Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 28 novembre 2022

Devoir de Lakevio du Goût N°144

Devoir de Lakevio du Gout_144.jpg

J’avais évidemment repéré quelques toiles représentant des jeunes femmes vêtues de peau pâle, réchauffées de cheveux roux et au visage délicat rafraîchi par le bleu et le vert d’eaux océaniques.
Mais je me suis dit « Bon, les unes vont encore pester « encore des rousses ! Mais qu’il en drague une et nous fiche la paix ! » alors je laisse tomber… »
J’ai trouvé quelque chose qui, à défaut de convenir à toutes et tous, semble plus adapté à ce que je ressens parfois.
C’est un « devoir d’égoïste » en somme…
Si cette peinture vous donne quelque chose à raconter, je vous en prie.
Laissez aller votre imagination.
J’espère que nous nous lirons les uns les autres avec plaisir.
Alors à lundi…

Bon sang que c’est loin !
Assis là, sur cette pierre d’angle au bas de l’escalier, comme un vieil imbécile qui ne sait même pas comment il va bien pouvoir se relever, je rêvasse.
J’aurais pu évidemment, passer par la rue Foyatier et manquer de mourir d’une crise cardiaque à vouloir suivre le chemin du funiculaire et ses plus de trois cents marches.
Mais non, au bas du jardin, les quelques marches de l’entrée gravies, j’ai remonté à pas lents l’allée sur la droite, celle qui ne monte pas trop car elle suit la rue Ronsard.
Puis après une pente pas bien raide, je suis arrivé sur cette petite place, face au « Soleil de la Butte » qui m’a rappelé mon oncle qui chantait des versions inavouables des succès de l’époque, qu’il s’agît de Francis Lemarque ou d’Edith Pïaf.
Là, ça me revient.
Il faisait beau et mon oncle a commencé à chanter « La grenouille ».
On l’entendait à la radio et elle finissait par quelque chose comme « La grenouille se change en une fille aux cheveux d’or » et elle devait partir main dans la main avec le garçon.
Mon oncle, qui avait un sens plus aigu des réalités a commencé « Un garçon part en vadrouille au bord d’un étang » mais a continué « Il marche sur une pierre qui roule et fout le camp dedans… »
Je me rappelle avoir ri et en avoir été surpris parce que d’après ma mère, je ne ris pas beaucoup et ça l’inquiète parfois.
Je me suis arrêté un instant sur la place, devant le « Soleil de la Butte » et j’ai continué jusqu’à l’escalier que j’ai descendu.
Là, je me suis arrêté, me suis assis sur la pierre à gauche de l’escalier et ai regardé l’entrée de la rue Charles Nodier.
Là boulangerie en face n’est plus là.
Je suis repassé là parce que ma mémoire s’efface et que j’ai peur.
Je passe de temps en temps dans tous ces endroits avec l’angoisse de ne plus savoir ce que j’y ai vécu, vu, senti, ressenti, entendu.
J’ai parfois l’impression que ma vie est devenue fuligineuse, faite d’évènements qui s’effacent petit à petit.
Je fais face à la rue André del Sarte et là aussi il me revient qu’elle sentait terriblement le pipi et était sombre, même quand il faisait soleil.
Il y a bien quelque chose lié à cette boulangerie disparue, mais quoi ?
Toutes ces traces éparses ne me font pas mémoire mais ressemblent plus à une boîte de vis et écrous divers qui aurait été renversée.
C’est pour ça que j’ai peur.
Je ne sais pas si je pourrai encore longtemps les ramasser et les ranger.
On dit même que parfois on devient méchant parce qu’on ne les retrouve pas…