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vendredi, 30 juillet 2021

92ème devoir de Lakevio du Goût

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Que peut-il donc se passer sur cette toile d’Harold Harvey.
Que peuvent donc se dire ces trois femmes qui semblent intéressées par la lettre que tient celle assise nonchalamment.
Nous en saurons tous un peu plus lundi…

jeudi, 29 juillet 2021

Je suis un employé de bourreau !

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Ouais, bon, je sais...
Ce matin, j’étais tranquillement en train de mourir devant mon ordinateur quand je me suis dit « M…ince ! Le médecin est sans doute parti en vacances… Ce flemmard… »
Je me suis dit que je devrais peut-être trouver un remplaçant moins loin que Saint-Tropez ou Saint Barthelemy et être peu regardant sur le curriculum d’un Hippocrate pour des maladies aussi graves qu’un rhume ou même mon agonie probable.
Bon, je sais très bien que ces temps-ci, ce n’est pas le rhume affreux avec infection pulmonaire, glaviots innommables, etc. qui me frappe.
J’étais donc tranquillement en train de m’éteindre en me disant que je devrais peut-être chercher un cabinet qui voudrait bien me recueillir, me traînant sur le paillasson.
Pendant que je me perdais tout seul en conjectures improbables sur mon sort futur, je profitais des performances terribles de ma machine pour et lui piquais du « temps-machine » pour jouer aux cartes.
Et là, la stupeur m’a pris par surprise.
Inquiète du sort funeste qui me guettait, la lumière de mes jours ?
Je t’en fous !
Vous ne savez pas ce qu’elle a osé réclamer à celui qui a ravi ses jours et enchanté ses nuits depuis tant d’années ?
Devinez lectrices chéries !
Oui ! Elle a osé !
Elle m’a demandé « Minou, tu ne veux pas me faire des Rico ? »
Elle a fait ça. Je n’aurais jamais cru qu’elle tomberait aussi bas.
Depuis des années déjà elle abuse de son statut de bien-portante pour faire faire des travaux de force à son époux handicapé.
Eh bien, aujourd’hui, elle vérifie l’adage débile de je ne sais plus qui prétendant qu’une fois les bornes franchies, il n’y a plus de limites.
Elle a touché le fond : Elle exploite un malade !
Oui lectrices chéries, Heure-Bleue a rétabli les trois classes de la société sumérienne.
- Les nobles (elle)
- Les « libres » (les autres).
- Les esclaves (moi).
Bon je suis allé préparer les Rico en boitant bien bas pour lui faire honte.
Je dois vous dire que ça n’a pas marché terrible…

mercredi, 28 juillet 2021

Le petit carnet.

