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lundi, 26 septembre 2022

Devoir de Lakevio du Goût No138

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Cette toile d’Émile Friant m’a frappé car elle me dit quelque chose.
Mais quoi ?
La discussion semble animée autour de ce pichet de vin.
Sur quoi peut-elle bien porter ?
À lundi…

Ça me rappelle quelque chose.
À Nina aussi, je suppose...
Non, ce n’est pas l’Algérie où je n’ai jamais mis les pieds.
C’est plutôt du côté d’Albi, là où ma grand’ mère paternelle vivait avec ses autres enfants.
Le seul qui s’était exilé à Paris était mon père.
Il était arrivé bien avant les autres…
De fait, cette toile me rappelle les discussions sans fin avec des cousins, les Martinez, les G. de G. très fortunés et très « collet monté » mais qui se « dessalaient » en présence des « autres ».
Tous, même mon père reprenaient cet accent et ces mots qu’il m’a fallu traduire.
Comme « mais entention ho ! » pour « mais attention hein ! »
C’était une langue à part, qu’ils appelaient selon leur état de fortune « sabir » ou « pataouète ».
Mon père, qui la manipulait parfaitement quand les circonstances s’y prêtaient, m’en traduisait certaines tournures.
D’autres, il les gardait pour lui, refusant d’enseigner « des gros mots » à son fils.
Comme « La purée de nous otres ! ».
D’autres passaient plus volontiers quand on arrivait à « attraper » la prononciation adéquate.
« Tchi a ontondu, hein ? » pour « tu m’écoutes, hein ? » quand un ordre était signifié, avec de « on » prononcé curieusement que je n’ai entendu que chez certains juifs d’Afrique du Nord ou certains Arabes d’Algérie et qui pouvait aussi bien remplacer le « en » que le « in ».
Le « juif d’Afrique du Nord » étant circonscrit à deux bleds, Constantine et El Kantara pour les uns, Oran et Mostaganem pour les autres.
Mon père prononçait parfaitement ce son « on » étrange que je n’ai entendu plus tard que chez un Tunisien avec qui j’ai travaillé et qui « causait pied-noir » quand il était énervé.
C’était de fait plus une langue qu’un accent qui pouvait aussi bien enfanter des phrases comme « Qu’est-ce que tchi as oncore envonté ! » que « Tchu m’as bien ontondu ! »
Le tout agrémenté de « Moi j’te l’dis » pour appuyer ou pire, de « C’est vré c’que j’dis » qui annonçait un arrangement avec la vérité…
« La purée de nous otres ! Qu’est-ce qu’y m'fait r’monter ce tableau ! J’te jure ! »
Avec ce « u » prononcé entre « u » et « i »...