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mercredi, 07 septembre 2022

Sonate d’automne.

 

automne à Paris.jpg

Ouais, je sais, c’est Bergman, pas moi mais ce film m’a plu.
J’en connais même deux qui me disent régulièrement « Oui mais toi tu aimes les trucs chiants ! »
Ce à quoi j’ai renoncé depuis longtemps de rétorquer « C’est vrai, d’ailleurs je vous aime… »
C’est une note décousue mais je suis sûr que vous saurez la raccommoder.
Ce matin donc, la lumière de mes jours et moi papotions.
La fenêtre de la salle de bain et de la chambre étaient ouvertes.
Elle pliait le linge à repasser tandis que je faisais le lit.
Vêtu d’un « T-shirt » et d’un caleçon, j’ai eu un léger frisson.
- Eh ! Il fait froid ce matin !
- Ah mais non ! Il fait bon !
Une de nos premières dissensions venait de refaire surface.
C’était une vieille histoire entre nous qui datait d’une bonne cinquantaine d’années.
L’automne approchant, la saison des coups de pieds nocturnes arrivait elle aussi…
Tandis que je posais – mal – les oreillers sur le lit, Heure-Bleue dit :
- C’est à la mi-juillet qu’on a eu le « Covid-19 », puis on est allé voir ma sœur.
- …
- C’est ça qui nous a fatigués, non ?
- Tiens, c’est bizarre, j’avais oublié qu’on avait eu le « Covid-19 ».
Aller voir ma belle-sœur m’a paru bien plus grave, du moins plus difficile à vivre qu’attraper le « Covid-19 » …
Ça prouve bien que les malheurs ne laissent pas tous la même empreinte.
L’automne de ce matin me fait penser à Modiano, je ne sais pourquoi.
Sûrement cette vieille douleur due à une mauvaise position, celle qui me rappelle que je suis bien parti pour être de « ceux qu’on ne voit plus »,
de ceux qui sont « devenus invisibles » comme dit la lumière de mes jours…
Je me rappelle aussi ce qu’on était, ce que nous étions tous avant
Mais ils sont là et passent et repassent dans les rues, persuadés que les trottoirs portent encore la trace de leurs pas, que les murs gardent encore la marque de leurs regards.
Et je sais bien que d’autres « anciennes jeunes femmes et anciens jeunes gens d’une vingtaine d’années » gardent encore le souvenir de leurs regards.
Il me suffit de descendre une rue et de revoir une vitrine poussiéreuse pour que deux ou trois bulles de souvenir éclatent à la surface de ma mémoire et me fassent faire à « rebrousse-poil » la plus grande partie de ma vie.
Parfois avec bonheur, parfois plus tristement.
Quand c’est avec bonheur, je me délecte de revivre l’instant.
Quand ce n’est pas gai, le moment s’enfonce de nouveau dans ma mémoire, juste avant que la tristesse ne m’envahisse.
C’est curieux, je ne me mets à penser à la rue Turgot ou au café du croisement de la rue Condorcet et de la rue de Rochechouart que quand l’automne arrive…
Ça doit être la rentrée des classes, surtout celle de Merveille, qui me fait cet effet.
Ou bien ce temps d’automne si particulier à Paris où la température est encore clémente mais où la lumière faiblissante incite à la rêverie…
Je sais bien que je vous ai déjà parlé de la rue Turgot mais l’automne arrivant, c’est le moment où je vous parle de ça.