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vendredi, 18 décembre 2015

Une histoire de chèche je veux…

Je pensais, lectrices chéries qu’ en écrivant ce texte magnifiquement grandiloquent, m’être laissé emporter par une vague de lyrisme.
Heure-Bleue, à qui je viens de le lire et subitement réaliste vient d’opter pour la poussée de verbiage.
La hyène…
Mab, mon amie, ne te lance pas sans précautions dans le test du « döner » !
Hier, tu as lancé sans ambages ce commentaire audacieux :

« Va falloir que je teste le « döner. »

Imprudente ! Que dis-je, inconsciente !
Que sais tu du döner ? De sa composition, de la façon de couper la viande, de le préparer ?
Tu n’en connais que les rumeurs qui courent sur son compte !
Mais rien des secrets qui peuvent faire le plus délicieux des déjeuners pris « sur le pouce » comme le pire des sandwiches qui va te faire passer une nuit pénible, assise les yeux plissés serrés sur le siège des toilettes.
Pire, la même chose mais avec la bassine sur les genoux !
Non Mab ! On ne se lance pas à la conquête du « döner » comme ça, sans préparation, sans l’aide de l’officier instructeur qui t’emmènera sur le champ de bataille.
Celui qui te montrera la gargote à éviter, qui te dira quel gâte-sauce prépare correctement ta tambouille.
Eh oui Mab, je te montrerai que, tout comme « Le bonheur n’est pas un sport de jeune fille »**, le « döner » n’est pas un délice à aborder sans préparation.
Bien sûr, le petit pain dit « pain pita » est à peu près le même partout.
Ce petit pain est probablement un truc qui s’achète par carton de 200 pièces chez Métro.
Mais le reste est important.
Très important.
Le préparateur, d’abord.
Être sûr qu’il s’agit bien d’un Turc. Ou d’un Kurde.
Éviter le « kebab de cité », le « Français d’origine maghrébine » ne convient pas.
Non pour cause de salafisme ou de voyouterie implicite selon un parti réputé pour le front bas de ses militants et l’étroitesse d’esprit de son encadrement.
Non, simplement pour sa propension regrettable à préparer –mal- de vagues sandwiches à  base de poulet souvent « graillonneux », de morceaux de dinde bas de gamme trop secs ou de « d’agneau de trente ans » trop gras au parfum rebutant.
Vois tu, Mab, le vrai, le bon, celui qui ne te laissera pas dégoûtée du « döner » est celui à base de veau. Et pas du flanchet dégoulinant de graisse, non, celui de l’escalope bien maigre. Plus exactement avec ce qu’il faut de gras pour la rendre fondante et délicieuse.
La coupe, aussi est importante, voire primordiale. Le morceau trop gros qui sort du pain pour t’arriver sur le pantalon –tiens, au fait, je ne t’ai vue en jupe que sur une photo- est une catastrophe qui perd le goût à force d’être mâchonné pour pouvoir être avalé.
La coupe doit être faite, soit avec habileté par un vieux briscard du « döner », le mameluk moustachu qui a vu Napo aux pyramides, ou à l’aide d’un de ces robots qui font une coupe un peu trop homogène mais qui, bien réglés donneront un « döner » au goût incomparable.
L’accompagnement ? Une rondelle de tomate « dépiautée », deux ou trois rondelles d’oignon rouge et quelques brins de salade dans le fond du « pain pita » préalablement tartiné de harissa de bonne qualité.
De « sauce algérienne » si tu as le palais trop sensible.
Nul besoin de frites qui amèneraient ton déjeuner à 2200 calories.
Une cuiller ou de deux de boulgour, pas plus.
Le tout arrosé d’eau du robinet.
D’eau minérale si tu veux ajouter une touche de luxe.
Alors Mab, si tu veux, viens à la maison avec Maky et nous vous emmènerons manger un « döner » chez un Kurde de la Porte Saint-Denis ou un Turc de l’avenue de Clichy.

jeudi, 17 décembre 2015

Même française, avec la langue, il y a des choses que je ne fais pas à dessein.

