
Quoique d’un caractère peu enclin à pleurer sur le lait renversé, je reprendrais bien un peu de ce mois de mai de l’an de grâce 1968, surtout qu’à l’époque, ce qui m’empêchait de courir, c’était la flemme, pas la clope…
Et puis, c’était une époque où l’on réclamait avec force le droit de vivre, pas de survivre.

dimanche, 24 mars 2024

"I" comme "Ignorance"...

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Urubu à tête rouge

En lisant le commentaire de Delia, j’ai repensé à des vacances de Pâques, pour autant que je me le rappelle, c’était en mars 1961, quelques jours avant les vacances de Pâques.
Les profs avaient renoncé à enseigner quoi que ce soit à des gamins d’une douzaine d’années le lundi d’une semaine qui s’achèverait le mercredi soir.
Oui, comme mon fils, je ne me rappelle pas vraiment les dates, je me rappelle bien les jours et c’était un lundi de mars.
On avait eu le droit de jouer à la condition que le niveau de bruit ne dépassât pas le chuchotement.
Dans « ma » rangée, nous avons décidé à quatre de « jouer au baccalauréat ».
Un moment, le sort désigna la lettre « U ».
Le prénom passa aisément, la ville aussi, la fleur itou, le fruit idem.
L’animal posa à tous un problème.
Sauf à moi qui avais vu il y a peu une bestiole peu engageante dans le Petit Larousse Illustré.
Fort de mon savoir tout neuf j’écrivis « Urubu » sur ma feuille.
Nous commençâmes à vérifier les résultats de ce « baccalauréat ».
Ça s’est gâté.
« Animal ? » à dit J.
- Rien… A dit J.L.
- Pfff… A dit M.
- Urubu ! A dit Le Goût.
- Oaaahhh !! L’aut’ !!! Ça existe même pas ! Ont dit les trois autres.
Un à même prétendu à voix basse « Eh ! Tu nous prends pour des cons ou quoi ? »
Oui, on n’avait pas toujours le langage espéré par les parents dès qu’on était loin de leurs oreilles.
J. a levé le doigt.
« Oui ? » a dit la prof d’anglais.
- Madame, Le Goût il dit que l’urubu c’est un animal !
- Aaaahhh !!!  Monsieur S. et son imagination délirante ! « Urubu » ! Mais qu’est-ce que c’est que ça… Urubu… Urubu… Non, je ne crois pas…
J. s’est foutu de moi. J’ai perdu. Mais j’étais sûr de mon fait et je n’ai pas lâché l’affaire.
Le lendemain j’ai apporté Le Petit Larousse Illustré pour « leur montrer ».
A la première récré, j’ai attrapé J. et lui ai montré l’article et l’image de l’urubu en question.
Ce salaud m’a dit
- P’têt’ mais tu l’as dans le cul mon p’tit pote ! J’ai gagné !
Alors on s’est battu.
J’ai gagné car si j’avais un an de moins, il était plutôt chétif.
N’empêche, je l’ai eu mauvaise…

samedi, 23 mars 2024

Le nom de la rosse...

Hier soir nous avions dîné puis, la lamentable vacuité des programmes de la télé nous ayant dissuadé de la regarder, nous avons pris chacun notre bouquin.
Je lis quant à moi selon une méthode de fainéant.
Un livre chouette mais nécessitant un minimum d’effort.
Puis un livre nul mais nécessitant un effort minimum.
Le second me repose du premier.
Le premier me donne l’impression d’être intelligent une fois que je l’ai lu.
Le second me donne l’impression d’être très intelligent dès le premier paragraphe.
Hier soir, donc Heure-Bleue a pris son livre et a commencé à lire.
Un truc sérieux sur une poétesse et écrivaine américaine qui s’est suicidée à l’âge de trente et un ans.
Un truc hyper sérieux quoi car elle est bien, elle…
Un moment, la lumière de mes jours me tapote le bras.
- Minou ?
- Mmmhh ?
- C’est quoi un gypaète ?
- Un piaf, genre charognard du Moyen Orient.
- Comment tu sais ça ?
- Ben

« L’ibis rose et le gypaète
 Au blanc plumage, aux serres d’or. »

- C’est de qui ?
- Théophile Gautier, « Émaux et camées »…
- Alors là, Minou, tu me fais peur ! Tu n’es vraiment pas loin de lâcher la rampe !
- Pourquoi ça ?
- Tu es le seul mec de ton âge ans que je connaisse qui, à onze heures du soir, quand on lui demande « c’est quoi un gypaète ? » peut te le dire et citer Théophile Gautier en exemple. Ça sent Alzheimer, ça…
J’ai d’abord été content qu’Heure-Bleue ne passe pas de temps au lit avec d’autres mecs de mon âge pour vérifier leurs connaissances, des qui en plus connaissent les gypaètes.
Mais du coup ça m’a rappelé quelques questions que je me pose souvent.
Quel est le sens qu’on donne à un souvenir ?
Que suscite-t-il le plus ?
Du regret ?
Du remords ?
Une impression de manque ?
Ou simplement la sensation d’entassement dans une mémoire parfois vague des évènements qui surviennent dans notre vie.
Encore une question sans réponse sur le tas de questions qui me tracassent de temps à autre…