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Ce matin, je l’ai mis dans le tiroir de la petite table sous laquelle se trouve mon ordinateur.
Ce tiroir est encombré de composants électroniques et je  viens d’y mettre « le petit carnet ».
C’est un petit carnet à reliure spirale dans lequel je note des évènements qui m’ont frappé dans la rue ou le bus.
À la maison, j’y note les courses à commander.
Ce petit carnet est donc toujours là, à portée de pensée.
Ce matin donc, je l’ai mis dans le tiroir et il m’a évidemment rappelé quelque chose.
Plus exactement il m’a rappelé quelqu’un qui flotte toujours à la surface de ma mémoire.
Je vous ai déjà parlé de ma mère ?
Bien sûr que oui !
Ce petit carnet m’a donc rappelé ma mère.
Ma mère, comme tous ceux qui ne gèrent pas trop bien les sous, surtout le manque de sous, avait une liste de préceptes inépuisable en matière économique.
Surtout un qu’elle nous jeta à la figure avec une régularité métronomique.
Le secret pour atteindre la fin du mois ?
Le carnet, parfois appelé « le petit cahier ».
« Tu vois, mon fils… Tu prends un petit cahier et… » etc.
Carnet qui n’a jamais empêché la fin du mois d’arriver avec une semaine d’avance.
Le carnet ?
Souvent un petit cahier d’écolier, celui qui restait de l’année scolaire précédente et dans lequel seules les trois ou quatre premières pages étaient couvertes de l’écriture de l’un ou l’autre des quatre enfants que ma mère avait fabriqués.
Jusqu’à un âge avancé, jusqu’à ce que les rhumatismes ne lui déforment les doigts, ma mère écrivait plutôt bien.
Mieux qu’elle ne comptait, hélas…
Elle ne faisait pas d’erreurs de calcul, non.
Ce qui gâchait tout, c’est qu’elle faisait des erreurs d’appréciation.
D’où des mois qui finissaient une semaine ou deux trop tôt.
Les seules choses qui ne manquaient pas étaient le pain, celui d’hier et le sel car « plus de sel, plus de sou ! »
Elle n’avait pas pioché l’idée que la réciproque n’était pas garantie.
Elle préférait se dire, jusqu’à démenti par la réalité, « Il y a du sel, il y a des sous ! »
Elle notait donc scrupuleusement le moindre franc dépensé dans le carnet du moment.
Plus tard, elle procéda de même avec les €uros, avec moins de succès encore car tant qu’il y eut les francs, elle comptait en « anciens francs ».
Malheureusement, quand l’€uro arriva dans son porte-monnaie, elle se mit à compter en « nouveaux francs », avec les dégâts qu’on imagine…
Cette affaire de « petit cahier » nous pourrit à tous les débuts de notre vie d’adulte.
Oui ! Que celle qui n’a jamais tapé sa mère pour cause de manque de thune me jette le premier €uro !
Quand l’un de nous allait taper ma mère pour finir la semaine, elle hochait la tête en lui jetant un regard désespéré.
Genre « Moi qui vous ai élevé en futur adulte respectueux de l’équilibre des comptes… » alors que ses comptes sont restés instables jusqu’à la fin.
Elle commençait par soupirer.
- Je ne sais pas si je peux…
- …
- Tu as besoin de combien ?
Instruits par l’expérience, nous aurions dû savoir qu’il fallait en demander le double voire le triple pour obtenir –peut-être- la somme nécessaire.
Hélas, élevés à peu près correctement, nous annoncions :
- Mille francs, maman… C’est juste pour quelques jours, je te les rends lundi prochain.
Elle sursautait sur sa chaise. 
- Mille francs !!!! Mais tu me prends pour Rothschild !
- Ben…
Elle prenait son carnet de chèques, le même numéro de compte à la Poste depuis 1947, et remplissait.
Elle grommelait entre ses dents en écrivant « deuuuuxxx… cents… Francs… », signait le chèque et commençait :
- Alors écoute bien, mon petit garçon…
Silence éloquent de « mon ptit garçon » ou de « ma petite fille »…
- Et ne soupire pas ou tu n’as rien !!!
- Bon…
- Tu prends un petit carnet…
Nous savions tous les quatre qu’avec ses « petits carnets » on aurait une vue imprenable sur l’inflation des cinquante dernières années mais en aucun cas une méthode de gestion efficace…

mardi, 27 juillet 2021

A moi Auvergne !