Hier, j’ai passé une excellente journée.
J’aime Heure-Bleue, Imaginer et les döner.
Dans cet ordre.
Et j’ai intérêt, si vous voyiez Chéri…
Pour en revenir aux döner , ça m’a fait d’un coup penser à Marine Le Pen et j’ai eu peur.
Non parce qu’elle n’aime pas les Arabes, les Noirs, les Asiates, les musulmans, les juifs, les étrangers, les Français non gaulois, bref, les autres, tous les autres.
Non, non, tout ça n’est pas le pire.
Elle a laissé échapper l’idée qu’une fois au pouvoir, à part les libertés individuelles, elle pourrait éradiquer la démocratie mais surtout, surtout, faire fermer tous les döner de France et de Navarre !
Il y a décidément beaucoup de choses à varier chez cette femme…
En attendant, le döner d’hier midi fut délicieux.
Bon, comme d’habitude, je n’ai pas pu dire un mot…
Mais j’ai pu constater qu’Imaginer n’est pas revenue, contrairement à ses craintes les plus vives, à l’adolescence. Non, elle n’a pas de boutons sur la figure.
Elle aurait dû m’en parler avant, je l’aurais renseignée, contrairement aux peaux mates, les peaux claires ont peu tendance à l’acné.
Elle n’a pas d’orgelet non plus.
Nous l’avons embrassée et somme partis vers Saint Lazare.
En allant vers l’arrêt du 29 à Saint Lazare, histoire qu’elle prépare le prochain arrêt pipi, celui qu’elle satisfera au BHV, nous nous sommes arrêtés, Heure-Bleue et moi, dans un café sympa,.
A la terrasse, une famille affublée d’un gamin, hélas pas vraiment fini, qui saoulait ses parents avec la blague éculée de « c’est le zébu passque quand zébu zé pu soif ».
Au moins douze fois il la racontée...
Heure-Bleue m’a fait remarquer :
- Tu as vu ? Oh la la, les pôôôvres…
- Oui, ils ne doivent pas s’amuser tous les jours…
La lumière de mes jours eut alors cette réplique grandiose, de celles qui délimitent clairement les frontières de l’altruisme :
- Oui, Pfiouu… Oh la la Minou, je t’assure, je les plains de tout leur cœur !
Ça nous a causé le premier fou-rire de la journée car nous sommes bon public avec nos bêtises…
Mais bon, je sais qu’elle est extrêmement généreuse, pas au point de me partager mais quand même.
Et vous savez quoi, lectrices chéries ?
J’ai gagné mon pari.
Heure-Bleue et Imaginer avaient parié contre moi que je ne réussirais pas à me faire recevoir par la banquière.
Après l’avoir fait rire avec une ânerie, rosir avec un compliment et écoutée avec attention me parler de tas de choses qui n’avaient rien à voir avec la banque et tout avec une de ses amies, je suis ressorti avec mon abonnement et, dans les minutes qui ont suivi, un SMS m’a donné un code d’accès qui s’est révélé efficace.
Je ne sais pas encore ce que ce pari m’a rapporté mais je trouverai bien.
Tout ce que je sais, c’est Heure-Bleue trouvera bien un moyen d’ergoter…

