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mardi, 29 juin 2021

Avec des lignes comme ça on fait des touches…

Je sais Mab… Je sais…
Mais pardonne au pauvre pêcheur à la ligne que je suis.
Hier je me suis laissé aller, peut-être inconsidérément à m’extasier sur une rousse de ma connaissance.
Mais n’allez pas croire que c’est de tout repos !
C’est même souvent épuisant.
Ne serait-ce que d’un point de vue climatique.
Car peut-être ignorez-vous que les rousses, les vraies, celles dont tous les poils sont roux, toute la peau très claire et les yeux très clairs donnent cette impression d’être toutes nées en Écosse.
Ces rousses me semblent en plus dotées de ce caractère, on dira exalté, que l’on prête aux Pictes, peuple au caractère ombrageux dont parle Mordred qui, précurseur de Freud,  tua son père Arthur et viola sa mère Guenièvre.
La lumière de mes jours me donne ainsi cette impression que la canicule commence dès que la température atteint 8°C et qu’elle a grandi dans une colonie de panthères.
Et ça ne facilite pas le contact.
Pour en revenir à ma rouquine préférée, elle est de plus dotée d’un solide pragmatisme qui lui fait hausser les épaules à la lecture du moindre vers de Baudelaire ou de Rimbaud.
Par moment, au retour de promenade par exemple, dans la lumière du soleil couchant genre fin de western des années soixante je tente malgré tout un truc du genre :

« J’adore sur ta peau, voir la douceur du soir
Tandis que peu à peu s’évanouit dans le noir
Ta silhouette pâle… »

Ouaip ! Je suis tout à fait capable de lui sortir des trucs comme ça…
Au flan ! Sur l’inspiration du moment.
Mais j’évite.
J’évite soigneusement.
Heure Bleue n’a pas une âme à ça.
Et puis, depuis le temps elle me connaît forcément, ça marche moins bien.
Il y a chez elle une nette scission entre la littérature et la poésie.
Que dis-je, une scission ? Un schisme !
Pour elle, ces « petits machins » sont un dévoiement de la littérature.
Quand nous étions plus jeunes,  je tentais le coup régulièrement.
En m’entendant, elle me jetait un regard suspicieux.
Mais des fois ça marchait…
Elle n’aime guère que les auteurs clairs, précis, aux phrases courtes et si possible féroces.
Inutile de dire que nous ne lisons pas les mêmes livres et que le côté foisonnant de la littérature sud-américaine la hérisse.
Je parle évidemment de littérature, la vraie, pas d’escroqueries comme « L’alchimiste » ou « Les trois accords toltèques »…
Bref, ne déduisez donc pas de la lecture de mon devoir d’hier que la vie avec une rousse, fut-ce Heure-Bleue, est un long fleuve tranquille dont le courant n’est troublé que par des ilots de pétales de roses.