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J’aurais dû me méfier.
Déjà, mon « éreinteur », à qui j’avais parlé d’une douleur inquiétante, m’avais dit en levant les yeux au ciel « Pfff… des bêtises ».
J’avais bien vu qu’en homme bien élevé il avait tout de même pensé « c…ries ».
En homme doté d’un peu d’expérience, j’aurais dû remarquer que cette douleur disparaissait miraculeusement dès le résultat du scanner donné par « mon » radiologue.
De même, « mon » médecin, quand je lui avais parlé de cette douleur baladeuse, avait lui aussi levé les yeux au ciel en me disant « c’est dans la tête ! »
Je me rappelle ce matin ces temps bénis où j’étais décontracté dans l’avion pour aller dans des pays où mon boulot m’envoyait.
Je regardais à peine l’hôtesse qui montrait sérieusement, au cas où l’avion tomberait, tous les gestes qu’on aurait à faire juste avant de mourir.
J’allais même quand mon voisin disait parfois « Feraient mieux de nous donner un parachute plutôt que des sacs à vomi ! » jusqu’à lui dire « Vous croyez qu’on aurait le temps d’atteindre les portes ? On est plus de deux cents, le temps de se lever et paf !  on est déjà par terre… »
Normalement il se taisait jusqu’à l’atterrissage…
Comme celui qui s’asseyait au fond de l’avion à côté de moi.
Je me souviens d’un qui m’avait dit un peu inquiet « C’est vrai que les survivants sont ceux du fond de l’avion ? »
J’avais répondu « Ben… Les survivants sont surtout ceux qui ont raté l’embarquement… »
Bref, j’allais serein, ne m’inquiétant que de la fin du mois ou de la fin de ma mission.
Aujourd’hui, je vais mourir.
Je le sais.
C’est inéluctable.
Et pourtant ça a causé à la lumière de mes jours un fou-rire qui eut du mal à prendre fin.
Une publicité d’avant « infos » avait attiré son attention.
Une histoire de shampooing antipelliculaire.
Je ne sais pourquoi elle a soudain remarqué que depuis que j’ai cette douleur inquiétante et baladeuse, je ne tousse plus et que les pellicules qui constellaient mon col avaient disparu.
Elle m’a regardé quand j’ai dit « Aïe ! » et fut prise d’un fou-rire que j’ai trouvé charmant.
Puis quand même un poil vexant quand elle m’eut expliqué le pourquoi de la chose.
Alors que je mourais tranquillement en dînant d’un délicieux gratin de courgettes préparé avec amour, elle riait !
Et on s’étonne des féminicides !
Bref, d’après elle je vais mourir mais pas aujourd’hui…
En attendant, je me demande par quoi sera remplacée cette douleur inquiétante.
Cette peste d’Heure-Bleue prétend que ce n’est probablement que des « trucs de vieux ».
La garce…

lundi, 26 juillet 2021

Devoir de Lakevio du Gout N°91

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Cette toile de Mr Mǿnsted, parfaitement de saison, me semble montrer une entreprise courante.
On dirait bien une invitation au bal peut-être une demande en mariage.
Qu’en pensez-vous ?
Qu’en dites-vous ?
À lundi, si vous n’êtes pas sur une plage quelconque pleine d’eau, de sable, de monde et de cris.
Bref, là où il est impossible de penser à quoi que ce soit d’autre…

Là, c’est sûr !
J’en suis sûre !
Il va me demander en mariage, surtout quand je lui aurai dit.
J’ai été surprise, je savais que ça pouvait arriver, mais pas la première fois quand même !
Il va sauter de joie, me prendre dans ses bras et m’emmener tout droit à l’autel !
Que je suis heureuse !
Et il est là.
Enfin !
Assis sur ce mur où il m’a parlé la première fois, ce matin du printemps dernier.
Ah ça… Il sait parler aux filles lui…
Je ne sais pas comment faire, je ne dis rien, je tords mon mouchoir entre mes doigts, si ça continue je vais le déchirer.
- Mon amour, tu sais…
- Quoi donc ?
- Notre fils va naître, je sais que c’est un fils !
- Quoi !!!!!
- Oui mon amour, de toute façon on va se marier, tu me l’as laissé entendre.
- Comment ça ? Tu rêves !
- Mais…
- Ah non ! Ne bêle pas ! D’ailleurs qui me dit qu’il est de moi ce lardon ?
- Mais tu es le premier ! Le seul !
- Comment je le sais ? Si tu l’as fait avec moi, tu l’a fait avec d’autres !
- Le premier ! Le seul qui est… Qui a pu me…
- Tutt tutt tutt ! Je n’en suis pas sûr !
- Je le sais bien quand même !
- D’ailleurs, si tu étais si pure tu ne m’aurais pas laissé faire…
J’ai commencé à avoir peur, il me fait peur maintenant.
- Mais alors, pour le bébé…
- Tu ne me feras pas endosser un gosse comme ça, tu te débrouilles !
- Mais c’est immonde ce que tu fais là, tu m’as trompée !
- Qu’est-ce que tu crois ?
- Mais tu m’avais dit…
- Et tu crois tout ce qu’on te dit ?
- Je te faisais confiance !
- Et je vais me laisser passer la corde au cou pour un coup en passant ?
Alors je l’ai poussé, il est tombé avec un hurlement puis s’est tu en arrivant la tête la première sur les rochers.
Quand il s’est enfoncé dans les eaux sombres du lac, j’ai attendu les gendarmes.
Je leur dirai qu’on allait se marier et qu’il est tombé en sautant de joie…
Mais quand même, quel salaud !