samedi, 21 juin 2025
Lettres et le néant.
Adrienne, encore elle ! M’a rappelé deux personnages de mon enfance.
Ce qu’elle aurait aimé entendre de son arrière-grand-père l’a inspirée et elle nous parle de la « Reine des prés », qui est belle et sent bon.
Apparemment, son arrière-grand-père était comme mon grand-père, c’est-à-dire quasiment muet...
Mon grand-père est né huit ans avant la mort de Wagner.
Ma grand’ mère est née cinq ans avant la mort de Wagner.
Vous n’en avez rien à cirer, je le sais mais j’aime donner les précisions surtout inutiles.
Mon grand-père donc, ne disait rien.
De temps à autre il demandait quelque chose à ma grand’mère qu’il appelait rarement Florence et parfois « La vieille » mais ça ne dépassait que rarement cinq ou six mots.
En revanche, il écrivait, à la plume et à l’encre violette, comme à l’école.
Il avait écrit à ma grand’ mère des lettres d’amour fort joliment tournées car il était plus doué de la plume que de la langue.
Et je sais que vous ricanez car vous avez « l’esprit mal tourné » mais surtout ne commencez pas avec des commentaires grivois car ici on n’est pas à « L‘Ornano 43 » un jeudi…
Il écrivit donc de jolis poulets à ma grand’ mère qui, hélas, ne savait pas lire mais comptait très bien et très sérieusement.
Elle rangea donc ces lettres dans une commode où elles restèrent des décennies après que mes grands-parents aient vendu leu péniche et acheté une maison.
Personne donc ne sut ce que mon grand-père avait écrit.
Sauf ma grande sœur qui fouinait partout dans la maison…
Plus tard, j’en déduisis que mon grand-père avait dû utiliser d’autres méthodes que l’écriture car il fit à « Florence » neuf enfants dont ma mère fut la dernière.
Ma grand’ mère donc, ne savait pas lire mais contrairement à mon grand-père elle causait.
Et beaucoup…
Elle savait des tas d’histoires berrichonnes, des histoires qui vous collaient la chair de poule car, comme ma mère, elle croyait plus au diable qu’au bon dieu et savait bien que parfois sous un air innocent se cachait une sorcière, une vraie, une de celles qui vous jettent le mauvais œil.
Finalement, elle nous renseigna petits que nous étions, pourquoi il ne fallait jamais aller traîner au bord du canal car des morts noyés pouvaient vous attirer et vous attraper par les cheveux.
Et à ma grande sœur qu’elle ne devait pas aller se promener seule au bord du Loing surtout quand « le gars D. » allait par-là lui aussi.
Elle avait payé pour savoir qu’en se promenant comme ça on finissait avec neuf enfants…
13:58 | Commentaires (6)
Commentaires
J'espère que ta grand mère avait trouvé quelqu'un pour lui lire les lettres que ton grand père lui avait écrites, le contraire serait trop triste !
J'avais deux grands parents qui étaient sourds (donc muets), ils ne parlaient guère, car on ne les comprenait pas, mais lorsque ma grand mère était en colère, je te jure qu'on le savait ! ;)
Mon grand père, lui, était une crème, et ma sœur et moi en faisions ce que nous voulions ! ;)
Écrit par : Fabie | dimanche, 22 juin 2025
Répondre à ce commentaireDes grands-pères et arrière-grands-pères du genre taiseux, je pense qu'il y en avait beaucoup dans les générations précédentes. Mon grand-père paternel, c'est à peine si je me souviens du son de sa voix… avoir traversé deux guerres en était je crois l'une des causes. Trop de souvenirs indicibles. Quant à mon autre grand-père, je ne l'ai pas connu…
Pour ma part, mes petits-enfants me posent mille et une questions quand je les vois… J'essaie de répondre intelligemment, si toutefois j'y arrive !