mercredi, 16 décembre 2015

Quand les peaux aiment, c’est bien…

Vous savez sans doute, lectrices chéries que, comme tout le monde, je suis passé par une période « j’écris des poèmes ».
Bon, honnêtement c’était utilitaire.
Soit je les écrivais contre de menus avantages affectifs quand je les écrivais pour mon propre compte, soit contre d’autres avantages –genre tours de tir à la fête du boulevard de Clichy et autres bonbons ou 45T- quand je les écrivais pour des camarades de « géhenne câlineuse » moins dotés de « la fibre baratineuse ».
Heureusement, fort heureusement même, bien que plutôt prolifique, je n’ai jamais eu dans l’idée de me faire éditer.
Et je reste persuadé que j’ai eu là une excellente idée.
Oui, quasiment tous ces « poèmes » étaient très mauvais. 
Les appeler « poèmes » était même plutôt gonflé.
Je le sais bien, je me suis relu à l’époque.
Bon, mes « clients » et moi leur demandions seulement d’être efficaces.
Ils le furent souvent ce qui montre bien que si les filles sont aussi intelligentes que les garçons, elles n’ont pas plus de cervelle…
Oh ! Certes, la métrique y était.
Bien sûr, les règles de la versification étaient respectées.
À coup sûr la rime tombait juste.
Ne manquait que la poésie.
Autant dire l’essentiel, quoâââ…
Mais là où je me défendais le mieux c’était dans le sonnet licencieux, l’acrostiche lubrique.
J’ai encore à l’esprit un de ceux que j’écrivis pour une que j’aurais tant aimée odalisque si elle n’avait pas été si accrochée à ses habits.
Si j’avais toujours cet âge là, j’en transpirerais encore…
Mais, honnêtement, vous savez quoi ?
J’aurais vraiment aimé être celui qui aurait enfanté ce petit poème délicat, malheureusement écrit par Théophile Gautier qui me l’a volé j’en suis sûr.
« Que les chiens sont heureux. »
Si, si, je vous assure, j’aurais aimé écrire ça.
Une vraie merveille de cochonceté et de joie de vivre.
Je ne suis pas sûr que la destinataire l’aurait apprécié mais que voulez vous, lectrices chéries, vous savez mieux que moi que plaire à tout le monde est une tâche titanesque.
Je dois déjà plaire à Heure-Bleue, ce qui n’est pas gagné d’avance.
Alors à toutes…
Théophile Gautier avait peut-être raison, « Que les chiens sont heureux »…

mardi, 15 décembre 2015

Ce ne serait pas arrivé si elle avait eu un corps sage…

Hier, Heure-Bleue et moi sommes passés chez l’Ours.
On avait dans l’idée d’emmener P’tite Sœur avec nous à l’école de Merveille.
Heure-Bleue a dit que c’était pour la promener.
Je pense que c’était plutôt pour l’estourbir un peu dans le froid.
Oui, P’tite Sœur est un poil beaucoup vivante.
Elle l’a échappée belle, en cours de sieste qu’elle était, elle a été sauvée d’un bain de froid.
Nous sommes donc arrivés tous deux, Heure-Bleue en pleine forme, moi bleu de froid, à « la grande école ».
Nous étions quasiment à l’heure alors nous n’avons pas eu longtemps à attendre Merveille en battant la semelle.
Habituellement je reconnais de loin la maîtresse de Merveille, elle est toujours en retard car elle attend que le calme soit total pour laisser sortir sa classe.
C’est une jolie brune, plutôt petite, de traits délicats et enceinte presque jusqu’aux yeux mais elle n’était pas là.
Merveille est enfin sortie, m’a jeté un regard distrait, la hyène mais m’a quand même fait un bisou, mais rapide hein…
Je sens depuis un moment venir la période où elle ne voudra avoir rien à faire avec les garçons, jouer rien qu’avec des filles.
Elle avait plein de choses à nous dire.
- Tu sais, la maîtresse, elle n’était pas là !
- Ah bon ?
- Oui, elle a eu des contractions mais il paraît que c’est pas grave elle a passé la journée à l’hôpital mais tout va bien et que non c’est pas grave mais il faudra qu’elle se repose alors elle restera chez elle jusqu’au 12 janvier après elle sera en congé maternité et on ne la verra qu’après et on a une remplaçante mais elle est pas si belle.
Oui, elle a dit tout ça sans reprendre sa respiration, Merveille.
Quand je pense que quand j’avais son âge, on ne savait même pas que les maîtresses pouvaient faire des bébés et encore moins quelles pouvaient avoir des contractions !
Bon, j’étais chez les Frères qui, eux, ne tombent que rarement enceints…
Mais quand même, que de changements, que d’évolution depuis les « fifties »…
C’est vraiment mieux.
Pour la remettre de ses émotions, nous avons fait un détour pour acheter « un petit quatre heures » et nous nous sommes arrêtés à la maternelle où elle fut accueillie comme la fille prodigue.
Elle en a profité pour aller aux toilettes. C’est dingue ce que cette petite peut faire pipi…
Ce qu’il y a de bien avec Merveille, c’est qu’après avoir débordé de nostalgie, une fois passés chez le boulanger, nous avons constaté que si elle avait souvent le cœur gonflé par l’émotion, ça lui dilatait aussi l’estomac.
Suffisamment pour qu’il soit à peine satisfait par un gros éclair au café.
Oui, l’émotion c’est bien mais les gâteaux c’est bien aussi…
Pauvre petit cœur, va…

lundi, 14 décembre 2015

L’appeau du laid.

