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lundi, 19 août 2019

Le pas sage du printemps laisse des traces…

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Comme vous le pensez probablement, votre Goût préféré n’était pas toujours sage, lectrices chéries…
Je fouinais donc hier soir dans mes souvenirs pour trouver une punition et pourquoi elle m’était tombée dessus.
C’est là que le souvenir de la première « colle pour conduite inconvenante » m’a sauté à la mémoire comme un pavé sur le casque d’un CRS.
Il n’était évidemment pas question d’un délit qui relevât de la « Brigade des Mœurs » qui existait encore en ce temps là.
En classe de quatrième, au cours du troisième trimestre –rappelez-vous comme il faisait beau au printemps quand on entrait dans l’adolescence- un soleil de milieu de matinée particulièrement printanier nous donna des envies d’air du dehors…
Les plus audacieux d’entre nous prétendirent même que « Madame, ça sent ça sent mauvais ici, il faudrait ouvrir ! »
« Madame » acquiesça et désigna un des plus grands pour qu’il ouvrît les fenêtres, ce qu’il fit en montant sur une chaise.
Quand arriva la récré de midi nous entrâmes, malgré l’interdiction, à une grosse dizaine, soit le quart de la classe, dans la salle de cours.
Nous sommes montés sur des chaises pour admirer la rue qui sentait un peu l’essence mais beaucoup la liberté.
Toute cette affaire aurait pu se solder par une « colle à la maison », bénigne, si le sort ne nous avait offert une occasion de nous rendre célèbres...
Agrippés aux barreaux nous vîmes un cortège funèbre sortir de la rue Say, juste en face de nos fenêtres.
J’eus l’idée du siècle, celle qui prouve qu’en y mettant le ton on est suivi par une foule irréfléchie.
Mû par un sens aigu de la bêtise, j’ai hurlé « Vive la mariée ! »
Suivi illico par la grosse dizaine de copains pas plus malins que moi.
Devant l’air scandalisé des endeuillés nous descendîmes de nos chaises, pas très fiers de nous et sortîmes dans la cour.
Un « cafteur » avait « bavé » j’en étais sûr car quelques jours plus tard le censeur est passé dans la classe.
« Messieurs ! Des habitants du quartier sont venus se plaindre à moi du manque de respect de certains d’entre vous à l’égard de la dépouille mortelle que ces gens accompagnaient à sa dernière demeure ! »
Le censeur poursuivit : « J’ignore qui a lancé le premier  ce « Vive la mariée ! », particulièrement imbécile et irrespectueux en ces pénibles circonstances mais j’ai ici les noms de la poignée de voyous qui étaient dans cette salle ce jour là ! »
Un silence de mort s’abattit sur la classe.
Il lut une liste d’une douzaine de noms dont le mien.
Il remit le carnet dans la poche de sa veste et jeta vers nous un regard sévère.
« Eh bien messieurs, vous voilà conviés à passer jeudi prochain et jeudi de la semaine suivante, de huit heures à midi dans nos murs ! »
Après un bref silence, il ajouta « Je ne doute pas que ce sera l’occasion de grands progrès sur la compréhension de Caton d’Utique… »
C’est sûrement la plus longue version que j’ai dû me taper de toute ma scolarité.
Oh ça, j’ai bien compris ce qu’était le stoïcisme…
Et en plus j’ai pris une volée de ma mère…