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dimanche, 04 janvier 2015

En revenant de l’Expo…

Hier, j’ai abandonné Heure-Bleue pour aller voir à l’Hôtel de Ville l’exposition des photos de l’agence Magnum.
Mon ami adore aller visiter les expos et les musées avec moi.
Non que je sois un expert ni un mentor particulièrement intéressant mais, bien que ses moyens le lui permettent largement, il adore court-circuiter les files d’attente de son pas alerte.
Il aime d’autant plus que les files sont longues et si possible en train de piétiner sous la pluie.
Plus les files sont longues, plus son pas est alerte.
Il reste toutefois près de moi de peur sans doute qu’une foule haineuse se précipite pour le piétiner…
Ce qui le met particulièrement en joie ?
Entrer gratuitement et dès qu’il se présente dans des musées où tous les autres doivent faire longtemps la queue et payer cher.
En sortant, je lui ai fait faire « le tour du propriétaire », je lui ai montré tous les immeubles qu'Heure-Bleue et moi avons habités.
Il eut un moment un air un peu envieux. C’est quand je lui ai dit, devant un bel immeuble de la rue Rambuteau, quel loyer nous payions alors…
Puis nous nous sommes quittés après qu’il eût acheté une « Praluline », un truc à rendre diabétique, chez Pralus.
Pralus, c’est un chocolatier qui a remplacé une boutique Nicolas qui était en face de la librairie.
Un « Nicolas » dont la tenancière, une petite blonde maigrelette, concourait activement au renouvellement des stocks…
En rentrant à la maison, les transports ont été lents et poussifs.
J’ai donc eu le temps d’arriver au bout de « Dora Bruder », le bouquin que m’a offert la lumière de mes jours.
J’en ai retiré les mêmes sensations que chaque fois que je lis des livres ou vois des films qui traitent de ce sujet et de cette époque.
La colère, la haine et la tristesse.
Comme quand j’ai vu « Le pianiste », « Le chagrin et la pitié »  ou « Kapo »…
Ça m’a fait d’autant plus d’effet que cette fois, les pérégrinations m’ont traîné près, très très près, vraiment très près de là où j’ai vécu enfant.

porte_de_Clignancourt.jpg

Heureusement, quand je suis revenu à la maison, j’ai été accueilli par une épouse aimante et tout.
Un peu en rogne néanmoins après le fer à repasser et d’autres détails qui l’agaçaient au plus haut point.
Ça m’a fait une occupation avant de préparer le dîner.
J’ai réparé le fer à repasser. Il va falloir que je trouve un moment pour réparer un des lecteurs de DVD.
Oui, lectrices chéries, on pourrait croire que pour repasser il suffit d’un fer et d’une table.
Eh bien non ! Il faut aussi un lecteur de DVD, une série genre « Friends » et une chaîne hi-fi…
Je m’attaque à tout ça dès dans bientôt…

samedi, 03 janvier 2015

Faites sauter la banque !

Elle m’a eu ! La lumière de mes jours m’a eu !
Je viens de changer le tube de dentifrice…

Une autre m’a eu.
Ma banquière.
Plus exactement les services informatiques de la banque.
Je les avais pourtant prévenus : Toute suppression d'un bug que personne n'a remarqué et ne dérange personne entraîne immanquablement trois bugs qui emmerdent tout le monde.
Vous croyez qu'ils ont écouté un habitué des bugs ?
Que nenni, lectrices chéries, que nenni...
J’ai donc été obligé d'envoyer un poulet de bon matin à ma banquière préférée.
Poulet dont je vous donne ici la teneur, lectrices chéries.

Bonjour Madame,

je vous souhaite tout d'abord une excellente année 2015.

Néanmoins... Néanmoins, Madame...
L'examen de mon compte montre hélas que le fonctionnement de la nouvelle version du logiciel qui est censé me permettre d'en suivre l'état au jour le jour est plus fantaisiste que prévu...

Après m'avoir montré hier après-midi que les pensions versées par les organismes de retraite avaient été versées, puis permis de retirer 60.00 € d'un DAB, il a refusé un paiement Visa au mini-market de mon coin, ce qui a vidé mes poches des 60.00 € que je venais de retirer...

Les comptes, arrêtés hier au 2 janvier, sont ce matin arrêtés au 31 décembre de l'an dernier…
Je me retrouve donc ce matin, les poches vides, un rendez-vous à Paris et un solde de compte bancaire approximatif...

