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lundi, 21 septembre 2015

L’effet maire est bref…

Vous avez remarqué, lectrices chéries, comme certains lieux ne changent jamais ?
Heure-Bleue et moi discutions à bâtons rompus de notre promenade de vendredi dans Paris.
Comme nous étions dans le XVIIème, la lumière de mes jours, me parlait de certaines boutiques et cafés de son quartier d’enfance.
Notamment d’un bistrot qui n’était pas « un café fréquentable » où sa mère, ses sœurs et elles n’avaient donc jamais mis les pieds.
Elle m’a rappelé alors un bistrot mal famé de mon enfance, le « Saïgon Bar ».
Un oncle mien, le petit frère de mon père, était venu passer quelque temps à la maison pour trouver un travail à Paris.
L’appartement, de surpeuplé qu’il était, devint avec l’arrivée d’un jeune homme de vingt-quatre ans, bondé…
Il y eut des accrochages, évidemment. Mon oncle, qui jouait à « être Hercule » avec nous et il en avait la carrure et les muscles, s’était déjà disputé avec mon père.
Mon père avait trente-trois ans et ne trouvait pas l’idée de tonton d’aller faire la guerre en Indochine au moment de Dien-Bien-Phu si géniale…
Un soir tonton il revint chez nous, avec « des semelles sphériques », le truc instable par excellence et ça se gâta.
C’est à cause de cet épisode que je me rappelle le « Saïgon Bar ». Tonton, donc, était tombé dans une sorte d’embuscade, de celles qui laissent un homme normalement constitué à plat ventre dans le caniveau de la rue Championnet.
Mon père, peu sérieux mais bien élevé et assez collet monté disputa son petit frère.
« Caco ! Quand on est garçon « bien », on ne va pas au Saïgon Bar ! »
Petit frère râla mais s’écrasa quand mon père lui dit « Tu veux que je le dise à maman ? »
Le souvenir de ce bar mal famé m’a conduit à aller voir sur « Google Maps » ce qu’il était devenu depuis le milieu des années cinquante puisque ce quartier m’est interdit de visite par Heure-Bleue.
Elle doit avoir peur qu’on lui pique son sac à main…
Eh bien lectrices chéries, ce bar qui a dû changer cent fois de propriétaire depuis 1954 est resté ce qu’il était.
C’est toujours un bar de voyous, il a gardé l’air mal famé qu’il avait déjà quand je suis entré chez mes fondus du bon dieu !
Plus de soixante ans ont passé et le lieu n’a pas changé d’allure.
Heure-Bleue et moi avons continué à papoter sur ces lieux que les ans n’arrivent jamais à changer. De la boucherie qui n’a « jamais marché » au « bistrot mal famé » en passant par la boutique de vêtements dont on se demande ce qu’on peut tirer comme subsistance d’une échoppe perpétuellement vide…
Vendredi, déjà nous avions constaté pour la millième fois que la « bobotisation » de certains quartiers n’était qu’un vernis qui ne demandait qu’à s’écailler au premier soubresaut du marché de l’immobilier.
Le coin du XVIIème où nous étions hier ne demande qu’à redevenir le Paris des « fortifs » grâce à une technique éprouvée.
Oui, lectrices chéries, malgré la preuve évidente que « l’architecture clapier », ce genre  typique des « sixties » est un échec, eh bien  l’immense terrain, préempté par la Ville à la SNCF en 2012 et prévu pour y créer le village olympique, est en train de se couvrir d’une cité du style « banlieue 60’s »
La création de ghetto ayant toujours les mêmes effets, Heure-Bleue et moi sentons la « bobotitude » du coin s’évanouir rapidement…