Berthoise, jamais à cours d’idée dès qu’il s’agit de faire engraisser son prochain, nous avait soumis il y a peu cette histoire de petits gâteaux bidouillés par « Tatine », la grand’mère de Berthoise.
Évidemment elle a commencé par foutre en l’air tout le parfum de la cuisine de « Tatine », chauffée j’en suis sûr par la cuisinière à charbon et l’odeur de toutes les « petites ragougnasses » qu’elle préparait, comme ma grand’ mère le faisait aussi.
Oui, elle a fait ça Berthoise ! Elle a remplacé « la peau du lait » par de la crème fraîche.
Le truc qui pousserait à rétablir le délit de blasphème dans notre « doulce France, cher pays de mon enfance ».
C’est peut-être de là que vient cette voracité –que j’ai gardée- pour les peaux claires.
Allez savoir…

Oui, que je vous dise, lectrices chéries.
Jusqu’à ce que j’apprenne que la rétine est collée sur la choroïde comme la peau du lait sur le lait.
Autant dire que c’est quand même un collage moins résistant que celui de votre Goût adoré avec sa comparse Heure-Bleue.
Je trouve néanmoins une certaine ressemblance.
Je trouve les deux, la peau d’Heure-Bleue et la peau du lait, absolument  délicieuses.
Mais bon, je vais vous parler de la peau du lait, plutôt.
Ça va m’éviter de me faire défigurer par la lumière de mes jours qui n’aime ni prêter ses affaires ni qu’on les détaille en public.
La « peau du lait », chez mes parents, n’était normalement pas un « casus belli ».
Ma grande soeur évitait le lait le matin, histoire d’éviter les cent vingt grammes qui la séparaient de l’extrême minceur.
Elle devait peser dans les trente-cinq kilos avec le manteau et le cartable quand elle est allée passer « son BEPC »…
Donc pas de risque de me faire soulever mon délice du matin.
Mon père était parti travailler depuis longtemps ou dormait parce qu’il était rentré du travail il y a très peu, donc, « la peau du lait » semblait sauve.
Mon père se fichait de toute façon de « la peau du lait », s’il y en avait, il l’avalait sans y prêter attention, s’il n’y en avait pas il ne s’en apercevait pas, alors…
La benjamine était toujours soit chez notre grand’ mère maternelle, soit dormait, soit s’en foutait totalement. Elle avalait tout ce qu’on lui présentait.
Et même ce qu’on pensait avoir mis à l’abri de son féroce appétit.
Là où ça se gâtait, c’est avec ma mère et ma sœur cadette.
Ma sœur cadette, dite « Souricette » détestait le lait, que dis-je, elle haïssait le lait mais adorait le fromage.
Sentir le lait lui faisait tordre le nez.
Voir la peau du lait se rider au fur et à mesure que le lait refroidissait lui « levait le cœur » selon ses propres termes.
Du coup, je matais avec envie la casserole d’abord, son bol ensuite, sûr qu’elle piaillerait jusqu’à ce que ma mère cède et lui donne du fromage.
Si ma mère était bien disposée, elle repartait vaquer à son petit métier du matin, j’en profitais pour rafler le bol de « Souricette » et attraper la fameuse peau d’un habile coup de petite cuiller.
Hélas, tout ne se passait pas si bien et si ma mère se mettait à table avec nous, elle s’empressait de ramasser la peau du lait « pour ne pas te tacher mon petit chéri » et de l’avaler d’un seul coup.
Je me demande si ce n’est pas le motif de désamour le plus justifié, bien avant les pulls « vert bronze que tu aimes, mon fils », les blouses « bleu roi à liseré rouge » ou la veste « lamé bleu des mers du sud genre maquereau libanais », sans parler des quatre ans de prison chez les fondus.
Ce n’est que plus tard qu’un autre motif est venu s’ajouter à tous ces griefs.
Oui, tout ça m’a conduit à faire appel à mes psys gratos.
Oui, vous, lectrices chéries…