Nous vivons essentiellement avec des automates pour assurer les paiements, que ce soit pour les achats quotidiens, les impôts, l'énergie, le logement et les transports.
Je crains dès lors que  la bévue d'un informaticien malhabile nous laisse un jour morts de faim devant la porte d'un logement où l'énergie aura été coupée depuis un mois tandis que des mois de retraites se promènent dans les limbes de vos bases de données...

Voilà ce que je tenais, Madame, à vous signaler.

Le-Goût.

Je ne résiste jamais au plaisir d’émailler mes courriers à des monstres froids assoiffés de pognon,  de ces enluminures de la conversation qui rendent, je l’espère, un peu moins tristes ces lettres aussi chiantes qu’indispensables.

vendredi, 02 janvier 2015

Tu seras un homme mon fils.

Je n’avais pas pris de résolution particulière pour 2015.
J’avais décidé il y a longtemps toutefois que l’idée d’être adulte était totalement farfelue.
Oui lectrices chéries, je comptais depuis mon adolescence sur mes sœurs, mes camarades de jeux et ma mère.
Toutes m’avaient longuement enfoncé dans l’esprit que les filles étaient depuis toujours dotées d’une beaucoup plus grande maturité d’esprit que les garçons.
J’avais donc accepté avec joie que l’autre genre réfléchirait à ma place et que ça m’arrangeait pour continuer à faire tout ce que j’avais en tête.
Ce qui comptait évidemment des tas de bêtises, certaines intéressantes, d’autres moins.
Toutes destructrices, d’une manière ou d’une autre.
Certaines sont risquées pour les yeux, d’autres pour le cœur, toutes pour mon moral.
Heureusement, malgré le passage des années, j’ai réussi à conserver cette idée qu’un jour je serais grand.
J’étais sûr que la lumière de mes jours m’aiderait à gravir le dur escalier qui mène à la maturité.
Cet espoir, à l’orée d’une année qui s’annonce aussi peu enchanteresse que la précédente, vient d’être tué dans l’œuf.
L’ex-rouquine qui partage ma vie – oui, n’allez surtout pas croire qu’elle partage la sienne- semble avoir copié sur votre Goût adoré, cette tendance à l’enfantillage qui n’amuse souvent que moi.
Je l’ai constaté dans la salle de bains ce matin.
Habituellement, je prends un malin plaisir à faire traîner jusqu’à ce que ma houri perso se charge d’en déballer un nouveau, le savon ou le dentifrice.
Quitte à m’user les doigts à frotter un petit tas de miettes de savon pour ma toilette.
Je vous assure que c’est agaçant.
Mais je suis payé de ma peine quand j’entends Heure-Bleue hurler « Minoooouuuu !!!! Je suis trempée et je n’ai pas le savoooon ! T’aurais pu le changer quand même !!! »
J’attends juste assez pour qu’elle trépigne avant de déballer la savonnette suivante.
Aujourd’hui je suis content.
Je sais que j’ai encore gagné.
J’ai dû presser le tube de dentifrice comme une brute pour en extraire assez de pâte pour me laver les dents.
J’attends la toilette de la lumière de mes jours.
J’attends « Minooouuu ! T’aurais pu changer le tube de dentifrice ! Je suis toute nue et je n’ai pas de dentifrice ! »
Je vais ouvrir la porte de la salle de bains et elle va avoir froid…
J’aime les journées qui commencent comme ça.
Bon, je viens d'apprendre qu'elle m'a bien eu.
Pour que j'ouvre le dentifrice neuf, elle préfère se laver les dents avec le dentifrice de Merveille.
Un truc dégueulasse au goût de fraise artificiel douceâtre et immonde.
Il faudra quand même que j’essaie un jour, pour voir comment ça fait d’être adulte…

jeudi, 01 janvier 2015

Mercredi, descendre...

Pourtant on n'a pas jeûné...
Bon, Heure-Bleue a présenté les vœux.
Fainéant comme je suis, je ne vais pas faire un doublon, hein…
Je vais continuer à digérer.
Je n’ose même pas aller jusqu’à la salle de bains.
Hier déjà, alors que je préparais une autre pintade, une recette différente de celle réalisée à Noël, j’ai émis une remarque sur la légèreté de la pintade en regard de celle du canard que je n’ai pas trouvé.
Quand j’ai parlé de légèreté, je n’en jurerais pas, mais il m’a semblé entendre ricaner la balance de la salle de bains…
Je me demande si c’est une tendance naturelle à la paranoïa ou si c’est seulement un éclair de lucidité sur la dure condition du sexagénaire face à une volaille tentante.
Il fut un temps ou j’étais attiré par les poules.
Maintenant, ce sont plutôt les pintades.
Elle me reposent.
Alors que les dindes continuent à m’exaspérer malgré une patience qui me surprend parfois par son côté inusable.
Heure-Bleue n’est pas d’accord.
Je me demande pourquoi.
C’est la première à abuser de ma patience.
Presqu’autant que j’abuse de la sienne…

