mardi, 17 juin 2025
Hypothèse des colles…
Si mes souvenirs ne me trompent pas, le prof est Mr L. qui enseignait le Français, le latin et le grec et que j’eus le plaisir d’écouter.
Comme souvent, Adrienne et son passé de prof me rappellent des souvenirs de plus en plus lointains.
Évidemment, vous avez sûrement remarqué qu’Adrienne est beaucoup plus concise que votre serviteur.
Que voulez-vous… Je suis d’origine sudiste et comme tout homme du Sud, voire d’origine étrangère, il me faut trois phrase enjolivée pour dire ce qu’Adrienne dit en deux mots.
Mais le sujet de la note n’est pas là, il porte sur le souvenir, sa volatilité, son effet sur ceux qu’il concerne.
Vous voyez maintenant cette histoire de concision nordique et le côté foisonnant sudiste…
Revenons à mon mouton.
C’est le problème du temps : Il s’écoule quoi qu’on fasse.
C’est affreux mais n’ayant aucun pouvoir sur l’écoulement des ans, je dois faire avec.
La seule chose qui me console, c’est que c’est pareil pour les autres.
Une fois satisfait que le malheur du temps qui passe frappe aussi mes congénères, je dois dire que malgré tout, le temps a un avantage incontestable, celui de permettre l’existence des souvenirs.
Ainsi Adrienne nous avoue qu’elle a oublié certaines de ses élèves.
La réalité est souvent cruelle.
Nous pensons avoir été exceptionnels au point d’être inoubliables, même de nos profs.
Hélas, ces ingrats osent nous oublier !
Parfois même malgré les tours pendables que nous leur avons joués ou le fait que nous ayons été de temps à autre particulièrement brillants dans la discipline qu'ils nous enseignaient.
Parmi nos souvenirs, quelques-uns nous échappent.
Notamment celui qui fait de nous une poussière dans le tas de poussière qu’est la foule des élèves une vie de prof.
Nous-mêmes oublions nombre de nos camarades de classe dont seuls certains restent collés à notre mémoire.
Dans mon esprit, le plus gros de nos oublis reste que les classes de quarante élèves étaient légions et que chaque prof, surtout notre prof préféré, devait chaque heure passant, aller enseigner dans une autre classe.
Imaginez un prof de lettres, chargé du moins à l’époque où j’usais les bancs de « Mon » lycée, d’enseigner le rudiment à des classes de sixième, puis le latin, le grec ou « France mère des arts, des armes et des lois » à des gamins que ça endormait profondément.
Chacun, des années plus tard croise dans la rue de la ville où il fut élève le prof qui le colla ou le félicité dans son enfance ou son adolescence et est surpris d’être absent de la cervelle de ce prof que lui-même avait reconnu.
Nous avons oublié un détail : Ce prof a, des années durant, vu trois ou quatre fois par jours trois ou quatre classes de quarante gamins et ces quatre classes changeaient chaque jour de la semaine de quatre jours.
Même si le prof avait la même classe deux fois par semaine, il n’en reste pas moins qui a vu devant sont bureau un minimum de plus de trois cents élèves différents chaque semaine.
Imaginez le nombre de visages différents auxquels il a fait face en trente ans d’enseignement.
Ajoutez les problèmes familiaux, professionnels auxquels il a dû faire face et vous saurez illico pourquoi n’êtres guère qu’une tache grise et fuligineuse dans la mémoire de ce prof que vous venez de croiser.
C’est vexant mais c’est comme ça.
C’est fou ce qu’il est difficile de marquer profondément un prof que vous avez vu pendant parfois plusieurs années, c’est à vous dégoûter d’aimer aller au lycée…
11:02 | Commentaires (8)
Commentaires
Mon grand souci était de passer inaperçue quand le prof balayait du regard la classe à la recherche de qui interroger.
Écrit par : Nina | mardi, 17 juin 2025
Répondre à ce commentaireJ'ai trouvé mes photos de classe sur internet. Il y a beaucoup de sites "pied'noirs".
Écrit par : Nina | mardi, 17 juin 2025
T'es où sur la photo, si c'est une de tes photos de classe ? Par contre, contrairement aux profs, les élèves n'oublient pas certains de leurs profs, surtout ceux qui donnaient des baffes (j'en ai une une en 3e ou 4e de mon prof de math, faut dire aussi que j'étais nulle, ce qui, entre-parenthèse n'excuse pas cela) ou des coups de règles.. Ca m'épate aujourd'hui d'avoir des petits enfants très doués, la dernière qui passe le bac de français est encore plus douée que son frère et sa soeur..A mon avis, si elle n'a pas 18 au bac, elle ne sera pas contente d'elle.....Mon mari n'a jamais oublié les noms de ses profs..Il a la mémoire des noms, ça lui arrive souvent de raconter ses souvenirs d'école, que, parfois, c'en est saoulant. Ma fille a déjà presque 20 ans derrière elle d'école et habite la même commune que ses élèves qui viennent lui dire bonjour....Parfois, c'est pesant d'habiter la même commune que ses élèves et leurs parents..
Écrit par : julie | mercredi, 18 juin 2025
Répondre à ce commentaireLycée Jacques Decour 1962. S'il est sur la photo, je vote pour le beau grand brun :))
Écrit par : Nina | mercredi, 18 juin 2025
Oh, je vois que certains élèvent portent la cravate...Faut que je fasse voir la photo à mon mari, il sera content de voir ça, lui qui a la nostalgie des cravates...La semaine dernière, il voulait en mettre une quand nous sommes allés voir la fratrie..Je l'en ai dissuadé "(tu seras ridicule et tu vas passer pour un vieux ringard que je lui ai dit, tu me feras honte"..Incroyable de penser ça maintenant)....Ce sont des élèves de collège, non ?
Écrit par : julie | mercredi, 18 juin 2025
Répondre à ce commentaireA cette époque lointaine, la réforme n'avait pas encore eu lieu.
Il y avait entre 5% et 15% des élèves qui allaient au lycée, les autres allaient en "cours complémentaire" ou en apprentissage.
Le collège n'existait pas.
Si tu habitais le bon quartier, tu entrais au lycée en 11ème (équivalent CP) et tu finissais en terminale si allais à la fac ( ou tu finissais en prépa si tu allais dans une "grande école").
Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 23 juin 2025
J'ai très peu de souvenirs d'école de mon enfance. À peine si je me souviens de quelques noms. Comme si ma vie n'avait commencé qu'après l'âge de 12 ans. J'ai tendance à penser que c'est mieux ainsi. Oublier ces terribles années, vécues avec la peur au ventre.
Finalement, c'est mieux aujourd'hui !
Écrit par : alainx | vendredi, 20 juin 2025
Répondre à ce commentaireMa puce a trois profs qu'a eus son père en 6ème, dont la même prof principale (français).
Elle s'est fait un malin plaisir de présenter son père à cette prof en début d'année scolaire, celle-ci a dit qu'elle se souvenait bien de mon fils, mais n'a pas eu envie de s'attarder sur le temps qui passe ;)
Écrit par : Fabie | samedi, 21 juin 2025
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