mardi, 29 octobre 2019
Pollution idéologique.
Aujourd’hui, lectrices chéries, je vais vous parler de choses qui gênent.
Et ça peut même paraître rébarbatif.
Je lisais il y a peu une des nombreuses bêtises qui courent Internet sur la pollution causée par les e-mails qu’on envoie.
Plutôt qu’entamer une guerre de religion, religion faite de « feeling » et d’idéologie dont les dégâts sont accentués par un militantisme qui met, selon l’opinion, des lunettes roses ou noires à la dure réalité des faits, je me suis renseigné plus avant.
J’appris à l’occasion d’une ces lectures qu’un « e-mail » pollue autant, si ce n’est plus qu’une automobile pendant un an.
Poussé depuis longtemps par mon boulot à éviter de concevoir des machines qui consomment autant à ne rien faire qu’à faire ce pourquoi elles sont conçues, je me suis attaché à concevoir des machines qui ne consomment que quand elles sont sollicitées.
Cette affirmation m’a donc poussé à aller voir sur les sites d’organismes censément neutres qui émettent des statistiques sur les productions d’énergie, consommation de ces énergies et émissions de CO2 de ces divers domaines.
Le résultat ?
Seul un quart de l’énergie produite et consommée en France sort d’EDF.
On produit ~2.200 TWh dont ~550 TWh sont produits par EDF en 2018.
Sur ces 2.200 TWh, 3 TWh ont été consommés par les seuls 180 « data center » de France.
La France a émis 1,4 milliard de mails en 2018
La France a émis 30 milliards de requêtes sur le Web en 2018.
La taille moyenne d’un mail est de 75 ko (certains font deux lignes, d’autres incluent des pièces jointes de quelques Mo).
La taille d’une requête « simple » c'est-à-dire sans publicité ni « trackers » est de ~150 ko à cause des échanges nécessaires pour savoir quoi envoyer et sous quel format, à qui et où.
Que peut-on tirer de ça ?
D’abord que le numérique du côté de la distribution des données ne consomme (hors énergie consommée par sa fabrication) que 3/2200 soit 0.13% de l’énergie produite en France en 2018 et que 3 TWh sur les 550 TWh produits par EDF représentent 0.54% de l’électricité produite par EDF en 2018.
Les mails ne représentent, quant à eux que 1.4/30 des échanges hors publicités et vidéos, soit 4.6% de ces échanges.
C’est là le cas le plus défavorable pour les mails puisqu’il n’est pas tenu compte des échanges en streaming des pubs, des musiques et des films qui sont de gros consommateurs de flux.
Rappelez vous qu’une heure de streaming en HD représente un fichier de ~25 Go…
Pour en revenir à nos mails, 1.4 milliard de mails pèsent pour 4.6% des 0.54 % de l’électricité fournie par EDF soit 0.00025% de sa production et ça représente 136 MWh.
Ce qui nous ramène à une consommation de 97 mWH par mail.
Je ne sais plus quel idéologue a répandu le bruit qu’un mail produisait plus de CO2 que sa bagnole pendant un an.
Une dizaine de requêtes sur le Web (1.5Mo…) aurait dû l’amener à plus de prudence avant de se lancer dans ses leçons de morale…
Parce que 97 mWh en termes de CO2 c’est accessible uniquement par le calcul contrairement à la première Clio venue qui émet au mieux 100 g de CO2 par km.
Les statistiques officielles –qui ne sont pas toutes vendues au lobby pétrolier- disent qu’une voiture particulière a parcouru en moyenne, tous types confondus, 13117 km en 2018.
L’Ademe montre que cette voiture a produit en moyenne 111g de CO2 par km soit sur l’année 1456 kg de CO2…
A comparer aux 90 g/ kWh EDF.
Ce qui donne moins de 9 mg de CO2 par mail.
Je ne pense pas que la réalité des chiffres pousse qui que ce soit à changer d’avis mais avant de hurler aux pollueurs par mail, rappelez vous qu’un mail moyen c’est 9 mg de CO2 contre 111g /km pour une voiture…
Les 38 millions de smartphones et leurs chargeurs, hors énergie nécessaire à leur fabrication, utilisent chacun ~3.5 kWh par an soit ~133 GWh/an (0.0024% de l’énergie produite par EdF)
Bref, avant de se lancer dans la millième croisade et changer de cible écologique, il vaut mieux se rappeler que l’on importe chaque année 80 millions de tonnes de pétrole et qu’on en brûle 56 millions de tonnes dans les moteurs qui servent à nous transporter.
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