En chantant avec Tornade "Hasta siempre"...
Parce que quand même « el Che », « el commandante », quoique que peu familier avec l’idée de démocratie, je le regrette parfois.
Bon, je regrette surtout les années soixante et des articulations qui marchaient si bien…

 

mardi, 30 décembre 2014

Papier de soi…

Vous savez quoi, lectrices chéries ?
Il faut que je vous avoue un truc.
Non, je n’ai pas toujours été cet être délicieux au profil de médaille que vous voyez se dessiner au hasard de mes billets.
Je n’ai pas toujours été obligé, d’avoir un bâton pour chasser les filles quand je sors. Bon, quand je vais faire les courses avec Heure-Bleue, ce n’est pas nécessaire.
Elle maintient autour de moi un cordon de sécurité qui dissuade les foules hurlantes de désir de se jeter sur votre Goût préféré.
Pour en revenir à mon mouton, je n’ai pas toujours fait une concurrence acharnée à Apollon.
Il fut une époque, assez brève grâce à ma grande sœur, où j’eus un visage qu’on eût pu confondre avec un clafoutis.
Un clafoutis un peu trop cuit avec les cerises qui affleuraient nombreuses.
Ça faisait mon désespoir.
Mon père me plaignait et, dans un grand élan de modernisme envisageait en deux phrases, une  éducation sexuelle assez sommaire qui se résumait à « va falloir fréquenter, fils ! »
Comme je doutais, armé d’une figure proche d’un tableau de bord de Rafale, il ajoutait « dur et sec ! Faut y aller ! »
Ma mère, elle, encore elle, toujours elle, me regardait avec admiration et me disait « tu vas voir, c’est normal, tu deviens un homme mon fils ! »
Ces déboires épidermiques m’arrivèrent au début du printemps 1962.
Vous pouvez y aller, lectrices chéries, des moments comme ça, c’est cloué au clou à chevron dans la cervelle, vous vous les rappelez…
En classe, certains m’avaient surnommé « Puberté, puberté chérie, que de folies… »
Je me suis encore battu comme un chiffonnier. J’ai souvent gagné car à l’époque je n’avais que peu de centimètres de moins que la taille que j’ai aujourd’hui.
Bref, mes études psychosociologiques menaçaient d’être tuées dans l’œuf à peine entamées.
Heureusement, ma grande sœur me sortit rapidement de l’ornière.
Ça me sembla long mais l’épisode malheureux prit fin en moins de trois mois.
Elle commença évidemment par m’engueuler.
Ça doit être un truc de fille, ça, l’engueulade…
Elle commença par « arrête de bouffer n’importe quoi ! Maman fait toujours des trucs pas bons ! Contente toi des pâtes, laisse ces trucs qu’elle fait ! »
Ma mère faisait toujours des abats, du cœur, de la « tétine », des rognons, bref des choses pas bonnes du tout mais pas chères…
Ma sœur se mit ensuite à prendre soin de ma peau.
J’avais quant à moi tenté l’élimination par écrasement.
Une méthode aussi douloureuse qu’inefficace pour tenter d’éliminer tous ces lumignons rouges à centre blanc qui me pourrissaient la vie et le visage.
Ma grande sœur se mit elle, à me nettoyer le visage chaque matin, en me faisant remarquer « c’est bien parce que je t’aime, ça coûte horriblement cher… »
Elle me nettoyait consciencieusement, avec douceur et précision, passant délicatement un coton imbibé de « Lotion faciale Scherk ».
J’avais interdiction absolue de me toucher la figure jusqu’au matin du lendemain.
Malgré mon impatience, je m’y tins.
En un peu plus de deux mois sans autre viande que la viande bouillie de la cantine du lycée et le régime habituel « pâtes-pommes de terre », si je n’avais pas un teint de jeune fille, on ne me confondait plus avec un clafoutis…
Un matin, ma grande sœur me dit gentiment « voilà, t’es beau maintenant… » et m’embrassa sur un front sans boutons.
Je pus dès lors reprendre mes études.
Parce que je peux bien vous le dire. Avec des pustules plein la figure, même avec un baratin affûté, pas question de tenter une approche quelconque…