Écrit par : alainx | dimanche, 22 juin 2025
Répondre à ce commentaireDe quelle commune du Cher tes grands-parents étaient-ils originaires ? Du côté de St Amand-Montrond ou plus haut ? Mon mari n'arrête pas de me parler de sa grand-mère, il aimerait même se faire enterrer dans leur petit cimetière, pourtant, il n'y a que lui et sa soeur qui y vont.....Il adorait aussi son grand-père, facteur qui lui racontait ses tournées, façon chtit, et hop, un petit coup de gnôle par ci, et hop, par là, ça ne pouvait pas se refuser, sous peine de vexer.....Parait que le soir, il tanguait comme Dany Boon. Il y a 2 ou 3 ans, il a rencontré au cimetière de Bessay quelqu'un qui l'avait connu.....Moi, pas bien connu mes grands-pères...Mais, j'ai surtout entendu parler de mon grand-père maternel, un vieux dur d'autrefois, devant qui tout le monde pliait...sauf ma mère...D'ailleurs, il disait d'elle, aussi forte tête que lui "elle m'en fait voir autant que ses 4 frères réunis"......Parait que c'était aussi un taiseux qui se faisait servir à table, ma grand-mère debout derrière lui, une bonniche en somme....Il a eu 2 femmes, dont ma grand-mère que j'adorais...La 1ere est morte jeune en couche (fils mort à la guerre de 40 en Belgique, mon cher oncle dont j'ai souvent parlé en a été très affecté, même des dizaines d'années plus tard)....La 2e, ma grand-mère, filait doux devant mon grand-père, choisie je suppose pour élever le 1er fils du grand-père....Parait que, jamais, il ne montait au village...sauf le dimanche où tout le monde mettait ses beaux habits, les souliers qui ne servaient qu'à ça, la semaine, c'était les sabots....2 ou 3km à pied, tout le monde suivant le grand-père sans mot dire. C'était un dur de dur, comme les paysans de l'époque..Par contre, pendant les fêtes - nombreuses entre les communions, les baptêmes, les mariages où, là, il fallait étaler sa richesse...comme dans les films de Pagnol, des plats et des plats à n'en plus finir et des tonneaux de pinard).....Y'a que la terre qui comptait pour nos grands-parents...Même que, je crois que c'est lui qui a imposé un mari à ma mère parce qu'il y avait beaucoup de terres dans la famille du côté de mon père, terres dispersées au gré des successions....mère qui en a fait baver à mon père, parce que, elle, elle avait quelqu'un d'autre dans la tête, un enfant de l'assistance qui n'avait pas de biens, jeune homme devenu parisien (c'est drôle, si ma mère l'avait épousé, je serais devenue une parisienne..à quoi ça tient le destin d'une personne, hein !...pourtant, ils ont eu 9 enfants aussi....vivants...à croire que les parties de jambes en l'air étaient leur seule distraction..Faut dire que, ma foi, l'odeur du foin tournait les têtes....
Écrit par : julie | lundi, 23 juin 2025
Répondre à ce commentaireC'est quoi l'Ornano 43 ? Tu sais, moi, sortie de ma cambrousse, mis à part les bals, je ne connaissais rien d'autre...Finalement, tu es d'origine paysanne aussi si tes grands-parents étaient berrichons, berrichon, tête de cochon, morvandiau, tête de veau, parisien, tête de chien.....pur jus parisien, finalement, ils ne doivent pas être bien nombreux...J'ai un neveu, né à Paris, ses enfants sont nés à Paris...mais, pourtant, il se sent pur provincial et a acheté une maison dans une petite commune nivernaise où ils y vont dès les beaux jours...
Écrit par : julie | lundi, 23 juin 2025
Répondre à ce commentaireMon mari, en tant que grand-père, aime raconter ses souvenirs à ses petits enfants, il est intarissable ..même qu'à mon avis, ses petits enfants croient qu'il a fait la guerre de 14 et celle de 40, en parlant de son service militaire..Et si ce n'est pas du service militaire qu'il parle, c'est des fringues et des cravates....cravate à fleurs, cravates à pois, cravates Toulouse-Lautrec, cravates années 60, cravate Cardin, cravates Carnaval de Venise, Dormeuil, Boivin, Fumagali, cravate de l'an 2000, cravate de l'an 3000....un peu comme Bouba dans Forrest Gump avec ses crevettes...
Écrit par : julie | lundi, 23 juin 2025
Répondre à ce commentaireCe que j'aime le plus dans ta note, c'est son titre.
C'est là que je me dis que la blogo est hantée par des types géniaux qui ne le savent peut-être même pas (qu'ils sont géniaux)
En tout cas, ta chronique familiale est un régal à lire.
j'aime imaginer ta grand mère, avec son accent berrichon. Au pays de la mare au diable, ça devait donner les soirées avec ton grand-père le taiseux.
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Écrit par : Célestine | mardi, 24 juin 2025
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